Les fêtes traditionnelles locales participent à la préservation du patrimoine. Elles drainent à chaque édition des milliers de visiteurs.
Le mois d’août a été des plus chargés en matière d’animation dans les villages à Tizi Ouzou. Des fêtes traditionnelles sont initiées notamment par le mouvement associatif qui continue d’organiser des activités en mesure de créer une ambiance festive dans les localités.
Ces manifestations visent la préservation et la promotion des spécificités culturelles, historiques et archéologiques de la région et encouragent le tourisme de montagne. Les associations et les comités de village sont mobilisés pour mettre sur pied des programmes englobant des conférences et des activités culturelles.
La fête de la figue organisée récemment par l’association Tighilt et le comité du village à Lemsella, dans la commune d’Illoula Oumalou, à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Tizi Ouzou, est revenue, cette année, pour mettre au goût du jour une filière ancestrale préservée par des agriculteurs qui sont de plus en plus nombreux à créer des vergers figuicoles.
Plusieurs participants ont pris part à ce rendez-vous qui se veut, selon ses organisateurs, comme une activité qui contribue à la relance de cette filière. Notons que la fête de la figue fraîche a regroupé une cinquantaine de participants venus de huit wilayas du pays, dont Sétif, Médéa, Bordj Bou Arréridj, Touggourt, Bouira et Boumerdès. La wilaya de Béjaïa est également représentée, notamment par les producteurs de la figue sèche de Béni Maouche.
Il faut noter que l’objectif de cette activité est, selon les organisateurs, d’encourager la figuiculture en vue surtout, ont-ils souligné, la reconstitution des vergers détruits par les incendies. Toujours dans la daïra de Bouzeguene, le festival de l’abeille et du miel s’est tenu du 19 au 21 août dernier, dans sa neuvième édition, au village Ahrik avec la participation de dizaines d’apiculteurs.
D’autres artisans de produits du terroir, tels que la vannerie, la poterie, la tapisserie, le bijou traditionnel et autres confections d’habits traditionnels ont aussi pris part à cet événement. Des conférences avec des chercheurs et des apiculteurs ont été animées pour faire le bilan de la filière et permettre aux professionnels du métier d’exposer les difficultés auxquelles ils sont confrontés dans l’exercice de leur activité. Les exposants ont expliqué la hausse des prix du miel, cette année, par les conséquences provoquées par les intempéries et les incendies.
Le vice-président de l’APW, Youcef Sid Ali, qui a assisté à la cérémonie d’ouverture du festival, a déclaré que l’Assemblée de wilaya accompagne et subventionne ce genre d’activités car, a-t-il précisé, il s’agit d’actions qui œuvrent à la préservation du patrimoine ancestral de la région. «Nous continuons à aider le festival du miel de l’abeille d’Ahrik et d’autres fêtes traditionnelles organisées dans plusieurs villages de la wilaya de Tizi Ouzou», a-t-il ajouté.
Tourisme de montagne
La commune d’Ath Yenni, à 35 kilomètres au sud-est de Tizi Ouzou, a connu aussi une animation particulière durant la saison estivale. Prévue pour fin juillet, mais reportée en raison des incendies, la 17e édition de la fête du bijou a été également l’une des attractions des visiteurs. Dix jours durant, la région de l’illustre écrivain et anthropologue Mouloud Mammeri a accueilli des milliers de personnes venues des quatre coins du pays et même de l’étranger pour assister à ce rendez-vous annuel.
Placé sous le signe de la «Protection du patrimoine culturel et artisanal national», cette fête, qui a réuni 135 bijoutiers issus de 15 wilayas, a été l’occasion pour les nombreux bijoutiers d’étaler leurs produits dans une ambiance conviviale surtout lorsqu’on sait que beaucoup de bijoutiers sont originaires de ladite commune. «Il y a des étrangers qui achètent le bijou d’Ath Yenni pour le revendre dans leurs pays comme étant un produit local», a fait savoir le maire Abdellah Djennane, lors de la cérémonie d’ouverture de l’édition 2023 qui s’est déroulée en présence du wali, Djilali Doumi.
La sauvegarde du bijou berbère est l’un des objectifs justement des organisateurs qui essayent, chaque année, d’offrir ce cadre aux artisans pour vendre leurs produits et exprimer également devant les autorités concernées leurs préoccupations, notamment celles liées au prix de la matière première.
Il s’agit d’un problème qui freine considérablement la production. Les stands d’exposition dédiés au bijou ont été mis en place au niveau du CEM Chahid Larbi Mezani où d’autres participants ont dénoncé également le fait que «des copies de leurs bijoux soient fabriquées à partir de matériaux bas de gamme, voire nocifs pour la santé, et vendus à bas prix.
Les services concernés doivent agir pour mettre fin à cette activité», ont-ils déploré. La protection de ce patrimoine par sa labellisation est le souhait des artisans qui confectionnent avec passion beaucoup de bijoux réalisés à partir d’argent et agrémentés de corail et d’émail. «Nous voulons donner un nouveau souffle pour l’activité artisanale dans la région et redorer le blason d’une profession ancestrale menacée de disparition», souligne un organisateur qui estime que le bijou est le véritable reflet de l’essence même de la culture locale au niveau d’Ath Yenni.
Il est important de noter l’affluence de visiteurs et l’engouement des vacanciers pour ces fêtes traditionnelles. Celles-ci constituent un véritable prélude pour le développement exceptionnel du tourisme de montagne qui gagne du terrain chaque année. Les locaux et les visiteurs s’en donnent à cœur joie pour profiter de ces rencontres.
Le mois de juillet dernier a été également bien chargé en matière de manifestations culturelles qui ont animé les villages de la wilaya de Tizi Ouzou. Ath Kheir, dans la daïra de Mekla, a abrité la 5e édition du Salon national de la poterie, du 13 au 17 juillet, manifestation placée cette année sous le thème «Notre patrimoine culturel au cœur du développement local». Le Salon des produits du terroir a eu lieu du 17 au 19 du même mois à M’Kira, daïra de Tizi Gheniff, à l’extrême sud-ouest de Tizi Ouzou.
La première édition du festival culturel et artistique «Montagne art» a été organisée à Bounouh, les 21 et 22 juillet, à l’initiative des associations culturelles Moh Said Oubelaïd et Akal d izuran ainsi que l’association environnementale La voix de la nature, au grand bonheur des amateurs du tourisme de montagne qui y ont assisté.
En somme, la wilaya de Tizi Ouzou dispose de potentialités qui se dévoilent d’année en année en faveur du tourisme de montagne, et ce, à travers la sauvegarde et la promotion du patrimoine local.