Démis de ses fonctions jeudi dernier par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, le désormais ex-wali de Blida, Ahmed Maabed, constitue le sujet principal de discussion des Blidéens, surtout que ce haut responsable a été limogé seul et non pas dans un cadre lié à un mouvement partiel ou général des walis. Et de surcroît, à la veille des examens scolaires décisifs (Bac, BEM) et nécessitant beaucoup d'attention de la part des pouvoirs publics. Le ministère de l’Intérieur a annoncé cette décision sans en donner les motifs.
Les habitants disent ne pas trop «regretter le départ d'un wali qui n'aurait pratiquement rien fait pour le développement local». Ce qui est reproché à ce wali, c'est le fait, entre autres, de ne pas avoir engagé l’opération de relogement d’environ 270 familles occupant 49 immeubles menaçant ruine (IMR) classés rouge par le CTC. Craignant pour leur vie, surtout avec le retour des intempéries, les occupants n'ont pas cessé d'interpeller les pouvoirs publics, d'autant que les logements qui leur sont destinés sont fin prêts. «Je me demande pourquoi ce flagrant retard dans le relogement alors qu'il s'agit d'une urgence, pour ne pas dire une histoire de vie ou de mort», regrette un occupant d'un immeuble IMR datant de près de deux siècles.
«On ressent les secousses au moindre pas. Les infiltrations d’eau deviennent omniprésentes, ce qui fragilise la construction. D’ailleurs, déjà à l’entrée de l’immeuble, nous sommes face à des escaliers de fortune qu’on est obligés d’emprunter au détriment de notre sécurité. Jusqu’à quand ?», nous a déclaré, il ya quelques semaines, un autre résident de ce qui est appelé à Blida «les bazars de la mort», dont la date de construction remonte à l’époque ottomane et coloniale.
Les mécontents du wali limogé évoquent, aussi, le cas des nouvelles cités AADL dépourvus d’équipements et commodités les plus élémentaires, comme c'est le cas de la nouvelle cité «Haouch Errih», située sur les hauteurs de la commune de Meftah. Toujours concernant le secteur du logement, la liste des 400 logements sociaux de la commune de Boufarik est fin prête, approuvée par le chef de daïra, mais non encore affichée, provoquant la colère des postulants. Le chef de daïra de Boufarik a déclaré que ses services avaient fait le nécessaire et qu'ils attendaient le feu vert du wali.
Ce dernier a-t-il voulu temporiser pour que l'opération de distribution des logements coïncide avec le 5 juillet ? Les Blidéens estiment qu'il aurait pu distribuer les logements déjà prêts et reloger les familles en danger de mort, et ce, avant d'organiser la cérémonie officielle le jour de l'anniversaire de l'indépendance du pays.
Diplômé de l’École nationale d’administration (ENA), Ahmed Maabed a embrassé la carrière de haut fonctionnaire il y a plus de 20 ans. Tout d'abord wali délégué d’Hussein-Dey (Alger), il est promu wali d'El Tarf en 2010, et ce avant d'être à la tête de Mostaganem, Jijel et Béjaïa. En 2021, il est désigné wali d’Alger avant d'être muté à Blida une année après, où il a exercé ses fonctions de septembre 2022 jusqu'à son limogeage jeudi dernier.