Le plan national de réhabilitation des routes dégradées dans les zones reculées, annoncé au début du mois par le ministre des Travaux publics, figure parmi les requêtes les plus urgentes des populations locales.
Celles-ci ont ainsi l’assurance que les pouvoirs publics ont, enfin, pris connaissance des revendications élémentaires exprimées par les citoyens et qui ont longtemps manqué d’écho et de visibilité auprès des décideurs.
L’une des tares ayant marqué les gestions passées des affaires du pays est cette tradition qui consiste à réfectionner et repeindre au dernier moment les voies de circulation et les lieux visités par les officiels au cours de leurs sorties d’inspection et de travail.
Que la question relative à l’état des routes dans les zones reculées remonte jusqu’au gouvernement, cela est une vraie bonne nouvelle, après des décennies de laxisme et de quasi-abandon des zones entières qui ajoutaient l’enclavement au dénuement. Au niveau local déjà, à l’échelle de l’administration de wilaya, la prise de conscience de cette situation n’était pas toujours évidente.
Ce fut pendant longtemps l’extension du réseau de gaz de ville, en pleine campagne ou en zone de montagne, qui était souvent prise comme référence et signe d’une amélioration nette des conditions de vie de la population, ce qui était en partie vrai. Plus tard, ce sera l’arrivée de la fibre optique, au moment de la généralisation des réseaux mobiles, qui sera fêtée comme une réalisation décisive. Un wali entrera dans une colère homérique en découvrant les dégâts occasionnés à la chaussée par le passage des câbles de cette technologie des télécommunications.
La destruction de la route est le pire scénario qui puisse arriver dans des localités rurales où le seul mouvement de grève connu est celui des transporteurs laminés par la course d’obstacles dans la desserte des villages. La première voie de communication et premier facteur de développement est la route.
Tout peut alors être transporté, acheminé, réalisé pour le bien de la collectivité locale. Des infrastructures touristiques en haute ou moyenne altitude, nouvellement réhabilitées, seront prochainement réceptionnées et remises en service, à en croire les derniers engagements de livraison pris par les maîtres d’œuvre et d’ouvrage. L’interrogation qui continuera de se poser concerne l’aménagement d’axes routiers devant répondre aux normes et aux exigences d’une activité économique et de l’industrie touristique.
Dans les wilayas et les communes, le dossier consacré à ce secteur névralgique demeure largement ouvert et en attente de l’inscription ou de la finalisation de simples opérations de réfection ainsi que de projets de modernisation d’envergure. Les retards en la matière sont tels que les travaux engagés pour réparer quelques «points noirs» sur les routes sont soulignés et célébrés dans les pages dédiées à ces collectivités sur les réseaux sociaux.
Il s’agit, pourtant, d’opérations ordinaires et de base dans toute municipalité où les entreprises de réalisation répondent en nombre aux avis de consultation, dès lors qu’ils sont budgétisés et publiés sur des supports appropriés. Le premier acte de gestion pour les exécutifs locaux est sans doute de changer d’itinéraire régulièrement pour emprunter les mêmes chemins que le commun des administrés. Ils découvriraient alors, notamment aux abords des établissements scolaires, des rues à peine carrossables et des trottoirs qui n’existent réellement que dans les plans d’urbanisme.
C’est, pourtant, le point de chute des écoliers privés de ramassage scolaire et de cantine, autres requêtes à l’attention des autorités locales et centrales.