LFC-2022 et érosion du pouvoir d’achat : Le gouvernement tente d’amortir la crise

21/06/2022 mis à jour: 00:28
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Photo : B. Souhil

Avec cette nouvelle orientation donnée à la LFC-2022, le gouvernement va-t-il aller jusqu’au bout de la commande présidentielle en annulant cette disposition de suppression des subventions généralisées ?

Au cours de la réunion du Conseil des ministres, le président de la République a ordonné la révision du contenu du Projet de loi de finances complémentaire (PLFC) 2022 suivant «une vision réaliste et rationnelle qui préserve l’équilibre macro-financier de l’Etat et les acquis sociaux institués par l’Etat en faveur des citoyens».

Le communiqué de la présidence de la République explique cette orientation «réaliste et rationnelle» par l’importance de palier le manque de ressources induit par les effets de la loi de finances 2022. Ce qui se traduira par «un allègement des charges inhérentes aux mesures prises par le gouvernement», souligne le communiqué.

Ce dernier précise également que «la loi de finances complémentaire 2022 ne doit pas renfermer de nouveaux impôts, ni toucher sous aucune forme la structure des prix appliqués actuellement, l’objectif étant de préserver le pouvoir d’achat et les acquis sociaux décidés par l’Etat en faveur des citoyens».

Et d’ajouter que les citoyens «à faible et moyen revenus ne doivent pas être la catégorie la plus soumise aux impôts». Ces mesures rappellent une dure réalité que vivent les Algériens faisant face à une inflation galopante, provoquant une énorme pression sur les revenus des ménages. Un rapport de l’ONS a fait état, cette semaine, d’une augmentation sans précédent des prix des produits à la consommation.

La variation des prix est même passée, et ce, pour la première fois à deux chiffres en marquant une hausse de 10,86%, entre avril 2021 et avril 2022. Le taux d’inflation frôle les 10%, alors que les prix des biens alimentaires ont affiché une hausse de +4,3% par rapport au mois précédent et de +15,3% par rapport à avril 2021.

Rappelons que la loi de finances 2022 avait été décriée par les partis de l’opposition et les syndicats des travailleurs et autres observateurs à cause de son orientation antisociale, notamment à travers la décision adoptée de mettre un terme aux subventions généralisées. L’article 187 du projet de ladite loi introduit la notion de ciblage des subventions sur les produits de première nécessité qui sera concrétisé à «travers un programme de transfert monétaire direct au profit des ménages qui y sont éligibles».

Ce qui a été qualifié par nombre d’observateurs d’atteinte directe au pouvoir d’achat des ménages, notamment la classe moyenne qui se voit déjà fragilisée par la hausse importante des prix des produits de première nécessité et la baisse continuelle de la valeur du dinar.

Même si l’application de cette nouvelle disposition de la loi a été reportée, le principe est acté et signé et à tout moment, le gouvernement peut décider de mettre à exécution cette disposition.

Avec cette nouvelle orientation donnée à la LFC-2022, le gouvernement va-t-il aller jusqu’au bout de la commande présidentielle en annulant cette disposition de suppression des subventions généralisées ? Notons que la promulgation de la loi des finances complémentaire interviendra dans une conjoncture économique favorable marquée par la hausse des prix des hydrocarbures sur les marchés internationaux. 

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