C’est la reddition totale de l’Espagne devant la monarchie marocaine. Après avoir annoncé que son pays soutenait désormais le plan d’autonomie marocain au Sahara occidental, concocté par Rabat, voilà que le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, fait un voyage à Rabat pour s’engager dans un approfondissement des relations entre les deux pays, mais contre les intérêts espagnols.
Ce déplacement s’est fait contre la volonté du Parlement espagnol, qui a adopté à une très grande majorité une résolution condamnant le revirement total de Pedro Sanchez, considéré comme une trahison au peuple sahraoui, à la légalité internationale, aux engagements et à l’honneur de l’Espagne.
Il faut se rappeler qu’après la signature des accords tripartites (Espagne, Maroc, Mauritanie) de Madrid, en novembre 1975, les Espagnols avaient annoncé officiellement qu’ils n’avaient fait que céder l’administration du territoire sahraoui à Rabat et Nouakchott et que celui-ci restait sous la tutelle des Nations unies jusqu’à l’organisation d’un référendum d’autodétermination conformément à la résolution 15-14 sur le droit des peuples coloniaux.
A la même époque, Felipe Gonzales, leader du PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol), avait annoncé que lorsque son parti accédera au pouvoir, il annulera la trahison de Madrid : il n’a pas pu tenir sa promesse suite, dit-on, à des pressions extra-espagnoles. Les Espagnols se sont assurés également à l’époque de l’engagement des Marocains pour ne jamais revendiquer Ceuta et Melilla. Cette information tient la route, car jamais Rabat n’a revendiqué ces deux territoires, aussi bien à l'ONU, à l’OUA (aujourd’hui UA), au mouvement des Non-Alignés ou à la Ligue arabe, où pourtant il a de solides appuis.
Aujourd’hui, l’actuel gouvernement espagnol dans sa stratégie d’abandon a décidé de suivre la politique de Donald Trump, qui a soutenu le plan marocain, une voie sur laquelle refuse de s’engager l’administration Joe Biden.
L’argument selon lequel Madrid a cédé devant le chantage des Marocains qui menacent de faire envahir les enclaves de Ceuta et Melilla est fallacieux. Qui peut croire que l’Espagne, membre de l’Otan et qui a derrière elle toute l’Union européenne, peut craindre des malheureux qui n’ont que leur misère pour arme ?
Qui plus est, l'Espagne a sacrifié ses intérêts avec l’Algérie alors que jusqu’à présent sa neutralité lui a évité des déboires. A cause de ses reniements et ses trahisons, l’Espagne a laissé s’échapper une grande occasion d’être un acteur de stabilité et de coopération régionales.
En s'acharnant contre le Front Polisario et l’Algérie, elle a ouvert une période d’incertitude et de déstabilisation de toute la région. Elle devient complice de la monarchie alaouite, qui joue avec le feu en cherchant le démembrement de l’Algérie.