Presse écrite, audiovisuel, médias électroniques, publicité, etc. sur ces dossiers d’une extrême sensibilité, le dernier Conseil des ministres n’a pris aucune mesure forte ni apporté de la visibilité, se contentant de les renvoyer à un prochain rendez-vous.
Ce qui a accentué l’inquiétude des professionnels de ce secteur, qui ne savent pas s’il s’agit d’un manque de maturation des dossiers au niveau gouvernemental ou d’un désintérêt quelconque au plus haut niveau. Et pourtant, à maintes occasions, les décideurs ont mis en relief l’urgence de doter le pays d’un cadre juridique et politique global à même de permettre à la communication et à l’information de jouer pleinement leur rôle dans le contexte actuel bien plus complexe que celui des années, voire des décennies passées.
Dans les conflits qui déchirent actuellement le monde, ce sont les médias qui jouent un rôle primordial, pour la simple raison qu’ils ont la capacité de rallier les opinions publiques, celles-ci jouant un rôle clef bien plus que les divisions blindées, les porte-avions ou les missiles.
C’est ce qui a été compris par les puissances de l’OTAN et par la Russie dans la guerre qu’ils se livrent actuellement en Ukraine, chaque camp se présentant comme un libérateur de l’Ukraine, s’efforçant d’appuyer ses thèses dans les médias du monde entier.
Et dans ce domaine, ce sont les Etats-Unis et les Européens qui sont les plus offensifs car dotés depuis bien longtemps de puissants systèmes d’information, à l’échelle planétaire, voués en large partie à la défense de leurs intérêts.
Et c’est ce qui pousse nombre d’ Etats dans le monde à investir de plus en plus dans les médias en prenant toutefois soin de bannir le côté propagande bête et méchante au profit d’une communication intelligente qui ne néglige pas l’information brute ou le débat contradictoire mais s’efforce de les mettre au service du bien collectif. L’Algérie n’est pas encore à ce stade, en dépit des grandes expériences passées, notamment lors de la guerre menée par l’extrémisme religieux contre la population.
Bien que démunis et sans grande expérience, les médias nationaux se sont mis au service du bien collectif, plus encore la sauvegarde de la nation, en payant un lourd tribut à ce choix. Il y a donc chez les professionnels du secteur une fibre patriotique remarquable, qui aurait gagné à être cultivée et développée au lieu de la laisser se déliter par l’usure ravageur du temps, par le vide juridique propice à toutes les avanies et également enfin aux perversions économiques : la plus manifeste d’entre elles, et non des moindres, c’est celle de l’octroi de la publicité institutionnelle par les pouvoirs publics.
Si elle a permis à quelques médias de survivre, sa conditionnalité avec le contenu éditorial en a exclu ou fragilisé bien d’autres. S’y greffe une autre anomalie, le refus, bien ancien, de la mise en place d’une politique d’aide de l’Etat à la presse, comme il en existe dans tous les pays développés.
Quand il est transparent, ce mécanisme est le meilleur garant de la production d’une bonne information, non polluée par l’argent et la politique. Il va sans dire donc que l’Algérie est à la croisée des chemins en matière de communication, au sens large du terme.
Elle ne saurait être reléguée à un niveau secondaire, encore moins déconsidérée par les décideurs, car elle surfe sur la souveraineté et la sécurité nationales. Faut-il rappeler les périls grandissants à ses frontières, les percées terroristes, les retombées des guerres entre super puissances, la toute dernière celle concernant l’Ukraine. Et enfin, les grandes inquiétudes de la société algérienne quant à son devenir.