L’hécatombe se poursuit sur les routes algériennes. L’accident survenu vendredi dans une localité de la wilaya de Djelfa a fait onze morts, dont l’âge varie entre 3 et 80 ans, et une vingtaine de blessés. La direction de la santé de la wilaya a indiqué que l’accident a eu lieu suite au dérapage d’un véhicule utilitaire qui transportait 24 personnes.
Un drame qui survient après celui enregistré deux jours plus tôt à Alger, lorsqu’un camion a heurté plusieurs véhicules, dans la commune de Khraissia, à Alger, faisant deux morts, mais surtout l’accident survenu dans la wilaya de Naâma, le 31 août dernier, qui a fait 10 morts et 42 blessés, suite au renversement d’un bus. La multiplication de ces accidents, notamment depuis le début de l’été, a fait réagir beaucoup d’Algériens, chacun y va de son explication quant à la hausse du nombre d’accidents de la voie publique. Le problème qui inquiète aussi les autorités du pays.
D’ailleurs, un exposé relatif à la sécurité routière sera présenté aujourd’hui en Conseil des ministres. Le ministre de la Justice, Abderrachid Tabi, avait indiqué, le 1er septembre dernier, à l’occasion de l’installation du président de la cour d’Alger, en évoquant «les effroyables accidents de la circulation qui ont connu une tendance haussière dangereuse au cours de cette saison estivale, et qui ont fait de nombreuses victimes», l’introduction «d’amendements dans la loi relative à l’organisation, la sécurité et la police de la circulation routière qui visent à durcir les sanctions et cela sera suivi par d’autres dispositions réglementaires que le gouvernement va prendre prochainement, en particulier au niveau du ministère des Transports et des services de sécurité».
Même le président du Conseil de la nation, Salah Goudjil, s’est exprimé sur le sujet trois jours plus tard à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire. La situation devient ainsi inquiétante et des mesures doivent être prises pour y faire face. Des mesures qui passeront, probablement, par un durcissement des sanctions en vigueur.
Mais cela va-t-il suffire ? D’autres paramètres sont sûrement à prendre en considération. Le 3 septembre dernier, l’Algérienne des autoroutes (ADA) a annoncé une «interdiction temporaire de la circulation des poids lourds dans la direction Bouira-Alger, au niveau de l’autoroute Est-Ouest», pour éviter Djebahia, considéré comme un point noir, au vu du nombre d’accidents, impliquant surtout des camions, survenus en ce lieu. Dans certains cas, c’est l’état des routes qui en est la cause.
État des véhicules
Il faut ajouter à cela, bien entendu, l’état des véhicules et la conduite des automobilistes. S’exprimant sur le site «Sabqpress», Morsli Amrani, membre de l’aAssociation internationale de la sécurité routière, a évoqué la nécessité de mettre en place une stratégie nationale qui prend en compte les trois paramètres (véhicules, état des routes et conducteurs).
Concernant les routes, celui-ci a indiqué qu’«il y a des points noirs qui datent de quinze ans, sans que leur problème ne soit réglé au moment où de nouveaux se sont ajoutés au lot». Pour ce qui est des conducteurs, il a cité la qualité de la formation. Concernant les véhicules, il a préconisé «d’être plus rigoureux par rapport aux normes des véhicules en circulation dans le pays, que ce soit par rapport à leur vétusté ou leur qualité».
A ce sujet, il faut dire que beaucoup de questions sont posées pour ce qui est de l’efficacité du contrôle technique des véhicules. La vétusté du parc automobile et la qualité des pièces de rechange vendues sont également mis en cause par certains. Par ailleurs, la procédure du retrait de permis de conduire a été annulée depuis le 1er février dernier.
Pour certains, cela a provoqué cette hausse des accidents. Or, même durant les années précédentes, lorsque la procédure de retrait était en vigueur, il y a eu des périodes, notamment durant l’été, où le nombre d’accidents a sensiblement augmenté.
Dans tous les cas de figure, la situation nécessite une analyse approfondie, dans la mesure où la sécurité routière n’est pas seulement une affaire de sanctions.