L’importance du secteur agricole dans la vie d’un pays n’est plus à démontrer. Il y va même de sa souveraineté. Les guerres et les changements climatiques que connaît la planète renforcent ce sentiment de dépendance vis-à-vis de la terre nourricière. A l’heure des conflits ou des crises sanitaires, le marché international obéit beaucoup plus à des considérations géopolitiques qu’à la valeur marchande des produits de consommation. L’épisode de la pandémie de Covid-19 rattrapé par le conflit russo-ukrainien démontrent bien cette interdépendance d’intérêts, comme il met à nu la fragilité de certains pays se retrouvant dans l’incapacité à satisfaire les besoins de consommation de leurs citoyens. Les aléas conjoncturels ne sont pas les seules contraintes à la garantie d’une sécurité alimentaire pérenne. Les changements climatiques font planer de plus en plus le spectre de la sécheresse. C’est bien la menace qui échappe malheureusement à tout contrôle humain.
La marge de manœuvre encore possible entre les mains des décideurs se limite à quelques actions préventives fort onéreuses. Il s’agit de palier le stress hydrique, synonyme de sécheresse, en engageant de grands chantiers de barrages hydrauliques capables d’assurer l’irrigation des plantations. Confronté à cette menace de changement climatique et son corollaire de sécurité alimentaire, notre pays s’engage dans une riposte multiforme. Les réformes prônées par le président de la République accordent une place de choix à l’agriculture. Il est question de sortir de la vision traditionnelle dans laquelle est figé ce secteur et le revaloriser selon des techniques modernes conduites par des professionnels. Une attention particulière est accordée à l’accroissement de la productivité pour atteindre l’autosatisfaction de la demande alimentaire nationale.
Le retour sur investissement déjà engagé permettra de combler le seul déficit encore existant dans le domaine des céréales. La politique de l’extension des superficies arables et la récupération des concessions abandonnées ainsi que le lancement des mégaprojets dans l’industrie de transformation agroalimentaire permettront d’atteindre cet objectif d’indépendance tant revendiqué. Le seul couac réside dans les démarches bureaucratiques souvent à l’origine de la désillusion des efforts entrepris. Le cas du retard de l’application de l’autorisation d’importation des engins agricoles d’occasion, décidée par le chef de l’Etat, illustre bien cet esprit attentiste fort préjudiciable à l’urgence qu’impose la situation.
Conjointement à cette politique des réformes menées sur le terrain, une autre réforme doit s’attaquer au comportement du consommateur algérien. Des statistiques fiables font état d’un gaspillage énorme pour ce qui concerne le pain. Plus de 50 millions de baguettes sont jetées dans les poubelles. Le mois de Ramadhan culmine dans ce gaspillage qui représente plus de 30% de la farine importée destinée aux boulangeries. Il va sans dire que ces quantités acquises en devise sont subventionnées par l’Etat en tant que produits de première nécessité.
Le travail de sensibilisation du citoyen afin de réduire les pertes, particulièrement à l’approche du mois sacré de Ramadhan, doit s’imprégner du débat sur les modalités de ciblage des familles nécessiteuses en droit de bénéficier des subventions de l’Etat.