Les oiseaux migrateurs, arme de destruction massive

10/04/2022 mis à jour: 02:58
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Accusation non fondée ou révélation étayée de preuves formelles, la nouvelle donne froid dans le dos. La déclaration du 11 mars du représentant permanent de la Russie auprès du Conseil de sécurité de l’ONU, Vassily Nebenzia, fait état d’un programme de recherche, dénommé UP-4, dans des laboratoires biologiques ukrainiens mis en œuvre par les Etats-Unis. 

A Kiev, Kharkov et Odessa, des d’oiseaux migrateurs sont préparés pour être utilisés comme vecteurs de maladies infectieuses, telles que la grippe hautement pathogène H5N1, mortelle pour l’homme dans 50% des cas, et la maladie de Newcastle, la pseudopeste aviaire. Le vendredi suivant lors de la réunion du 8 mars, les accusations russes sont récusées par une partie du Conseil de sécurité qui les qualifie d’allégations sans fondement. Les Etats-Unis ont parlé «d’une théorie d’un complot assez bizarre». 

La Chine a demandé aux parties concernées de répondre aux questions posées et de fournir des éclaircissements permettant de balayer les doutes de la communauté internationale. Le Brésil a appelé à la nécessité d’un protocole de vérification se rapportant à la Convention sur les armes biologiques, comme le Kenya, pour qui «aucune allégation ne doit être prise à la légère». Izumi Nakamitsu, haute représentante pour les affaires de désarmement, a affirmé : «Nous n’avons ni le mandat ni la capacité technique ou opérationnelle d’enquêter sur ces allégations.» La messe est dite et black-out des médias sur cette information qui cependant sème l’effroi.

Rebondissement à la fin de la semaine dernière lorsqu’un journaliste de premier plan du Monde, Ignacio Ramonet, professeur de théorie de la communication et spécialiste de la géopolitique, ancien directeur du Monde diplomatique et fondateur d’Attac, aujourd’hui à la tête du Monde diplomatique espagnol, poste sur son compte Facebook un message urgent dans lequel il rapporte des détails sur la réunion du 11 mars du Conseil de sécurité. Un message repris par la journaliste, écrivaine et militante rebelle espagnole Beatiz Telagon. 

Les militaires russes auraient trouvé dans les laboratoires biologiques et bactériologiques ukrainiens des oiseaux migrateurs «numérotés». Sachant que ces oiseaux se déplacent dans leur périple incessant d’un point à un autre de la planète et comme de nos jours on connaît avec précision, grâce aux puces-balises et aux satellites, les itinéraires des espèces et des groupes, on aurait pensé à en faire des vecteurs de dissémination d’épidémies mortelles. 

La méthode donnée par le «message urgent» du journaliste du Monde parle de capture de migrateurs sélectionnés selon les voies de migrations qu’ils empruntent. Comme l’Ukraine se trouve être à la croisée des voies de migrations entre le nord de la planète, le Moyen-Orient, l’Asie et l’Afrique dans un espace ornithologique appelé le paléarctique occidental, on fait porter aux oiseaux relâchés dans leur groupe des capsules de germes pathogènes. Suivis par satellite et commandés par ordinateur, le volatile est tué au-dessus du lieu choisi et tombe sur le sol pour disséminer sa charge biologique ou bactériologique pour causer les dégâts prévus. 

Diabolique. Un moyen peu coûteux pour semer la mort en masse et sans distinction. Même si le doute est permis, l’histoire nous a appris qu’en dépit d’une Convention sur l’interdiction des armes bactériologiques (CABT) de 1975, on n’a pas hésité à franchir le pas. La pandémie de la Covid-19 n’a pas, en effet, livré tous ses secrets. 

En avril 1986, toujours en Ukraine, lors de l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl, les oiseaux en pleine migration ont traversé le nuage radioactif qui s’était étendu sur toute l’Europe de l’Ouest et on avait redouté à ce moment qu’ils transmettent la contamination.

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