Les crèches semblent devenues de véritables foyers de contamination à la Covid-19. Cela a été confirmé par de nombreux médecins qui soulignent que ces établissements qui accueillent des dizaines d’enfants doivent être fermés en urgence afin de briser la chaîne de transmission du virus.
«Le nombre d’enfants en bas âge présentant des symptômes de la Covid-19 augmentent de jour en jour. Nous avons remarqué que 30% des patients sont inscrits au niveau des crèches. En plus de la fièvre, ils ont le nez qui coule et souffrent presque tous de toux, de diarrhée et de douleurs articulaires», témoigne un pédiatre exerçant à Boumerdès.
Cette wilaya compte plus de 105 crèches agréées d’une capacité moyenne de 40 enfants chacune. Néanmoins, la quasi-totalité est toujours en activité, et ce, malgré la progression fulgurante de la pandémie.
Les parents continuent en effet d’y acheminer leurs enfants la peur dans l’âme. Ce constat est confirmé par un médecin exerçant aux urgences de pédiatrie de l’EPH de Thénia. «Les enfants sont devenus les principaux agents de transmission du virus. Il est vrai qu’ils guérissent au bout de cinq jours maximum, ce qui n’est pas le cas de leurs parents, notamment ceux qui ne sont pas vaccinés ou ceux souffrant de maladies chroniques», explique-t-il.
Laissée à l’appréciation des walis, la fermeture des crèches et autres structures accueillant un large public tarde encore à intervenir. Une situation qui suscite l’incompréhension du corps médical épuisé par cette 4e vague de la maladie. Contactée, la directrice de l’action sociale d’Alger, Mme Dassi Mokhtaria, affirme n’avoir reçu aucune instruction dans ce sens. Même réponse de son collègue de Boumerdès qui a laissé comprendre que la question le dépasse.
Laghouat donne l’exemple
Avant-hier, c’est le wali de Laghouat qui a montré l’exemple à suivre en prenant plusieurs mesures en vue de limiter l’avancée de la pandémie. En sus des crèches, les autorités locales ont procédé à la fermeture des marchés ainsi que des salles des fêtes pour une durée de 10 jours.
Dans la wilaya de Jijel, plusieurs mesures ont été prises dans ce sens, mais celles-ci concernent surtout les lieux de loisirs ainsi que les centres d’enseignement des langues étrangères. Ailleurs dans d’autres wilayas, on semble attendre que la décision vienne d’en haut. A Guelma, la fermeture des écoles a été vécue comme une aubaine par les adeptes des cours de soutien.
Certains s’adonnent à ce commerce dans des garages qui sont dépourvus des moindres commodités, rapporte notre collègue sur place. Malgré l’évolution inquiétante de l’épidémie, les élèves suivent les cours à 40 par salle. «Le gouvernement devait commencer par les crèches et pas les écoles. C’est dans les crèches qu’il y a plus de risques de contamination, car dans les écoles les élèves portent au moins les bavettes et sont conscients des dangers qu’ils encourent», soutient Abdennour, un parent qui a inscrit pour la 2e année ses deux enfants dans une crèche à Rouiba.
«J’ai remarqué que même le gel n’est pas toujours disponible dans cet établissement. Il y a des parents qui y accèdent sans bavette. Ma fille m’a avoué avoir constaté plusieurs absents dans son groupe.
Ce qui m’oblige à garder mes enfants à la maison en attendant que la situation s’améliore. Normalement, on n’a pas à attendre le wali ou le Premier ministre pour fermer cette crèche puisque ses responsables peuvent le faire d’eux mêmes», ajoute-t-il, accusant certains gérants de ce type de structures de ne se soucier que des gains à engranger à la fin du mois qu’à la santé des enfants.
Ce phénomène reste en vogue, mais n’est pas la règle dans ce métier de garder les enfants d’autrui. Avant-hier, une crèche basée à Boumerdès a annoncé sa fermeture pour une durée d’une semaine. Saluée par beaucoup de parents, cette décision responsable a été justifiée par la propagation fulgurante du virus parmi les enfants ainsi que le personnel de l’établissement.
Après la reprise, les parents ne sont pas autorisés à accéder à l’intérieur de la structure et leurs enfants sont obligés de se munir de gel hydroalcoolique et d’une bouteille d’eau afin de limiter la transmission de la maladie. Un exemple à suivre.