Les prix de l’oignon sec ont quadruplé en quelques semaines : Les raison d’une flambée

11/04/2023 mis à jour: 03:11
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L’oignon sec est hors de prix dans plusieurs régions du pays

Le prix de l’oignon sec (connu sous le nom d’oignon jaune et rouge) a dépassé toutes les prévisions sur les marchés de gros et de détail, devenant le sujet de discussion tant en public qu’en privé.

 Trouver des oignons dans les marchés de détail et les épiceries n’est guère facile, car de nombreux commerçants évitent de les acheter. C’est qu’une fois acquis, la précieuse marchandise s’écoule difficilement en raison de son prix prohibitif. Les raisons de l’augmentation de son prix sont diverses et variées et ne cessent de susciter des débats au sein de la population. 

Tout le monde convient, des agriculteurs aux producteurs en passant par de nombreux cadres des services agricoles, que la demande du ministère du Commerce et de la Promotion des exportations exhortant les détenteurs d’entrepôts et de chambres froides à vider leurs stocks de produits alimentaires et agricoles a eu un impact significatif sur le marché de l’oignon sec. 

Les prix de ce légume qui fait pleurer ont toutefois connu une flambée jamais atteinte ces dernières semaines, ce qui a suscité l’inquiétude d’une catégorie de consommateurs qui ont du mal à se permettre ce produit de base dans leur alimentation quotidienne. Si cette décision visait à lutter contre la spéculation sur les produits alimentaires et agricoles, elle a également réduit considérablement les niveaux de stocks disponibles, ce qui a entraîné une augmentation des prix. 

 Ce constat reflète l’opinion partagée par de nombreux agriculteurs et professionnels du secteur agricole que nous avons rencontrés, jeudi 6 avril, lors de nos entretiens sur les prix élevés de l’oignon sec dans les marchés quotidiens et les marchés de gros de fruits et légumes de la wilaya de Mascara. 

Des cadres des services agricoles de Mascara estiment, en outre, que «l’augmentation des prix des oignons secs (estival) serait due à plusieurs causes, notamment une baisse importante de la production au cours de la saison précédente en raison de la diminution des surfaces cultivées ainsi qu’aux conditions climatiques défavorables, telles qu’une pluviométrie insuffisante, la saison en cours, qui a retardée la production de l’oignon printanier».

Baisse de production

La saison 2021/2022, faut-il le souligner, a enregistré une baisse de la production de l’oignon sec par rapport à la saison précédente (2020/2021). En effet, la production a atteint 510 000 quintaux sur une superficie cultivée de 1330 hectares. 

Ce qui représente une diminution de 39,4% par rapport à la saison 2020/2021, où la production avait été de 841 500 quintaux sur une superficie de 1870 hectares. En termes de superficie cultivée, la saison 2021/2022 a connu une réduction de 28,9% par rapport à la saison précédente. 

En prenant en compte ces données, le rendement moyen de la saison 2021/2022 est de 383,46 quintaux par hectare, tandis que celui de la saison 2020/2021 était de 449,73 quintaux par hectare. Selon des agriculteurs, des professionnels et des cadres du secteur agricole à Mascara, la superficie cultivée en oignon sec a diminué en raison des pertes subies au cours des quatre dernières années. Cette baisse serait due à la surproduction des oignons estivaux qui ont inondé le marché, causant une chute des prix et des pertes importantes pour les producteurs. 

Tous ces acteurs sont unanimes sur ce constat. «Pour la récolte de la saison 2020/2021 ainsi que les trois saisons précédentes, les producteurs ont été contraints de céder leur production d’oignons à des acheteurs à des prix très bas (de 10 à 30 DA/kilo), en raison d’une production abondante. Cette situation a entraîné une baisse des revenus, et les agriculteurs ont été contraints de réduire leur superficie cultivée pour éviter de subir des pertes encore plus importantes», témoigne Abdelkader, un producteur de pomme de terre et d’oignon à Sidi Kada. 

Et d’ajouter : «Au cours de la saison 2020/2021, le prix d’un hectare d’oignon était de 30 à 50 millions de centimes. Toutefois, suite à une réduction de la superficie cultivée et à la présence de la maladie du mildiou qui a touché des cultures d’oignons, le prix a été multiplié par deux, voire trois, atteignant ainsi les 130 et 150 millions de centimes l’hectare.»

Panique chez les producteurs et épuisement des stocks

En outre, des agriculteurs et des professionnels agricoles, avec lesquels nous nous sommes entretenu, s’entendent pour dire que les descentes menées par les services du commerce ciblant les chambres froides et les hangars des producteurs et d’autres agriculteurs dans le but de lutter contre la spéculation sont également parmi les facteurs qui ont contribué à l’augmentation des prix de l’oignon. 

«La diffusion en boucle d’images montrant les saisies de produits agricoles, notamment la pomme de terre et l’oignon, ainsi que les arrestations de personnes présumées spéculateurs ont semé la panique et incité les producteurs à accélérer l’épuisement de leurs stocks de peur d’être perçus comme des spéculateurs.

 Cette réaction en chaîne a conduit à une hausse des prix sur les marchés locaux, impactant directement les consommateurs finaux», témoignent des professionnels de l’agriculture. «Nous avons loué cinq chambres froides à des agriculteurs pour stocker leurs produits agricoles, par crainte d’éventuelles saisies et autres poursuites judiciaires auxquelles nous pourrions faire face, nous avons vidé les cinq chambres en l’espace de deux mois», relate encore Abdelkader.
 

Même les agriculteurs qui stockaient leurs production d’oignons de manière traditionnelle dans des entrepôts et des champs ont cessé de le faire par peur de poursuites judiciaires. 

Donc, l’absence de stockage a engendré une rareté de ce produit et, par conséquent, une augmentation de son prix sur les marchés. Jeudi 6 avril, lors de notre tournée au marché de gros de fruits et légumes de Tighennif, situé à 20 km de Mascara, les marchands proposaient des oignons secs, en quantités importantes, chargés dans des camions immatriculés des wilayas de Mascara et Tiaret, à des prix compris entre 250 et 280 DA le kilo. «La vente de l’oignon sec sur le marché de gros de Tighennif n’a pas été affectée par sa hausse de prix. 

En effet, nous étions craintifs quant à une baisse des ventes après que le prix ait atteint 200 DA le kilogramme, mais aujourd’hui il est proposé à 280 DA et est vendu normalement car la demande a augmenté pendant ce mois de Ramadhan», nous dira un commerçant.

Nouvelle production printanière, baisse des prix de l’oignon sec

En outre, les prix de vente de l’oignon sec et de l’oignon vert chez les détaillants des marchés quotidiens varient respectivement entre 300 et 350 DA le kilo et 120 à 140 DA le kilo. Signalons que l’oignon sec et l’oignon vert sont deux variétés différentes de l’oignon, chacune ayant ses propres caractéristiques de goût et de texture. 

Alors que l’oignon sec est utilisé principalement pour la cuisson et la préparation de plats, l’oignon vert est souvent utilisé comme garniture pour les salades et les plats d’accompagnement. Les prix de ces deux variétés d’oignon peuvent différer en fonction de la saison, de la demande et de l’offre sur le marché. 

Selon les professionnels, les prix de l’oignon sec devraient reculer après l’arrivée sur le marché de la production printanière en mai prochain. «Nous prévoyons une légère baisse du prix de l’oignon sec dans les deux prochaines semaines, après l’arrivée sur le marché de l’oignon vert en quantités importantes. Ainsi, nous attendons une production importante d’oignon sec le mois d’août prochain, pendant la saison estivale, en raison de l’augmentation de la superficie cultivée. Cela permettra de maintenir des prix abordables pour tous les consommateurs», nous confie un cadre des services agricoles de Mascara. 
 

En conclusion, la flambée des prix de l’oignon sec est le résultat d’une combinaison de facteurs, notamment l’épuisement des stocks et la baisse de la production due à la diminution des surfaces cultivées. «La gestion efficace des stocks est cruciale pour assurer la disponibilité continue des produits agricoles sur le marché à des prix abordables. Les producteurs et les pouvoirs publics doivent travailler ensemble pour s’assurer que les niveaux de stock sont maintenus tout en évitant les pénuries ou les surplus qui peuvent entraîner des pertes pour toutes les parties impliquées. 

Une bonne planification, une communication transparente et la mise en place de systèmes de suivi et de gestion de stocks robustes sont donc essentielles pour garantir une chaîne d’approvisionnement efficace et durable pour les produits agricoles», conviennent à dire les professionnels de l’agriculture. 

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