A l'instar des pays du sud de la Méditerranée, l’Algérie fait face à une véritable hémorragie de matière grise. La rive sud est touchée par l'exode des cadres les plus qualifiés, que l'on appelle la fuite des cerveaux.
L'Europe et l'Amérique du Nord déroulent le tapis rouge aux jeunes diplômés des pays du Sud. Les diplômés universitaires qui partent pour parfaire leur formation scientifique dans les pays du Nord ont toutes les peines du monde à revenir dans leur pays natal.
Le phénomène n'est pas nouveau, mais il s'est encore amplifié depuis que les Etats du Nord ont assoupli leur réglementation en matière de migration. Les pays du Nord n’ont rien à se reprocher, car c’est aux Etats du Sud de faire en sorte de retenir cet immense potentiel humain aux compétences reconnues.
Si l’Algérie et les pays du Sud ne font rien pour rapatrier leur capital humain, ils mettraient en péril, à court terme, leurs économies. Faute d'emplois suffisamment rémunérés, de plus en plus de travailleurs hautement qualifiés s'expatrient vers l’Europe, les pays du Golfe ou encore vers l'Amérique du Nord. Ces cadres tentent leur chance dans ces pays du Nord vieillissants, mais prospères.
Pour endiguer le déclin démographique, les pays du Nord ont besoin d'immigrants, et des meilleurs. Les gouvernements et les acteurs internationaux ont de plus en plus besoin d'une réaction globale pour faire face au taux d’émigration des travailleurs qualifiés, qui ne cesse de prendre une ampleur inquiétante et qui pénalise fortement les pays du Sud.
Ce phénomène représente des enjeux sociaux et économiques cruciaux, mettant en lumière des causes déterminantes de la migration qualifiée.
En Algérie, la saignée continue malheureusement dans de nombreux secteurs, dont notamment la santé publique. Attirés par de meilleures conditions de travail et des salaires plus attractifs à l’étranger, nos professionnels de la santé s’expatrient massivement.
L’Algérie voit désormais partir un nombre inestimable de médecins par an, des praticiens pour lesquels elle a dépensé lourdement pour les former.
L'exode des cerveaux est loin d’être une fatalité, mais symptomatique et non la cause d’un problème sous-jacent. Comment endiguer l’exode des cerveaux ? Les gouvernements du Sud devraient s’attaquer à ces enjeux de fond en adoptant des politiques à long terme visant à améliorer la gouvernance, à consolider les institutions et à renforcer la qualité des services publics.
Permettre aux compétences un accès mérité à des postes avec des salaires plus valorisants dans les métiers fortement qualifiés – dont beaucoup relèvent du secteur public – inciterait les professionnels à rester dans leur pays.
Le développement du secteur privé et la juste rémunération des emplois doivent s’accompagner de réformes du secteur public, sans lesquelles les personnes hautement qualifiées continueront à émigrer.
Le moyen le plus efficace à long terme pour endiguer la fuite des cerveaux est de dissuader les citoyens de quitter leur pays en leur donnant une raison de rester, dit autrement, en leur assurant des rémunérations adéquates, davantage de perspectives et un niveau de vie plus décent.
En définitive, les travailleurs qualifiés du Sud ne réclament rien d’autre que l’amélioration de leurs conditions socioéconomiques.