Des militants du mouvement écologiste Just Stop Oil, opposé aux énergies fossiles, ont brisé, hier, à la National Gallery de Londres la vitre de protection d’un tableau de Velázquez qui avait été lacéré au siècle dernier par une suffragette. Les deux militants, âgés de 20 et 22 ans, se sont introduits vers 10h45 (locales et GMT) et ont frappé au marteau la protection de la «Vénus au miroir», toile connue au Royaume-Uni sous le nom de «Rokeby Venus», a précisé dans un communiqué l’organisation.
Cette dernière, connue pour ses actions coup de poing, réclame l’arrêt immédiat des nouveaux projets pétroliers et gaziers au Royaume-Uni. Le tableau de Diego Velázquez visé, qui date du milieu du XVIIe siècle, est considéré comme l’unique nu restant du peintre espagnol. En 1914, il avait été lacéré au hachoir par la suffragette canadienne Mary Richardson. Elle protestait alors contre l’emprisonnement d’une autre militante pour le droit de vote des femmes au Royaume-Uni. «Les femmes n’ont pas eu le droit de vote par les urnes. L’heure n’est plus aux paroles mais aux actes», ont déclaré les militants après leur action, selon Just Stop Oil.
La National Gallery a confirmé l’action, précisant avoir évacué les visiteurs de la salle et appelé la police, tandis que le tableau a été retiré pour être examiné par les conservateurs du musée. La police de Londres a indiqué avoir arrêté les deux militants pour dégradation. L’an dernier, des militants de Just Stop Oil avaient déjà visé la National Gallery où ils avaient jeté de la soupe à la tomate sur les «Tournesols» de Van Gogh, et le musée Mauritshuis de La Haye où ils s’étaient collés à la vitre de «La Jeune Fille à la Perle», de Vermeer. Dans les deux cas, les toiles étaient protégées par des vitres et n’avaient pas subi de dégâts. L’organisation s’en prend le plus souvent aux automobilistes en bloquant la circulation et s’est attiré l’hostilité du gouvernement conservateur britannique qui a durci la législation pour empêcher leurs actions. Cette nouvelle action intervient alors que l’exécutif a décidé d’attribuer de nouvelles licences d’exploration et de forage d’hydrocarbures en mer du Nord, ce qui lui vaut d’être accusé de revenir sur ses engagements climatique. Au nom de la sécurité énergétique, il a annoncé, lundi, vouloir inscrire dans la loi l’examen de potentielles nouvelles licences tous les ans.