L'espace mis en musique dans une «symphonie spatiale»

20/05/2023 mis à jour: 02:19
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La première mondiale de Cosmic Cycles à Arlington le 11 mai, symphonie en sept mouvements, a bluffé, portée par les images époustouflantes de la NASA.

Il pourrait s'agir de l'union ultime entre science et musique: une nouvelle «symphonie spatiale» illustrée des dernières images époustouflantes de la Nasa. La première de Cosmic Cycles, que son compositeur, l'Américain Henry Dehlinger, décrit comme «une œuvre d'art presque totale», s'est tenue la semaine dernière à Washington.

«Ce n'est pas seulement de la musique, pas seulement des images», a-t-il expliqué avant ce premier concert. «C'est davantage une expérience immersive.» Un effort similaire avait été entrepris il y a plus d'un siècle par le compositeur anglais Gustav Holst, avec sa célèbre œuvre Les Planètes. Mais à l'époque, en astronomie, beaucoup restait à découvrir.

Depuis, les humains ont marché sur la Lune, envoyé des rovers sur Mars, et lancé dans l'espace des télescopes incroyablement puissants. Les images ont été choisies par l'agence spatiale américaine et organisées en sept petits films, qui ont servi d'inspiration à Henry Dehlinger. «Je devais presque me pincer pour me rappeler qu'il ne s'agissait pas de science-fiction, mais de vraie science», a-t-il raconté.

Piotr Gajewski, directeur musical et chef d'orchestre du National Philharmonic, dans le Maryland, a expliqué que la Nasa avait été mise au centre du processus. «Plutôt que de leur proposer une œuvre musicale et de coller des images dessus, ils ont commencé par assembler les vidéos», à partir «de leur meilleur travail», a-t-il détaillé. Pour Wade Sisler, du centre spatial Goddard de la Nasa, le résultat est à la hauteur du défi posé. «C'est une aventure différente de toutes celles que j'ai aidé à entreprendre auparavant», a dit Wade Sisler, 64 ans.

«Comme des peintures de Van Gogh»

La symphonie, en sept mouvements, commence au cœur du système solaire, avec notre Soleil - des images de sa surface tourbillonnante, et des explosions projetant des particules dans le vide spatial. Les deux mouvements suivants se concentrent sur l'étude de notre propre planète, notamment à travers des images prises par des astronautes en orbite.

Également disséminées au cours du spectacle: «une collection fascinante de visualisations de données», explique Wade Sisler. Celles sur les courants océaniques, par exemple, «ressemblent à des peintures de Van Gogh lorsque vous les mettez en mouvement. Les couleurs sont magnifiques, vous voyez des motifs apparaître dont vous n'aviez pas pris conscience auparavant.»

Une quatrième partie sur la Lune est suivie par les portraits de chaque planète du système solaire - y compris des images de la surface martienne prises par les robots envoyés sur place. La symphonie se penche même sur les astéroïdes, avant un final majestueux, autour de nébuleuses et de trous noirs. La Nasa a mis à disposition les vidéos sur sa page YouTube, avec une version numérique de sa bande-son.

«Un grand mystère»

Il a été décidé de ne pas synchroniser totalement la musique et les vidéos, mais d'être plus «fluide», a expliqué le chef d'orchestre Piotr Gajewski. Cette approche lui permet de créer «des moments différents à chaque performance». Savoir que ces images et missions spatiales sont réelles est frappant pour l'audience, selon Wade Sisler, à l'ère du numérique où «vous pouvez faire apparaître n'importe quoi avec l'intelligence artificielle».

«Les gens sont intéressés par de vrais résultats, et se disent, wahou, on a vraiment été voir cet astéroïde», dit-il. La beauté de ces images grandioses en fait des compagnons parfaits pour des œuvres orchestrales, selon Piotr Gajewski. «Qu'est-ce qui fait que d'un seul coup on est émus quand on entend un type de musique, ou fiers lorsqu'on en entend un autre?», demande-t-il. «C'est un grand mystère, et bien sûr l'espace est l'autre grand mystère, donc ils se complètent très bien.»

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