Tous les indicateurs sont en alerte... Certaines données ne battent plus des records, elles explosent ! Et les changements ne cessent de s’accélérer.» Le commentaire est du secrétaire général de l’ONU, António Guterres, qui a réagi au rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) sur l’état du climat mondial en 2023.
Un rapport qui, selon l’organisation, vient donner un sens nouveau et alarmant à l’expression «hors normes». Et pour cause, la situation du climat inquiète au plus haut niveau. En effet, la dernière décennie (2014-2023), selon le document de l’OMM rendu public à la veille de la journée météorologique mondiale, est la plus chaude jamais observée.
L’année écoulée, souligne la même source, est carrément la plus chaude. Selon l’agence onusienne, il y a une «probabilité élevée» que l’année en cours affiche à son tour des températures inégalées, aggravant ainsi la situation de la Terre qui suffoque et est au «bord du gouffre».
Selon la même source, le mois de février dernier a été, d’ailleurs, le plus chaud de toute l’histoire des observations météorologiques et climatiques. C’est ce que confirment l’enquête européenne Copernicus sur le changement climatique et l’Agence d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) des Etats-Unis.
Effectivement, les données du programme Copernicus précisent que février dernier «a été de 1,77 degré Celsius plus chaud que les indicateurs (de température) moyens estimés en février pour les années 1850-1900». Ainsi, souligne l’OMM, «la température moyenne de la surface de la mer entre 60 degrés de latitude sud et 60 degrés de latitude nord était de 21,06 degrés Celsius, dépassant le précédent record mondial d’août 2023 de 20,98 degrés».
Ce nouveau rapport de l’OMM montre ainsi que «des records ont de nouveau été battus, voire dans certains cas pulvérisés, s’agissant des niveaux de gaz à effet de serre, des températures de surface, du contenu thermique et de l’acidification des océans, de l’élévation du niveau de la mer, de l’étendue de la banquise antarctique et du recul des glaciers».
«Les vagues de chaleur, les inondations, les sécheresses, les feux incontrôlés et l’intensification rapide des cyclones tropicaux ont semé la misère et le chaos, bouleversant la vie quotidienne de millions de personnes et infligeant des pertes économiques de plusieurs milliards de dollars», note le rapport.
«Jamais nous n’avons été aussi proches – bien que temporairement pour le moment – de la limite inférieure fixée à 1,5 °C dans l’Accord de Paris sur les changements climatiques», lance Celeste Saulo, secrétaire générale de l’OMM. Et d’ajouter : «La communauté météorologique mondiale met en garde le monde entier et tire la sonnette d’alarme : nous sommes en alerte rouge». Selon elle, les changements climatiques ne se limitent pas seulement aux températures.
«Ce dont nous avons été témoins en 2023, en particulier le réchauffement sans précédent des océans, le recul des glaciers et la perte de banquise en Antarctique, suscite la plus grande inquiétude», met-elle en garde.
Poursuivant, la secrétaire générale de l’OMM relève également que la crise climatique «est le défi déterminant auquel l’humanité est confrontée et elle est inextricablement mêlée à la crise des inégalités, comme en témoignent l’insécurité alimentaire croissante, les déplacements de population et la perte de biodiversité».
L’an dernier, ajoute le rapport, près d’un tiers de l’ensemble des océans dans le monde étaient sous l’emprise d’une vague de chaleur marine.
A la fin de 2023, plus de 90% des océans de la planète avaient connu des vagues de chaleur à un moment ou à un autre de l’année, selon l’OMM. L’augmentation de la fréquence et de l’intensité des vagues de chaleur marines entraîne des répercussions négatives sur les écosystèmes marins et les récifs coralliens.
L’OMM ajoute également que le niveau moyen de la mer à l’échelle du globe a atteint un niveau record en 2023, ce qui traduit la poursuite du réchauffement des océans (expansion thermique) ainsi que la fonte des glaciers et des nappes glaciaires. «Signe inquiétant, le taux d’élévation de ce niveau moyen au cours de la dernière décennie (2014-2023) est plus de deux fois supérieure à celui de la première décennie de l’ère satellitaire (1993-2002)», explique la même source.
Les glaciers de référence à travers la planète, ajoute le même document, ont subi le recul le plus important jamais enregistré depuis 1950, après une fonte extrême dans l’ouest de l’Amérique du Nord et en Europe, selon des données préliminaires. «Il y a, cependant, une lueur d’espoir : les capacités de production d’énergie renouvelable en 2023 ont augmenté de près de 50% sur un an, le taux le plus élevé observé au cours des deux dernières décennies», conclut le rapport.