Les avantages fiscaux accordés par la Loi de finances 2023 à l’importation de véhicules électriques et hybrides devaient nécessairement être accompagnés d’un dispositif d’actions et de mesures pouvant rendre possible cette option stratégique prise par l’Etat.
La première station de recharge électrique a été mise en service mercredi dernier à Alger. Cent bornes de recharges seront ouvertes d’ici la fin de l’année et mille, l’année prochaine. Le réseau de stations de recharge pour véhicules électriques est ainsi lancé et une usine de fabrication de ces installations est prévue à El Eulma, dans la wilaya de Sétif, avec un taux d’intégration de 41%.
Pour mieux raffermir cette démarche, les constructeurs automobiles sont tenus de lancer un modèle électrique dès la 5e année de leur entrée en production. Les budgets consacrés à ce secteur en plein lancement, dont 15 milliards de dinars pour les stations de recharge, sont parmi les mieux accueillis et les plus applaudis par une opinion publique qui n’est plus insensible aux enjeux environnementaux de l’heure. Des centaines de millions de personnes dans le monde sont en train de subir, parfois dans la tragédie des incendies induits par le changement climatique, le retour de boomerang de la production effrénée de gaz à effet de serre.
L’adoption résolue d’alternatives écologiques n’est pas seulement l’affaire des grandes puissances dans le monde, et les plus industrialisées, mais de chaque Etat et, au final, de chaque individu. Le confort personnel et les préoccupations financières propres n’ont plus cours à présent que la santé, parfois la vie de tout un chacun peut chavirer en l’espace de quelques heures ou de quelques minutes quand des « dômes » d’enfer s’abattent brusquement, pendant des jours, sur des parties entières de la planète. Le seul moment où la nature a véritablement « respiré » et brièvement retrouvé son équilibre fut la période de la crise sanitaire du Covid-19 qui a mis un coup d’arrêt à l’activité humaine jusqu’à frôler la détresse sociale et économique. Il y a une solution autre que celle, extrême, du confinement.
C’est l’évolution progressive et déterminée vers de nouveaux modèles de production et la remise en cause d’un bon nombre d’habitudes de consommation. Les idées innovantes, fortement encouragées ces dernières années, doivent revêtir une portée et un impact qui ne se déconnectent pas des nouvelles préoccupations existentielles et des défis présents. Les projets de startup sont pour l’heure considérés sous l’angle quantitatif et peuvent même être crédités de financements publics sans que la pertinence ne soit vraiment établie. Il ne s’agit pas de recréer des services déjà existants mais d’ouvrir de nouvelles perspectives de progrès en sortant des sentiers battus qui ont très vite montré leurs limites, parfois mené à des impasses. Il n’est pas normal de manquer d’électricité dans un pays gorgé de soleil.
L’Algérie doit réaffirmer ses grandes ambitions dans les énergies renouvelables, en les « démocratisant » à travers les universités, la formation professionnelle, les collectivités locales. Des étudiants, le temps de leur cursus, ont expérimenté des procédés de production alternative d’énergie, de même que quelques rares communes ont entrepris l’installation de panneaux solaires pour faire fonctionner leurs structures, les établissements scolaires ou l’éclairage public, mais les initiatives locales n’ont pas pris l’allure d’une dynamique globale et efficiente.
Les petits pas de la transition énergétique et écologique ne doivent pas susciter de la circonspection ou, pire, de l’ironie, mais une prise de conscience définitive et une franche adhésion.