L’Algérie a-t-elle franchi le premier pas dans le cadre des velléités de démantèlement de son large et névralgique système de subventions ? La question, n’étant pas unique bien sûr, mérite en tout cas d’être posée, puisque le gouvernement vient de décider, contre toute attente, de supprimer la subvention systématique et généralisée des prix du gaz naturel cédé aux industriels, qu’ils soient nationaux ou étrangers.
Cette mesure publiée au dernier Journal officiel définit, en effet, des paliers de consommation annuelle au-delà desquels seront pratiqués des prix libres, ou si l’on préfère des prix «librement négociés».
Il s’agit là d’une mesure qui ne concerne pas bien sûr la consommation des ménages. Mais force est d’admettre que cette nouvelle politique, qui vise à mettre moins de gaz subventionné entre les mains des industriels de manière progressive sur une période 5 ans, participe a priori de la volonté d’ajuster fondamentalement la stratégie économique. D’aucuns s’interrogent sur les objectifs recherchés à travers cette nouvelle mesure.
S’agit-il d’économiser des quantités de gaz en vue d’augmenter les capacités d’exportation du pays ou plutôt d’un levier qui permet aux autorités d’avoir un droit de regard sur les niveaux de consommation bon marché de cette ressource précieuse ? Autant de questions qui s’imposent. Il faut savoir en effet que l’Algérie consomme localement entre 45 et 50% de sa production en gaz, le reste étant bien sûr destiné à l’exportation.
La part de la consommation nationale de gaz naturel représente 40% de la consommation globale d’énergie. Et le secteur industriel, quant à lui, accapare 33% de la consommation finale, selon le bilan du ministère de l’Energie pour l’année 2022. Les prix de l’énergie sur le marché algérien sont parmi les plus bas et présentent un avantage compétitif certain.
Le gaz naturel constitue ainsi un levier d’attractivité pour les investisseurs industriels étrangers. Cette nouvelle décision va-t-elle avoir un impact sur l’investissement ? Rien n’est moins sûr. Les subventions de l’énergie coûtent très cher en Algérie. La presse a fait état d’une enveloppe qui avoisine les 10 milliards de dollars de subvention de consommation d’énergie en 2021. L’Etat n’en peut plus de ces subventions des prix du gaz, du pétrole et de l’électricité, avait alerté l’ancien ministre des Finances, Karim Djoudi.
Le sujet des subventions en général constitue une des préoccupations majeures en Algérie en raison des montants pharaoniques qui obèrent les finances publiques. Il y a bien longtemps que ce dossier épineux est sur le bureau des gouvernements successifs.
La stratégie prônée en la matière sur le conseil des experts du FMI consiste à procéder par étapes tout en optant pour des aides ciblées des catégories les moins favorisées. A-t-on commencé ainsi par des mesures les moins exposées socialement ?