L’été dans l’Algérie profonde

25/07/2023 mis à jour: 08:59
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Photo : DR

Il y a quelques jours, on ne parlait à Tébessa que de ces piscines modulables à installer sur place, que la wilaya a «offertes» sur son propre budget aux jeunes de dix communes. 

Des régions de l’Algérie profonde, situées loin de la mer et classées parmi les plus dépourvues de distractions et de loisirs. Pour les jeunes de ces localités, où les plus simples commodités sont difficiles à avoir et le voyage vers la mer, même pour une journée, demeure un luxe, ces «bassins» remplis d’eau, sachant que cette dernière n’est pas aussi facile à se procurer, sont une aubaine par cette canicule qui sévit depuis le début de l’été. 

C’est surtout quand, par ce climat, les journées deviennent ennuyeuses et longues et qu’on n’a pas d’autres moyens pour meubler le vide et fuir la chaleur que d’aller se baigner dans les plans d’eau et les mares avec tous les risques qu’on peut imaginer. C

e qui se termine dans certains cas par des drames, emportant des adolescents innocents et insouciants et endeuillant leurs familles. Mais pour la population de Tébessa, comme pour celles des nombreuses régions de l’Algérie profonde, se trouvant à des centaines de kilomètres de la mer, et toujours classées dans la liste des zones d’ombre, ce sont de «vraies» piscines qu’on réclame pour les jeunes sans loisirs, comme celles qu’on réalise «dans les normes» pour les jeunes des villes du Nord. Pourtant, ces projets destinés au secteur de la jeunesse et des sports, dont ceux des piscines, ont été nombreux à être financés par l’Etat algérien au profit de ces régions.

 Des sommes importantes ont été débloquées, mais ces opérations ont fini par sombrer dans les tiroirs, ou connaître un triste sort comme ces carcasses de béton envahies par les algues et les herbes folles. 

Comme pour les «vraies» piscines, qui ont fini par laisser la place à des bassins remplis d’eau, de nombreux projets de développement sont restés à la traîne durant des dizaines d’années dans ces régions de l’Algérie profonde, par l’incompétence de P/APC, n’ayant pas le niveau requis pour établir un dossier de projet, puis le gérer, ou par les conflits d’intérêts qui ont miné de nombreuses assemblées communales, en raison d’interminables bras de fer entre les maires et les élus. 

La population, qui attendait de ces élus une vraie prise en charge de ses revendications et de ses préoccupations, se trouve la grande perdante. Sur les réseaux sociaux, devenus la meilleure tribune en Algérie pour exprimer sa colère, sa déception et ses désillusions envers les élus défaillants et la bureaucratie qui continue de ronger le pays, des citoyens dénoncent dans plusieurs wilayas d’ailleurs une situation inédite et révoltante. 

Celle dans laquelle le wali est appelé en «pompier» pour gérer les affaires courantes dans une commune en situation de blocage, et dont la population est tenue en otage. Bien que ce ne soient guère de leurs prérogatives, des walis se trouvent contraints de faire le suivi et de gérer les projets de développement dans les communes de cette Algérie profonde, et tenter de répondre aux besoins de ces habitants harassés par les coupures d’eau, d’électricité, d’internet et des jeunes sans loisirs par cette canicule qui a fini par devenir handicapante. 

A défaut, on finira par trouver des astuces en offrant des bassins d’eau, en attendant de réaliser, un jour, de vraies piscines. 

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