Les Etats-Unis et le culte de la violence

20/07/2024 mis à jour: 14:05
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Il suffisait de trois centimètres pour que la balle qui a traversé une oreille de Donald Trump ne lui fracasse le cerveau, ce qui aurait entraîné sa mort immédiate.

 Les Etats-Unis auraient été poussés dans une grave crise politique et sécuritaire interne aux lourdes retombées mondiales du fait du poids des USA dans les relations internationales. Ce n’est pas nouveau, tout au long de l’histoire du pays, plusieurs Présidents ou candidats à la Maison-Blanche ont  subi le même sort. 

Le  14 avril 1865  Abraham Lincoln est le premier chef d’Etat à mourir assassiné, alors qu’il venait de sortir victorieux de la guerre civile. Le 22 novembre 1963  eu lieu le spectaculaire meurtre de John Fitzgerald Kennedy, tué par balle lors d’un cortège à Dallas (Texas). Le  5 juin 1968, ce sera tragiquement au tour du frère cadet de Kennedy, Robert Francis, sénateur et candidat démocrate à la présidence, d’être assassiné. Le 30 mars 1981, c’est au tour de Ronald Reagan d’être visé par un tireur qui lui a causé de graves blessures. 


Pour  de  multiples raisons, le crime politique est devenu une sorte de tradition aux  Etats-Unis, une d’entre elles  la détention et la  circulation légale de millions d’armes dans le pays. 

L’autre cause est l’importance des fractures et des traumatismes au sein de la  société qui a vécu une terrible guerre de sécession ainsi que l’esclavagisme et  l’apartheid. Leur abolition n’a pas éliminé le racisme contre les gens de couleur et les immigrés  fortement présents sur le sol américain. 

Pour autant, grâce à une grande diversité ethnique et culturelle, les USA ont  créé un style de vie tout particulier l’«American way of life» qui repose sur la consommation de masse et les loisirs, même au prix du gaspillage et de la destruction écologique. Mais la caractéristique qui préoccupe le reste du monde est  le choix fait  par le pays de devenir le «gendarme du monde», notamment après  la Seconde Guerre mondiale.  

Le prix payé par la société américaine est exorbitant. Selon divers rapports américains, la somme de plus de 8000 milliards de dollars est le coût estimé pour les guerres engagées en Afghanistan, en Irak et ailleurs au Moyen-Orient, depuis les attaques du 11 septembre 2000.

 Le conflit en Afghanistan (qui a également touché le Pakistan voisin) a coûté  2,3 billions de dollars américains ; celui en Irak, 2,1 billions. D’autres zones de conflits ont coûté  355 milliards en plus des 1100 milliards en dépenses de sécurité intérieure et 2200 milliards en soutien aux vétérans, pour une somme globale de 8 billions de dollars. 

Le coût humain de ces conflits est aussi extrêmement lourd. Du côté américain, 7052 soldats et 8189 sous-traitants de l’armée ont perdu la vie dans les guerres du Moyen-Orient – en gros, deux fois plus en Irak qu’en Afghanistan. Selon le Bureau américain des vétérans, environ 3000 anciens combattants des guerres d’Irak et d’Afghanistan se sont suicidés depuis 20 ans. Au moins 387 072 civils et 301 933 combattants considérés comme ennemis ou terroristes ont été tués lors des opérations militaires américaines au Moyen-Orient. Un bilan auquel il faut ajouter 892 travailleurs humanitaires et 680 journalistes. 


Après le 7 octobre 2023,  les Etats-Unis ont soutenu ouvertement Israël dans sa guerre menée à Ghaza. Régulièrement ont été bloqués les appels au cessez-le-feu votés par une grande majorité de pays aux Nations unies. Washington n’a cessé de  fournir des armes et des munitions à Tel-Aviv en quantité suffisante pour que l’armée israélienne mette en œuvre son génocide. Le Congrès américain a voté des aides financières de plusieurs dizaines de milliards de dollars à Israël. Chaque année est renouvelée automatiquement une aide de 4 milliards de dollars. 

Au total, depuis sa création en 1948 jusqu’au début de l’année 2023, plus de 158 milliards de dollars d’aide ont été dépensés pour Israël, dont plus de 124 milliards pour le volet militaire. Les deux partis politiques dominants, les démocrates et les Républicains, tour à tour au pouvoir, partagent la même vision dans la gestion des affaires du monde. Ils s’accordent sur l’essentiel qui est de faire toujours de l’Amérique «le gendarme du monde», quitte à prendre  le risque, désormais, d’entrer en confrontation  directe avec d’autres superpuissances, la Chine et la Russie tout particulièrement. Nixon, Reagan,  Obama, Clinton, Bush, Biden, Trump, c’est le partage d’un  même culte, celui de la violence. 

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