La Commission éthiopienne des droits de l’homme (EHRC), institution publique statutairement indépendante, a affirmé avoir reçu des plaintes pour violations des droits humains «avant et après la déclaration de l’état d’urgence».
L’organisme éthiopien de surveillance des droits humains a exprimé hier sa «grave inquiétude» sur les combats dans la région septentrionale de l’Amhara, ainsi que sur les arrestations «massives» de personnes de l’ethnie amhara dans le pays, rapporte l’AFP.
Le gouvernement fédéral a décrété l’état d’urgence le 4 août, après un regain de combats en Amhara entre l’armée fédérale et des combattants locaux, dont la milice Fano, menaçant d’embraser à nouveau le nord de l’Ethiopie, neuf mois seulement après la fin d’un conflit dévastateur dans la région voisine du Tigré.
La Commission éthiopienne des droits de l’homme (EHRC), institution publique statutairement indépendante, a affirmé dans un communiqué avoir reçu des plaintes pour violations des droits humains «avant et après la déclaration de l’état d’urgence».
Dans la capitale Addis-Abeba, «il y a eu des arrestations massives de civils d’origine ethnique amhara ainsi que de nombreuses détentions de migrants irréguliers en provenance d’Erythrée», souligne l’organisation, en déplorant de ne pas avoir «pu obtenir d’accès pour vérifier les conditions de détention depuis la déclaration de l’état d’urgence».
Le gouvernement fédéral a notamment annoncé vendredi que 23 personnes ont été arrêtées, parmi lesquelles un député et un journaliste. En Amhara, après plusieurs jours d’affrontements meurtriers, l’armée a réinvesti les principales villes de la région la semaine dernière. «Si les violents combats se sont calmés dans les principales zones urbaines depuis le 9 août, ils se poursuivent dans d’autres parties de la région et restent une préoccupation majeure», souligne l’EHRC.
Ces combats ont vu «l’utilisation d’artillerie lourde, entraînant des morts et des blessés parmi les civils, ainsi que des dommages matériels», selon l’EHRC. L’organisme dit notamment avoir «reçu des informations crédibles faisant état de frappes et de bombardements, notamment à Debre Birhan, Finote Selam et Burie, ayant fait de nombreuses victimes civiles».
Tensions
Des manifestants qui tentaient de bloquer des routes ont été tués et des prisons et des postes de police attaqués et pillés, résultant en des vols d’armes et munitions ainsi que des évasions de détenus, ajoute l’organisme.
Aucun bilan officiel des combats n’a été communiqué, mais deux médecins de Bahir Dar et Gondar ont affirmé mercredi avoir vu de nombreux civils morts ou blessés. L’accès à la région Amhara étant restreint, il est impossible de vérifier de manière indépendante la situation sur le terrain.
Les tensions en Amhara sont allées croissant depuis avril, après que le Premier ministre Abiy Ahmed a annoncé vouloir démanteler les «forces spéciales», des unités paramilitaires créées par de nombreux Etats régionaux depuis une quinzaine d’années.
Les nationalistes amhara estiment que le gouvernement veut affaiblir leur région, alors que les «forces spéciales» amhara, ainsi que la milice Fano, ont été des alliés cruciaux du gouvernement durant la guerre du Tigré entre novembre 2020 et novembre 2022.
Le gouvernement éthiopien a annoncé mercredi que les grandes villes de la région de l'Amhara ont été «libérées», après plusieurs jours de combats meurtriers entre l’armée fédérale et des milices locales. Le gouvernement a décrété l'état d'urgence pour six mois vendredi après un regain de violence dans cette partie du deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, neuf mois seulement après la fin d’un conflit dans la région voisine du Tigré.