Comment s’est déroulée l’enquête de 1970 à 2003 sur l’assassinat de Krim Belkacem à Francfort il y a 54 ans ? Jeune Afrique a eu accès aux archives classifiées et rencontré en France des proches du révolutionnaire algérien.
Il y a 54 ans était assassiné Krim Belkacem, l’un des fondateurs du FLN et infatigable négociateur des Accords d’Evian de mars 1962. Notre confrère Farid Alilat a remonté la piste de cette élimination «grâce à des documents exclusifs obtenus auprès des archives allemandes», écrit-il dans Jeune Afrique. Cette enquête journalistique tente de répondre à trois aspects historiques : «Comment Krim Belkacem est passé de héros de la révolution à homme à abattre» ; «Assassinat de Krim Belkacem : le barbouze, l’homme d’affaires et l’ami suisse» et «Pourquoi les assassins de Krim Belkacem n’ont-ils jamais été arrêtés ?»
Le militant nationaliste avait créé en 1967 un parti clandestin, le Mouvement démocratique pour le renouveau algérien (MDRA). La décision de son assassinat, si elle reste encore mystérieuse et le restera sans doute longtemps, n’empêche pas Jeune Afrique de remonter la piste de ses exécutants que révèlent les archives de l’enquête de la police et des services germaniques. Pour ce qui est des décisionnaires, Farid Alilat interroge le passé : «Qui a assassiné Krim ?
Pourquoi et comment s’est-il retrouvé dans cette chambre d’hôtel ? Comment, entre Alger, Paris, Rabat, Genève, Beyrouth et Francfort, s’est tramé son assassinat ? Qui en sont les commanditaires ?» Pour avoir quelques éléments de réponse, le journaliste a ainsi pu éplucher «quelque 1400 pages» qui n’avaient à ce jour jamais été dévoilées, fruit d’une «dérogation spéciale du service des archives allemandes».
Les services allemands ont investigué de 1970 à 2003 permettant de parler des «préparatifs du guet apens tendu à Krim Belkacem par un commando de trois hommes venus d’Alger afin de l’attirer dans un hôtel à Francfort en lui faisant miroiter un coup d’Etat imminent contre le président Houari Boumédiène».
LES TROIS MEMBRES DU COMMANDO ONT VOYAGE AVEC DE FAUX PASSEPORTS MAROCAINS
L’enquête allemande s’est déroulée «en Allemagne, en France, en Suisse, au Liban et au Maroc avec le concours d’Interpol et au moyen de commissions rogatoires internationales» et a permis «d’authentifier les véritables identités de deux des trois membres du commando qui ont voyagé avec de faux passeports marocains et abandonné leurs bagages dans une gare de Francfort». Jeune Afrique donne le nom d’un officier de la Sécurité militaire (SM) algérienne et du pseudo d’un haut cadre de l’Etat algérien.
«Le troisième n’a jamais pu être identifié». «Plusieurs mandats d’arrêt internationaux avaient été lancés contre ces trois hommes sans qu’ils aient jamais été retrouvés ». Quant aux autorités algériennes, «destinataires d’une copie de l’enquête, elles se sont toujours gardées de communiquer sur les circonstances de l’assassinat de Krim Belkacem, comme sur l’identité de ses commanditaires».
Bref, apparemment, pas grand-chose de spectaculaire sauf que l’enquête permet de recréer l’ambiance d’une époque politique ardue, avec les témoignages en France particulièrement de proches de Krim Belkacem.
France
De notre correspondant Walid Mebarek