Le Liban et son peuple risquent de sombrer dans l’horreur absolue. C’est Benyamin Netanyahu qui le dit et on ne peut pas en douter parce qu’on a affaire à un psychopathe sanguinaire. «Libérez votre pays du Hezbollah pour que cesse la guerre», a t-il dit à l’adresse des Libanais, «sinon votre pays connaîtra le sort de Ghaza», a-t-il ajouté hier.
La menace est à prendre très au sérieux. Un pays comme la France, qui se veut protectrice du pays du Cèdre, a dénoncé cette «provocation» qui, si elle se concrétise, plongera le pays «dans le chaos». Ce sont là des propos qui font vraiment craindre le pire. Israël, qui se sent très fort grâce aux armes de destruction massive fournies par les Etats-Unis, suivis de l’Allemagne, qui essaie de se faire pardonner les 6 millions de juifs massacrés par les nazis dans les camps de concentration durant la Seconde Guerre mondiale, paie son tribut avec le sang des Palestiniens.
Les propos du Premier ministre israélien ne sont pas des paroles en l’air. Assoiffé de sang, il saute sur n’importe quel théâtre d’opérations pour élargir les zones de guerre. Depuis plus d’une semaine, les Libanais subissent les affres de la guerre. Après Ghaza, les bombardements aveugles sur les villes et villages libanais ont provoqué un dramatique exode des populations. Plus d’un million de Libanais et de réfugiés syriens se sont retrouvés sur la route, menacés par l’armée israélienne de mort s’ils restent sur place.
Parmi eux, des centaines de millions ont fui en Syrie qui, hier encore, n’était pas sûre à cause de la répression organisée par les tortionnaires de Bachar Al Assad. Le sud de Beyrouth, où résident surtout les chiites libanais, est bombardé en permanence tuant, comme à Ghaza, femmes et enfants. Tous les Libanais vivent dans une terreur absolue, au rythme des instructions de l’armée d’agression qui les oblige à vivre en permanence sur les routes. Ils connaissent très bien la cruauté des Israéliens pour avoir été victimes à deux reprises de l’invasion de l’armée ennemie. La première fois c’était en 1982 et qui a provoqué une terrible guerre civile qui a laissé des séquelles et des souvenirs inoubliables.
C’est durant cette occupation qu'ont eu lieu les tristement célèbres massacres de civils palestiniens dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila et au cours desquels 6000 femmes et enfants ont été froidement abattus par des miliciens bien protégés par les militaires du corps expéditionnaire israélien. La seconde fois, c’était en 1984, lorsque Ariel Sharon en personne, alors ministre de la Défense, a pris la tête d’une armée d’invasion qui est allée jusqu’à occuper Beyrouth, d’où les habitants avaient assisté à des bombardements sélectifs ciblant particulièrement les quartiers chiites et sunnites de la capitale.
A l’époque, on avait prêté l’intention à Tel-Aviv d’annexer le fameux fleuve Litani, qui est jusqu’à ce jour une immense réserve d’eau, sinon la principale du Liban. L’expédition a été un échec total pour Israël, qui a dû rebrousser chemin suite à de lourdes pertes dans ses rangs. Pour la première foi, une milice libanaise a donné une leçon de stratégie militaire aux Israéliens.
Le Hezbollah, milice chiite créée et financée par l’Iran, s’est fait connaître brillamment pour la première fois au monde. Depuis, Tsahal a une peur bleue de ces combattants très courageux et qui vouent un immense culte au martyre. Au demeurant, l’armée israélienne a bombardé mardi un quartier résidentiel à Damas, parce que soi-disant il y avait des responsables du Hezbollah dans un immeuble.
Un prétexte pour taper, encore et encore, sur la Syrie dont l’armée est paralysée face à toute attaque des Israéliens. La Syrie, sous les coups de boutoir de résistants épris de démocratie, est devenue l’ombre d’elle-même avec un Bachar Al Assad qui s’accroche au pouvoir en faisant payer le prix du sang au peuple syrien. C’est dans ce climat qui n’augure rien de bon pour le monde arabe, que le Liban est en train de rendre l’âme dans l’indifférence générale.