Jusque-là, le modèle de consommation énergétique algérien est basé sur les énergies fossiles, le pétrole et le gaz essentiellement. Les ménages, les industries et les services y ont recours intensément, encouragés par le soutien des prix décidé par l’Etat depuis toujours. Depuis que l’impact désastreux des énergies fossiles sur le climat a commencé à être établi à l’échelle mondiale et que des appels pressants ont été lancés pour leur réduction, le problème de la consommation a commencé à être posé en Algérie. Notre pays ne pouvait s’y dérober, d’autant qu’il est également un gros producteur. L’Algérie consomme 42% de sa production énergétique, a indiqué le professeur Noureïev Yassa, Commissaire aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique. Il ajoute que «la structure de cette consommation est dominée par les ménages et les secteurs tertiaires». «Le mix énergétique actuel est dominé par les énergies fossiles, 70% de gaz naturel et 30% de pétrole» et «l’ambition est d’atteindre un mix énergétique équilibré entre le gaz naturel, le pétrole et les énergies renouvelables». La part de celles-ci est actuellement de 440 MW, soit 2% issus principalement de l’énergie solaire, précise le Pr Yassa. Tout est à faire donc en direction des énergies renouvelables et cela demandera du temps, des moyens et de la prise de conscience. Celle-ci semble se préciser du côté des pouvoirs publics, mais la population ne semble pas y prêter attention. Les Algériens n’ont pas tellement conscience des enjeux induits par le dérèglement climatique, et ce, par manque de sensibilisation étatique, médiatique et d’actions de la part d’associations solides œuvrant dans ce domaine. Alors même que le pays ressent ses effets, les premiers à en payer le prix sont les citoyens proches de la terre, surtout les fellahs, dont le labeur dépend de l’accès à l’eau. Les autres citoyens du pays sont dans un autre état d’esprit forgé par un modèle de consommation qui privilégie l’utilisation immodérée de l’énergie et de l’eau aux tarifs soutenus par l’Etat. Il faut pourtant que la mentalité change, la population algérienne, actuellement de 44 millions d’habitants, croît à une vitesse exponentielle, de 1 million d’habitants par an. S’il fallait chez nous une preuve du dérèglement climatique, c’est bien l’énorme épisode neigeux que vit le pays depuis une semaine, après trois mois entiers d’immense déficit pluvieux et un été torride, à une forte pression atmosphérique concentrée en Méditerranée, une sorte de barrière empêchant toute infiltration d’air froid lequel il a été repoussé vers d’autres régions et a causé des inondations souvent catastrophiques. In extremis, la saison agricole est sauvée et l’alimentation en eau potable sera plus ou moins assurée correctement durant l’été et l’automne prochains. Le gouvernement avait anticipé en lançant un programme d’urgence de construction de nouvelles stations de dessalement de l’eau de mer. Ce sera coûteux, mais indispensable, car même s’il neige ou pleut de temps en temps, la sécheresse ne pourra être évitée. C’est une donnée structurelle, des barrages aux trois quarts vides, des nappes pratiquement basses et des terres assoiffées d’eau, sans rendements ou presque. Sont d’ailleurs affectées la plupart des contrées du monde, notamment de l’hémisphère sud. Des spécialistes dans le domaine indiquent qu’au cours des «prochaines années et jusqu’en 2030, ou encore en 2050, la pluviométrie saisonnière dans le pourtour méditerranéen diminuera de 20%, voire oscillera entre 15 et 30%». Il y aura de plus en plus de «températures élevées et une sécheresse prononcée, après des incendies de forêt dévastateurs. Même le milieu et le nord de l’Europe ainsi que l’Amérique ne seront pas épargnés». Il faudra apprendre à vivre avec car la planète souffre d’un grand mal, le bouleversement climatique mondial, antithèse de la vie affectant tous les écosystèmes et l’ensemble des moyens de subsistance. La planète est en train de perdre, à grande vitesse, l’équilibre entre le chaud et le froid et l’harmonie générale de la nature qui permet aux espèces vivantes de se perpétuer. A cause précisément des humains qui se sont lancés depuis, au moins un siècle, dans le productivisme industriel sans limites et dans l’exploitation à outrance des ressources humaines. La planète est arrivée maintenant à épuisement, c’est-à-dire que toutes ses ressources sont exploitées. Elle vit à crédit, c’est-à-dire qu’elle emprunte aux générations à venir de quoi faire vivre celles d’aujourd’hui. De quoi terrifier les milliards de personnes des décennies à venir.
Au dernier sommet sur le climat, en Egypte, un texte été adopté sur les réductions d’émissions de gaz à effet de serre. Il appelle à une réduction «rapide» des émissions et réaffirme l’objectif de l’accord de Paris de contenir le réchauffement de la planète à 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle. Mais le secrétaire général de l’ONU et nombre de pays avaient regretté un manque d’ambition pour «drastiquement réduire» les émissions de gaz à effet de serre. La guerre entre la Russie et l’Ukraine, en valorisant le recours au charbon, est venue aggraver la situation.