Depuis les inondations tragiques du samedi 10 novembre 2001 à Bab El Oued, à Alger, ayant fait 781 morts et 115 disparus, nous n'avons pas retenu sérieusement les leçons de ces catastrophes naturelles. Pourtant, l’histoire de l’Algérie avait déjà connu plusieurs drames avant celui de Bab El Oued. Des inondations meurtrières ayant frappé El Eulma, dans la wilaya de Sétif, en septembre 1980, Annaba, en novembre 1982, Jijel, en décembre 1984, Bordj Bou Arréridj, en septembre 1994, et plus tard, Ghardaïa, en 2008.
Des dizaines d’années après, les mêmes erreurs, qui avaient été à l’origine de ce qui s’est passé à Bab El Oued et dans d’autres régions, continuent de se répéter dans toutes les wilayas de l’Algérie. L’urbanisation anarchique, la passivité des autorités locales fermant l’œil sur les constructions illicites à bord des oueds, la réalisation de routes sans respecter l’écoulement des pluies, le défaut d’entretien régulier des réseaux d’évacuation des eaux pluviales et des avaloirs et la dégradation des réseaux d’assainissement sont parmi les principaux facteurs connus depuis des années, mais face auxquels on n’a jamais réagi pour y remédier.
Ce sont des faits constatés dans la majorité des communes du pays. Comme c’est aussi le cas des autorités locales qui ne prennent aucune initiative pour mener des travaux de curage des cours d’eau, l’autre source de tous les problèmes. Des rivières qui reçoivent toutes sortes de déchets et de déblais jetés par les riverains eux-mêmes et charriés par les eaux à longueur d’année. Par leur inconscience et leur incivisme, ces citoyens deviennent responsables de la dégradation de leur environnement et seront indirectement à l’origine de catastrophes pour leurs familles et leurs régions.
Pourtant, il a fallu d’une directive adressée aux walis, le 13 août, par le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Brahim Merad, pour que toutes les autorités dans les wilayas bougent pour mener des actions préventives contre les risques des précipitations en cette période de l’année. Tout le monde s’est lancé dans des campagnes de nettoyage et de curage des rivières et des réseaux d’assainissement à grand renfort médiatique.
Si la directive a axé sur le recensement et l’éradication des points noirs, son fonds a incité surtout sur l’importance des mesures à mettre en place en application des grands axes de la politique nationale de prévention contre les risques majeurs à travers l’analyse des changements météorologiques à l’échelle locale, durant les dernières années, et l’analyse de leurs propriétés et leur influence, pour instaurer un dispositif d’alerte précoce.
Une étape importante qui n’est pas inscrite pour le moment sur les tablettes des autorités dans les wilayas. Selon les experts, 35 wilayas sur les 58 que compte l’Algérie demeurent toujours sous la menace des inondations, alors que le pays ne dispose pas d’un plan de protection contre ce phénomène. La loi n°04-20 du 25 décembre 2004 relative à la prévention des risques majeurs et à la gestion des catastrophes dans le cadre du développement durable n’a pas été mise en application. Finalement, après tout ce que le pays avait connu comme catastrophes, les leçons des inondations n’ont pas encore été retenues. Et c’est là le drame.