Le Brésil et l’Inde, qui s’opposaient à cette option, de peur de voir leur influence baisser au sein du groupe, ont fini par rejoindre l’avis de la Chine, de la Russie et de l’Afrique du Sud sur la nécessité d’ouvrir leur bloc à d’autres partenaires.
Initialement prévue hier, la conférence de presse des chefs d’Etat des pays BRICS devant aborder les conclusions des travaux du 15e Sommet aura finalement lieu aujourd’hui. La question de l’élargissement du groupe pour devenir les BRICS+ a été au cœur des entretiens de cette édition se déroulant en Afrique et placée sous le signe du multilatéralisme et d’une gouvernance mondiale plus juste. Alors qu’aucun nouveau membre ne devrait être admis au sein des BRICS au cours de ce sommet, il a été plus question d’examiner le cadre et les critères d’admission des nouveaux adhérents. La déclaration commune en préparation devrait inclure les conditions d’acceptation des futurs membres.
Les cinq pays, composant le groupe des BRICS, ont accordé leurs violons sur la nécessité d’un élargissement à d’autres membres afin de renforcer le poids économique et géopolitique du groupe. Le Brésil et l’Inde, qui s’opposaient à cette option, de peur de voir leur influence baisser au sein du groupe, ont fini par rejoindre l’avis de la Chine, de la Russie et de l’Afrique du Sud sur la nécessité d’ouvrir leur bloc à d’autres partenaires. «L’Inde soutient pleinement l’élargissement des BRICS», a déclaré hier le Premier ministre indien, Narendra Modi, comme pour réfuter les allégations de division au sein des BRICS, largement relayées par les médias occidentaux.
Et d’ajouter cette affirmation : «L’Inde s’engage à poursuivre ses efforts pour justifier sa participation au groupe des cinq.» Le Président brésilien, Lula da Silva, et tout en plaidant pour l’admission de son voisin argentin au groupe, a affirmé de son côté, que les groupe de BRICS est en train de s’organiser et veut «s’asseoir à la table des négociations sur un pied d’égalité avec l’Union européenne et les Etats-Unis». Le Président sud-africain, Cyril Ramaphosa, tout en se disant heureux d’apprendre le soutien de l’Inde, a précisé, pour sa part, que la décision sur l’élargissement sera prise «quand le moment viendra», en notant que les travaux du sommet se poursuivront jusqu’au 24 août.
Le président sud-africain a tenu à expliquer que «tous les pays membres soutiennent pleinement la proposition d’élargir la famille des BRICS». Reste, dit-il, à «espérer trouver une solution claire à la question du choix des candidats et les conditions de leur entrée». Ramaphosa a soutenu dans son discours, lors de la session plénière d’hier, que la «famille des BRICS interagit profondément avec l’Afrique et s’intéresse beaucoup à la croissance africaine».
Ceci et de noter en défenseur de l’Afrique : «Nous voulons que les marchandises du continent entrent en concurrence avec celles des autres régions.» Le Président chinois, Xi Jinping, a appelé, quant à lui, à «profiter du système BRICS+ pour accueillir de nouveaux membres et élargir notre famille» et d’être contre la coercition économique. «Les BRICS devraient jouer un rôle plus important sur la scène internationale en dépit des turbulences», dit-il, en notant que le groupe doit œuvrer à ne pas créer de petits blocs. «Nous devons intégrer davantage de pays dans la famille des BRICS», soutient le dirigeant chinois. Le Président russe, Vladimir Poutine, participant à distance aux travaux du sommet, a tenu à souligner que «les BRICS sont contre l’hégémonie et la politique de néocolonialisme».
Les dirigeants du groupe des BRICS ont, tour à tour, abordé des questions susceptibles de renforcer les voies de coopération entre eux ou avec d’autres partenaires, une fois le groupe élargi. Revoir le droit international en incluant la défense des droits des plus faibles, former un ordre mondial multipolaire, changer le système financier international, remodeler l’Organisation du commerce mondial, créer des voies de transport sûres et stables, développer un système de satellites en créant un consortium d’études spatiales, développer l’intelligence artificielle avec des mécanismes pour la contrôler et la guider, renforcer les échanges en devises locales en s’affranchissant du dollar ; ce sont autant de chantiers proposés par les différents dirigeants et intégrés dans la feuille de route du futur BRICS afin d’accroître son influence et contrer l’hégémonie du système unipolaire.
Les BRICS produisent à l’heure actuelle, un quart de la richesse mondiale et rassemblent 42% de la population du globe. Une vingtaine de pays ont exprimé le souhait de rejoindre ce groupe et attendent l’issue du sommet pour connaître les conditions des BRICS. Le prochain Sommet devant se dérouler dans la province russe de Kazan, en octobre 2024, prendra la forme de BRICS+, a affirmé Poutine.