Les Arabes divisés face à l’offensive sioniste

06/04/2023 mis à jour: 00:05
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Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Abou El Gheith

Les Etats arabes restent divisés face à la spirale de violence sioniste qui cible, constamment, la population palestinienne. 

Après l’assaut violent mené mardi par les forces de l’occupation sioniste contre la mosquée Al Aqsa, troisième lieu saint de l’islam, peu de pays arabes ont exprimé officiellement leur position hier. La Ligue arabe, en perte de vitesse depuis des années, a une fois de plus condamné dans les «termes les plus forts» l’agression israélienne. 

Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Abou El Gheith, a, dans un communiqué, appelé la communauté internationale, les pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU en particulier, à «agir immédiatement» pour forcer l’entité sioniste à «mettre fin à cette escalade dangereuse susceptible d’exacerber davantage la tension» dans les Territoires palestiniens occupés. «Ces agissements irresponsables dans les lieux saints durant le mois sacré du Ramadhan portent atteinte aux sentiments religieux de millions de musulmans à travers le monde», a-t-il ajouté. 

Le ministère syrien des Affaires étrangères a indiqué que la politique agressive de l’entité sioniste «est en train de pousser la région vers une escalade globale». L’Arabie Saoudite, l’Egypte, la Jordanie, le Koweït et le Qatar ont aussi condamné une attaque «brutale», appelant l’occupant sioniste «à cesser immédiatement» toutes les provocations qui pourraient conduire à une nouvelle escalade des tensions dans la région. 

Alors que plusieurs Etats signataires des accords de normalisation avec Israël – dits accords d’Abraham – ont, visiblement, perdu la voix. Trois pays arabes ont reconnu l’Etat d’Israël en 2020 : le Maroc, Bahreïn, le Soudan et les Emirats arabes unis.
 

Position inconfortable 

L’Egypte et la Jordanie ont, elles, franchi le pas il y a plusieurs décennies. Depuis l’arrivée au pouvoir du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, avec ses alliés d’extrême droite et ultra-orthodoxes, la position des pays ayant normalisé avec Israël est devenue «inconfortable», mettant clairement dans l’embarras des dirigeants arabes dont le silence face aux exactions sionistes passe pour être complice. Des dirigeants arabes qui canalisent les critiques. 

A commencer par le président du comité Al Qods, le roi Mohammed VI du Maroc, lui qui est censé être chargé de veiller sur les lieux saints de l’islam de la ville. Commentant hier sur la chaîne Al Jazeera l’agression sioniste, l’écrivain et universitaire saoudien Ahmed Ibn Rashid Ibn Saeed a pointé la responsabilité des pays signataires des accords de normalisation dans le drame que subissent les Palestiniens. 

Il a déclaré que «s’il n'y avait pas eu les normalisateurs, Israël n’aurait pas osé profaner la sainte mosquée Al Aqsa durant le mois de Ramadhan et n’aurait pas lâché sa main sale pour réprimer nos frères et sœurs». Et d’ajouter : «S’il n’y avait pas eu l’ouverture des ambassades, l’ouverture de l'espace aérien et l’échange de délégations, les sionistes ne se seraient jamais sentis en sécurité.» L’Algérie, dont les positions sont restées constantes envers la cause palestinienne, a intensifié ses efforts pour faire front commun contre l’entité sioniste. 

En novembre 2022, Alger avait réuni les dirigeants arabes, qui ont exprimé un «soutien absolu» à la cause palestinienne. Un soutien exprimé dans la déclaration finale du Sommet arabe d’Alger, le premier depuis que plusieurs membres de la Ligue arabe ont normalisé leurs relations avec Israël, sans attendre un règlement mettant fin à l’occupation des territoires palestiniens. 

La déclaration d’Alger a affirmé, rappelons-le, «la centralité de la cause palestinienne» et le «soutien absolu» au droit des Palestiniens à avoir un «Etat indépendant et souverain», avec Jérusalem-Est comme capitale, sur les territoires occupés par Israël en 1967. 

L’Algérie avait placé le sommet de la Ligue arabe sous le signe du «rassemblement», mais plusieurs pays n’étaient pas représentés par leurs chefs d’Etat, notamment l’Arabie Saoudite, le Maroc et les Émirats. 
 

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