Les instances humanitaires onusiennes tirent la sonnette d’alarme : Ghaza au bord de la famine

18/11/2023 mis à jour: 04:48
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«Les approvisionnements en eau et en nourriture sont pratiquement inexistants...», s’alarme le PAM

Les maigres réserves alimentaires dans la Bande de Ghaza sont épuisées, malgré le régime de guerre que s’impose la population depuis au moins le début ce déluge de feu indiscriminé que lui inflige l’armée israélienne. 

«Les approvisionnements en eau et en nourriture sont pratiquement inexistants et seule une fraction de ce qui est nécessaire arrive par les frontières», s’alarme le Programme alimentaire mondial (PAM), dans un une alerte diffusée jeudi dernier. Les responsables du programme, une des instances de l’ONU, affirment qu’avec « l’hiver qui approche à grands pas, les abris dangereux et surpeuplés et le manque d’eau potable», la possibilité de voir les Ghazaouis mourir de faim était simplement «immédiate». 

La déclaration déplore le maintien du siège sur ce territoire dévasté, soulignant  qu’ «il n’y a aucun moyen de répondre aux besoins alimentaires actuels à travers un seul passage frontalier opérationnel». 

Le poste frontalier de Rafah au Sud, entre l’Egypte et la Bande de Ghaza, a été juste ouvert pour l’acheminement d’un nombre réduit de camions d’aides depuis plus de 40 jours, alors qu’une moyenne de 500 camions parvenaient sur le territoire quotidiennement avant le «châtiment» infligé par Tel-Aviv. Même quand des sauf-conduits ont été consentis sous la pression, des chargements sont restés bloqués, dénonce encore le PAM : la pénurie de carburant, produit également interdit d’accès à Ghaza, compromet la livraison des aides envoyées dans les nombreuses zones où la demande est la plus urgente.  «La nourriture qui est entrée à Ghaza ne suffit qu’à satisfaire 7% des besoins caloriques quotidiens minimaux de la population», a indiqué, jeudi, la directrice exécutive du Programme. 

Dans des témoignages diffusés jeudi par la Chaîne Al Jazeera, des habitants de l’enclave encerclée, notamment dans cette partie Nord où se concentre  depuis plus d’une semaine l’essentiel des frappes meurtrières israéliennes, ont décrit un quotidien de plus en plus dur fait de terreur et de privations. 

« La plupart des familles se contentent du partage d’un reghif (pain oriental)  par jour, souvent réservé aux enfants». Mais le crime conduit et revendiqué par Israël  ne s’arrête pas là. Des dizaines de minoteries et de boulangeries ont été la cible de raids et d’attaques à l’artillerie depuis le début du conflit.

 Un des derniers établissements qui assurait un minimum d’activité a été lourdement endommagé par une frappe, il y a quelques jours, et ses réserves détruites. Une autre minoterie avait été ciblée la veille, ce qui confirme cette volonté de l’armée israélienne de vulnérabiliser encore davantage une population déjà soumise, depuis 43 jours, à une tempête de feu et de sang, ayant fait jusqu’ici près de 12000 morts parmi les civils. 
 

 

La famine provoquée, un crime de guerre 

L’autre arme interdite utilisée par l’armée israélienne dans la guerre qu’elle inflige aux Palestiniens est la coupure des approvisionnements en eau, ainsi que la destruction, par des frappes, des installations hydrauliques sur place. La pénurie de carburant  met hors service celles qui peuvent fonctionner encore. « Dans trois villes du sud de la Bande de Ghaza, 76 puits d’eau, deux usines principales d’eau potable et 15 stations de pompage des eaux usées ont cessé de fonctionner. 

Cette situation due au manque de carburant affecte des centaines de milliers de personnes», avertit  l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) par la voix de son principal responsable dans l’enclave, Thomas White. L’agence onusienne craint une explosion  des cas de maladies à transmission hydriques (MTH), d’autant que le même responsable rapporte que  «cette situation a entraîné une augmentation de 40 % des cas de diarrhée parmi les personnes réfugiées dans les écoles de l’UNRWA. La diarrhée peut maintenant être mortelle à Ghaza, en raison de l’assainissement inadéquat et des services de santé limités».

Les populations s’étaient, depuis au moins deux semaines, résolues à se rabattre sur l’eau de mer, pour celle ayant fuit vers la bande côtière au Sud,  pour les besoins domestiques. 

Une trentaine de rapporteurs et cadres des Nations unies ont publié, jeudi, un appel à l’adresse de la communauté internationale l’invitant à prendre urgemment ses responsabilités quant au «génocide en cours» contre la population de l’enclave palestinienne. «Nous sommes profondément choqués par l’incapacité d’Israël à accepter un cessez-le-feu immédiat et par le manque de volonté de la communauté internationale de faire pression de manière plus décisive en faveur d’un arrêt de la guerre. 

L’absence de mise en œuvre urgente d’un cessez-le-feu risque de faire basculer la situation dans un génocide mené avec les moyens et les méthodes de guerre du XXIe siècle », accusent-ils. 

Dans la même déclaration, les experts onusiens retiennent que les politiques israéliens livrent chaque jour des preuves de leurs desseins funestes vis-à-vis du peuple palestinien, s’inquiétant notamment de « la rhétorique manifestement génocidaire et déshumanisante de hauts responsables du gouvernement israélien, ainsi que de certains groupes professionnels et personnalités publiques», assumant vouloir la «destruction totale» et à «l’effacement» de Ghaza. 

La déclaration confirme que la situation est intenable sur le terrain, sur le plan humanitaire, et rappelle avec force que «la famine intentionnelle équivaut à un crime de guerre».
 

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