Les prix des produits alimentaires, allant de la pomme de terre jusqu’à la viande, féculents et produits agroalimentaires, flambent. Les taxes imposées dans le cadre de la loi de finances 2022 contribuaient fortement à cette hausse vertigineuse qui pousse vers le fond le pouvoir d’achat des familles algériennes. Est-ce l’unique raison ? Selon les experts du marché, la réponse est négative. Les mandataires, premiers intervenants après les agriculteurs, dénoncent l’absence de stratégie d’approvisionnement du marché et surtout le manque de moyens de régulation.
Réda Medjber, représentant des mandataires, explique que cette hausse est due au manque de produits agricoles. «Il n’y a pas assez de production. Nous commençons à entrer dans la période creuse et les seuls produits existants sur le marché nous viennent des wilayas du Sud. Les quantités sont minimes par rapport aux besoins. Donc, dans la balance de l’offre et de la demande, le déséquilibre aboutit directement à cette hausse des prix qui n’est pas encore prête à baisser», déclare notre interlocuteur, qui prévoit tout de même une légère baisse vers le début du mois de mars.
Il souligne que les agriculteurs du Sud n’ont pas investi cette année pour diverses raisons. Selon ses propos, l’an passé l’agriculture au Sud, notamment celle des tomates, a pris un sérieux coup à cause de l’abondance de la production comparée à la demande. «Les prix étaient relativement bas, voire en dessous du prix de revient. Cette année, ces agriculteurs ont refusé de se jeter dans le vide, notamment en l’absence d’une logistique fiable et à moindre coût. Même si une légère baisse des prix va être constatée d’ici le mois de mars, la hausse va revenir dès le mois de Ramadhan.
Même si la production des Hauts-Plateaux va entrer sur le marché, elle reste en dessous des besoins pour couvrir cette période de grande consommation», ajoute M. Medjber. Il atteste que les prix ont augmenté cette année de 40% comparé à la même période de 2021. Il blanchit toutefois les mandataires de toute responsabilité de cette hausse étant donné que dans les marchés de gros, les prix dépendent de l’offre et de la demande et que la marge de bénéfice des mandataires est fixée par la loi.
Comme solution, il propose une meilleure gestion de l’agriculture dans les régions du Sud, qui seront dans un futur très proche le seul fournisseur en produits agricoles de tout le pays. Il suggère, dans ce sens, la création de stations qui seront chargées de l’opération de vente, d’approvisionnement du marché, des statistiques et de toute la logistique, notamment le transport qui demeure très cher pour les simples agriculteurs. «Si l’Etat n’a pas les moyens de le faire, autant ouvrir la porte aux privés. L’essentiel est que le marché soit régulé», martèle-t-il.
Pour les associations de protection du consommateur, la situation est dans le rouge. L’absence de prévisions et surtout de stabilité du marché menacent le budget des familles algériennes, qui n’arrivent plus à satisfaire leurs besoins les plus rudimentaires. «Il est incompréhensible que les prix des fruits et légumes de saison flambent.
Nous appelons toujours les consommateurs à faire un plan de gestion des budgets, mais avec ces hausses inopinées et cette variation des prix, il est impossible de le faire», déclare Hacène Menouar, président de l’association El Aman pour la protection du consommateur.
Il charge directement les autorités, notamment celles de l’agriculture de n’avoir pas encore la capacité de gestion du stock sur le marché, laissant cette mission à des intervenants qui n’ont pas la compétence nécessaire et la bonne foi pour la gestion de ce créneau.
Pour lui, il faut que les pouvoirs publics se ressaisissent et rapidement, notamment que nous sommes proches du mois de Ramadhan où les prix flambent de coutume. Accentuer le contrôle et l’établissement de prévision de consommation et surtout de production seraient plus que de mise.