Dans son plan génocidaire tendant à rendre invisible l’ampleur des crimes contre l’humanité qu’il est en train de commettre à Ghaza, Israël a programmé sans aucun scrupule la liquidation pure et simple des journalistes palestiniens en activité sur le terrain des opérations, les seuls pratiquement présents dans le tourbillon de la tragédie à pouvoir répercuter, par l’image et le son, et de manière instantanée et objective, la vérité sur les atrocités sionistes.
Observateurs implacables d’un drame qui se déroule sous leurs yeux, et souvent acteurs malgré eux dans cette guerre disproportionnée visant l’épuration ethnique de leur peuple, ces journalistes palestiniens auront été des cibles marquées à l’encre rouge par l’occupant sioniste qui s’est ainsi acharné, depuis le début du conflit, à les éliminer un à un de la scène pour pouvoir donner libre cours à sa propagande médiatique.
Il est un fait indiscutable aujourd’hui de reconnaître que l’ensemble des séquences filmées et télévisées sur cette guerre, montrant dans leur véritable configuration les assassinats massifs des populations, les tueries à grande échelle provoquées par les bombardements intensifs et incessants de l’aviation israélienne, sont rapportées par ces médias locaux qui, grâce à leur courage et leur incroyable détermination, se sont engagés corps et âme dans la bataille de la communication que l’Etat hébreu a voulu à sens unique.
Les correspondances de ces journalistes avec la grande presse arabe témoignent d’une couverture des événements qui surclasse, du point de vue de l’objectivité, toutes celles en provenance des pays occidentaux, qui ont vu leurs envoyés spéciaux verser dans des comptes rendus tronqués, quand ils ne sont pas volontairement falsifiés.
Si, par exemple, une chaîne comme Al Jazeera a réussi à dévoiler sur le vif les horreurs commises au quotidien par les sionistes en diffusant en temps réel des images insoutenables qui déconstruisent toute la campagne de désinformation montée par le commandement militaire de Netanyahu, c’est grâce à ces cameramen palestiniens qui bravent le danger nuit et jour pour que la vérité triomphe. Le correspondant de la chaîne nationale algérienne est, faut-il le souligner avec force, lui aussi omniprésent pour rapporter au péril de sa vie la dimension du drame vécu par les Palestiniens.
C’est cette témérité, cette bravoure, ce sens de l’éthique professionnelle que les sionistes ne pouvaient accepter dans leur diabolique agenda et qui les a amenés à cibler une corporation protégée pourtant par les lois internationales dans les situations de guerre. Une présence médiatique qui, comme un grain de sable, est venue démolir toute une entreprise infernale de massacres et de dissimulations, devenant par conséquent trop compromettante pour des plans guerriers dans lesquels les rapports de la presse internationale devaient être savamment contrôlés et distillés dans une seule direction.
Force est de relever, à ce propos, le parti pris flagrant de la presse occidentale, notamment française, tous médias confondus, qui, en s’alignant systématiquement sur les thèses sionistes, a montré la face lugubre de son jeu sordide de manipulations, qui lui fait perdre toute crédibilité. Israël en s’employant dans l’entreprise d’assassinat des journalistes palestiniens savait quel objectif atteindre, celui de réduire au silence des voix et des témoins plus que gênants. C’est fort de son impunité garanti par les Etats-Unis qu’il ordonna l’exécution physique de toute présence palestinienne arborant la pancarte Presse qu’on aperçoit sur tous les lieux du drame.
Depuis le début de la guerre, des dizaines de journalistes palestiniens sont ainsi tombés au champ d’honneur, le micro à la main, seul outil de travail auquel ils tenaient tant, et seule arme avec laquelle ils menaient leur propre combat.
De nombreuses ONG parlent de 64 reporters assassinés. «La situation est catastrophique pour les journalistes palestiniens enfermés dans l’enclave», rapporte à ce sujet Reporters sans frontières (RSF). Vu le refus d’Israël de prendre en compte les appels à la protection des journalistes sur place, cette organisation a tenu à alerter l’opinion mondiale sur une éradication du journalisme à Ghaza. Si RSF parle d’éradication des journalistes, c’est que le système génocidaire déployé par l’Etat hébreu contre les reporters palestiniens est trop flagrant pour être camouflé.
En trois jours, dix journalistes palestiniens ont péri dans la ville martyre alors qu’ils étaient en plein exercice de leur fonction. Les 64 journalistes qui ont été assassinés de sang-froid, le bilan étant encore très approximatif et certainement loin de la réalité, l’ont été tous en raison de leur mission d’informer le monde sur l’actualité. Pour l’organisation non gouvernementale, «c’est l’un des bilans les plus meurtriers de ce siècle».
Les journalistes internationaux étant interdits de pénétrer dans Ghaza pour voir ce qui s’y passe vraiment, ce sont les reporters sur place, les Palestiniens, qui n’ont pas de refuge sûr, ni de protection ni aucun moyen de sortir de l’enclave, qui ont été dans le viseur. «Ils sont tués les uns après les autres», précise encore RSF.
Depuis le 7 octobre, le territoire palestinien subit une véritable éradication du journalisme, ajoute l’ONG, qui exhorte la communauté internationale à intervenir pour protéger les journalistes sur place. RSF a pu avoir quelques détails sur les assassinats pour confirmer son rapport. L'ONG rappelle que le 18 novembre, le directeur de l’agence de presse palestinienne en ligne Quds News, Hassouma Sleem, et le journaliste indépendant Sary Mansour ont été tués lors d’un assaut israélien contre le camp de réfugiés de Bureij, dans le centre de la Bande de Ghaza. Selon des sources sûres, les deux reporters avaient reçu des menaces de mort en ligne 24 heures auparavant pour des motifs liés à leur métier.
Le lendemain, ajoute RSF qui pour une fois fait preuve d’une grande objectivité, le journaliste Bilal Jadallah est lui aussi assassiné par une frappe israélienne qui a ciblé sa voiture alors qu’il tentait d’évacuer la ville. Ce dernier était une figure de la presse palestinienne en sa qualité de président de conseil d’administration de Press House Palestine, organisation qui soutient les médias et les journalistes indépendants à Ghaza. Par ailleurs, cinq journalistes ont péri dans les villes de Rafah et Khan Younès, où une grande partie de la population s’est réfugiée pour fuir les bombardements.
La majorité des journalistes ont été tués avec des membres de leur famille lors des frappes qui ont touché leurs domiciles, conclut RSF. Journalistes martyrs tombés pour la cause de leur patrie, le monde de la presse ne peut que s’incliner et rendre un vibrant hommage à tant de courage et de bravoure pour faire éclater la vérité.
Cette vérité que rapporte RSF, dans un registre d’impartialité sur lequel l'ONG n’a pas toujours été à la hauteur de sa mission, contraste hélas avec les graves entraves à l’éthique et la déontologie professionnelles dont a fait preuve jusque-là la presse française dans son ensemble en se positionnant ouvertement du côté de l’envahisseur juif.
Cette implication aveugle sur les thèses de l’agresseur sioniste fait tomber le masque de cette forme d’intégrité et d’objectivité que les médias outre Méditerranée ont toujours voulu privilégier pour se donner bonne conscience. C’est finalement en face d’une tragédie comme celle que vit la Palestine dans sa chair que la vraie nature apparaît. Des leçons à retenir donc...