Les naufrages des migrants ont été nombreux ces dernières semaines : Drames sans fin en Méditerranée

28/03/2023 mis à jour: 07:54
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Des centaines de migrants subsahariens ont perdu la vie cette année en essayant de traverser la Méditerranée

Emmanuel Macron a joint sa voix à celle de Giorgia Meloni, le 24 mars dernier à Bruxelles, pour souligner l’urgence d’une parade au déferlement grandissant, à partir des côtes tunisiennes, des vagues de migrants au sud de l’Europe. 

La Première ministre italienne n’est plus donc seule à penser que cela passe absolument par un soutien financier immédiat à la Tunisie. «La très grande tension politique et la crise économique et sociale, qui sévit en l’absence d’accord avec le Fonds monétaire international, sont très préoccupantes», a déclaré le président français lors d’une conférence de presse à l’issue d’un sommet européen. 

Deux jours plus tard, au large des côtes tunisiennes, les événements donnaient encore un résonnement douloureux aux déclarations :  29 corps de migrants subsahariens, naviguant vers les côtes italiennes, sont morts noyés après le naufrage des trois embarcations qui les transportaient. Leurs corps ont été récupérés par des bateaux de pêche tunisiens dans des conditions aléatoires. 

Quelques jours auparavant, la disparition de 34 personnes ayant pris la mer sans donner de nouvelles, avait été signalée. Plus d’une dizaine d’autres ont pu être sauvée par les gardes-côtes, lors de cette journée noire dont le scénario tragique tend à se répéter au fur et à mesure que s’installe le beau temps. En cette période de l’année, les conditions de navigation sont favorables en effet, et cela entraîne une augmentation systématique de nombres de tentatives d’immigrations clandestines à partir des côtes de l’Afrique du Nord. Et depuis quelques années, c’est du côté de la Tunisie que les choses se passent le plus mal. 

Pour les seuls chiffres de Frontex, agence européenne engagée à intercepter en mer les mouvements migratoires clandestins, plus de 18 000 tentatives d’embarquement clandestin, sur les côtes italiennes notamment, que les gardes-côtes européens ont pu déjouer, proviennent des côtes tunisiennes. Pour illustrer la particularité du contexte actuel, ces proportions :  à Lampedusa, île italienne à près de 140 kilomètres de la côte tunisienne, «un centre d’accueil pour migrants a atteint le nombre record de 2 250 arrivées en 24 heures selon l’agence italienne Ansa, alors que l’établissement est prévu à la base pour abriter 400 personnes».

 La presse italienne s’accorde globalement sur une aggravation accélérée de la situation. Des journaux apprennent que près de 60 embarcations de fortune ont pu rallier clandestinement les côtes sud de la péninsule durant les 48 heures, avec à leurs bords quelque 3000 migrants pour la plupart issus de l’Afrique subsaharienne. 

La solitude de la Tunisie 

Les autorités tunisiennes avancent d’autres chiffres qui aggravent la mise pour la même période. Selon une déclaration du porte-parole de la Direction générale de la Garde nationale, des unités de la Garde maritime ont réussi, jeudi et vendredi derniers, à déjouer 26 tentatives de migration clandestine au large des villes côtières de Bizerte, Sfax, et Mahdia. Le même responsable a précisé que 1080 migrants irréguliers ont été interceptés, dont seulement 25 Tunisiens, alors que 2034 autres migrants ont été interceptés entre mercredi et jeudi. On déplore par ailleurs  la mort de sept autres, des Africains   subsahariens, dans le naufrage de leur bateau. 

Durant toute la semaine dernière, la chronique macabre et dramatique de ces flux continus vers les côtes italiennes a été quotidienne. En plus des canaux institutionnels, des forums militants et des ONG spécialisés ont ainsi relayé des informations sur des naufrages, des disparitions et des tentatives avortées par les gardes-côtes. Alarmephone Sahara, une ONG réunissant des associations d’Afrique subsaharienne, alerte quotidiennement via son compte Twitter sur ces drames qui se jouent à huis clos, en diffusant des vidéos de migrants documentant leurs traversées, et qui parfois font état de mauvais traitements de la part des services de sauvetages.  

«Catastrophe humaine»

Du côté italien, les autorités qui se sentent abandonnée par la communauté européenne face à la crise, épuisent toutes les alarmes possibles et imaginables. La présidente du Conseil des ministres, Giorgia Meloni, qui a promis tant de choses à la victoire de son parti en septembre dernier concernant la prise en charge de la problématique migratoire, ne trouve plus les mots pour souligner le caractère aigu de la situation. 

Selon elle, le nombre de migrants ayant déferlé sur la péninsule a triplé durant les trois premiers mois de l’année 2023, comparativement à l’année dernière durant la même période. Elle avertit contre une imminente «vague migratoire sans précédent» sur l’Europe à partir de la Tunisie, si ce pays ne reçoit pas un urgent soutien financier. Giorgia Meloni presse le FMI notamment de débloquer le prêt demandé par le gouvernement de Kaïs Saïed, soit 1,9 milliard de dollars sans lesquels la situation d’impasse financière et économique va entraîner l’effondrement politique. 

C’est en tout cas le mot du chef de la diplomatie européenne, Josep Borell, pour qui la situation en Tunisie est «très dangereuse». Le diplomate craint que la situation échappe au contrôle du Gouvernement Saïed  susceptible de «provoquer des flux migratoires vers l’UE et d’entraîner une instabilité dans la région MENA». 

On aura ainsi rarement vu autant de gouvernements et d’institutions européennes soutenir une voie de secours financier via le FMI au profit d’un pays africain. L’onde de choc  migratoire qui proviendrait des côtes d’une Tunisie si démunie qu’elle serait incapable de retenir les vagues de Subsahariens est un risque très pris au sérieux. Giorgia Meloni, élue faut-il le rappeler sur une ligne antimigrants, craint une «catastrophe humaine» et s’effraye ouvertement de la perspective de voir quelque 900 000 migrants débarquer en Italie, si la Tunisie se retrouvait dépassée par les événement et livrée au chaos. 

Pour l’heure, les tractations entre le Fonds monétaire international et le gouvernement tunisien n’échappent pas à l’implacable logique des banquiers. En février dernier, le directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, avait annoncé que les négociations étaient bien avancées et que le prêt allait être concrétisé dans les semaines qui suivaient, du moins concernant une première tranche de 400 millions de dollars. Le gouvernement tunisien attend toujours, un mois après. Il faut noter que l’Algérie jusqu’ici a pu épauler son voisin de l’Est par une suite de contributions financières et un soutien politique à sa stabilité en interne, très apprécié à Tunis. La Tunisie accueille entre 30 000 et 50 000 migrants subsahariens, selon des recoupements opérés par des ONG locales, très loin du faramineux 700 000, annoncé par le président Kaïs Saïed. La majeure partie tentant au bout d’un séjour consacré à préparer les conditions d’un passage en Europe, la meurtrière traversée de la Méditerranée. De plus en plus. 

Des gouvernements au bord de la crise de nerfs

La pression que fait subir la question migratoire en Tunisie, pays devenu couloir de prédilection pour les vagues de clandestins venus d’Afrique subsaharienne, a déjà fait déraper son gouvernement en février dernier, lorsque Kaïs Saïed a dénoncé la communauté comme l’instrument d’un complot démographique, culturel et économique contre son pays. Cela lui a valu une forte levée de boucliers en interne, mais surtout  une triste crispation sur le volet des relations diplomatiques avec plusieurs pays africains, et une hostilité à travers les opinions du continent. Mais le gouvernement tunisien n’est pas le seul à perdre ses nerfs dans le contexte. Le gouvernement italien, pratiquement en entier dévoué à faire face à la gravité de la crise migratoire, assume une hostilité à l’égard des ONG investis dans le secours humanitaires des migrants, et se retrouve  au centre de soupçons le manque d’engagements de ses services dans les opérations de sauvetages en mer. L’automne dernier, le gouvernement italien avait refusé de laisser accoster le navire Océan Viking, appartenant à l’ONG SOS Méditerranée, dans l’un de ses ports. 
 Ce fut la France qui a enfin offert un port d’accostage au navire et une issue aux 230 migrants repêchés qu’il transportait. L’Italie venait de bafouer un principe du droit international et un principe humanitaire : quand un bateau transportant des naufragés demande  à accoster, c’est le port le plus proche qui a l’obligation de l’accueillir. Le 9 mars, Giorgia Meloni a dû délocaliser un Conseil des ministres au sud de l’Italie, et le consacrer entièrement à la question migratoire. Une quinzaine de jours auparavant, le naufrage d’un bateau de migrants avait fait 72 morts, et le Conseil des ministres délocalisé était censé leur rendre hommage et souligner la gravité de la situation. Des opposants en Italie même et des ONG de défense des droits des migrants y ont plutôt retenu une volonté de l’Exécutif italien, qui ne se cache pas pour entraver l’action des navires humanitaires, de se laver du soupçon de plus en plus lourd de manque d’engagement et de réactivité dans les opérations de sauvetage. 

15 personnes et des passeurs arrêtés à Mostaganem

Les services de police de Mostaganem ont pu à mettre en échec une opération d’émigration clandestine par mer de 15 personnes et d’arrêter quatre passeurs, a appris l’APS de la sûreté de wilaya.  Un communiqué de la cellule de presse précise que l’opération a été menée par la section de trafic de migrants, suite à des informations reçues via le numéro vert 1548. Un  groupe de personnes s’apprêtait au niveau de la plage «Moulin Bigorre» d’entreprendre une traversée   clandestine en Méditerranée, avait-on informé. Après avoir saisi des faits le procureur de la République, les policiers se sont rendus sur les lieux indiqués et ont arrêté 15 personnes dont deux mineurs, avec la saisie d’une embarcation pneumatique dotée de moteur et de 10 jerricans d’une capacité de 30 litres   chacun remplis de carburant, ainsi que deux rames et une pompe pneumatique.   Les investigations menées sur cette affaire ont permis d’identifier le   principal organisateur de cette opération et de l’arrêter avec ses trois complices, qui attiraient les candidats à l’émigration clandestine à entreprendre des traversées clandestines moyennant la somme de 350 000 DA par personne. APS

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