La réunion ministérielle d’urgence de la Ligue arabe, qui s’est tenue au Caire jeudi dernier et qui était censée condamner l’agression israélienne contre Ghaza et trouver des moyens de mettre fin à la guerre qui y sévit, n’a finalement pondu qu’une déclaration timorée, marquée par des réserves émises par l’Algérie, ainsi que par d’autres pays, tels que la Syrie, l’Irak et la Libye.
Réunis au siège de la Ligue arabe dans la capitale égyptienne, les ministres des Affaires étrangères arabes ont condamné, dans leur déclaration finale, les massacres de civils «des deux côtés» ainsi que «tous les actes contraires au droit international et au droit international humanitaire, tout en insistant sur la protection des civils».
La délégation algérienne s’est dissociée de cette partie de la déclaration du fait qu’elle place «sur un pied d’égalité le droit inaliénable et imprescriptible du peuple palestinien à l’autodétermination et à l’établissement d’un Etat souverain sur les frontières de 1967, et les actions de l’entité sioniste», qu’elle considère comme «violant les chartes et les résolutions de la légitimité internationale».
La Ligue arabe a, du reste, condamné les agressions subies par le peuple palestinien et réclamé la levée du siège de Ghaza, ainsi que l’acheminement immédiat de l’aide humanitaire.
Les ministres arabes des Affaires étrangères ont mis en garde «contre toute tentative de déplacement du peuple palestinien hors de ses territoires et l’aggravation de la question des réfugiés, dont le droit au retour et à l’indemnisation doit être satisfait, dans le cadre d’une solution globale au conflit traitant toutes les questions du statut final, conformément aux résolutions pertinentes des Nations unies et de l’Initiative arabe de paix». Ils ont aussi insisté sur la nécessité pour l’entité sioniste d’honorer ses engagements en tant que force occupante, appelant à la cessation de toutes les actions sionistes illégales qui maintiennent l’occupation et mettent à mal la solution à deux Etats.
Le communiqué a, par ailleurs, affirmé que «le moyen de garantir la paix et la stabilité dans la région passe par la réalisation d’une paix juste, durable et globale, qui satisfait l’ensemble des droits légitimes du peuple palestinien, notamment son droit à la concrétisation de son Etat indépendant et souverain conformément aux décisions de la légalité internationale et à l’Initiative arabe de paix dans toutes ses composantes».
Au cours de la réunion, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a mis en avant la position de l’Algérie qui ne souffre d’aucune équivoque, soulignant l’importance d’une position arabe unifiée en faveur de la cause palestinienne. Il a déclaré que les peuples arabes attendaient une position unifiée qui mettrait en lumière les incohérences de la communauté internationale dans son traitement de la cause palestinienne.
Il a également qualifié la situation à Ghaza de «tragique», soulignant les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et les crimes de génocide commis contre la population civile. Ahmed Attaf a rappelé que le peuple palestinien attend depuis 75 ans la concrétisation de ses droits nationaux légitimes, notamment l’établissement de son Etat indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale.
Il a critiqué l’absence d’initiatives sérieuses de paix au cours des deux dernières décennies, pointant du doigt la négligence de la question palestinienne dans l’agenda diplomatique international. Mais le problème de cette réunion des ministres arabes des Affaires étrangères réside dans le fait que la normalisation des relations de certains pays arabes avec Israël complique la tâche d’adopter une position unifiée au sein de la Ligue arabe.
Ces pays, tels que le Maroc, les Emirats arabes unis, la Jordanie, Bahreïn et l’Egypte, évitent d’exprimer un soutien franc aux combattants palestiniens malgré l’attachement de leurs populations à la cause palestinienne. De plus, l’Arabie Saoudite est en pourparlers en vue de la signature des Accords d’Abraham, qui devraient conduire à une normalisation des relations avec Israël.