Le spectacle inspiré du roman de Faiza Guène au TRO : Le côté festif prend le dessus sur la Discrétion

25/05/2024 mis à jour: 02:27
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Meriem Medjkane et Amel Kateb narratrices de la discrétion

Pris individuellement, les éléments engagés dans le spectacle intitulé La Discrétion, présenté jeudi au TRO ont sans doute, chacun dans son domaine, un talent avéré. Mais c’est le rendu de cette «performance» qui laisse à désirer, du moins pas à la hauteur des attentes eu égard à l’importance en nombre et sans doute aussi en qualité des «acteurs institutionnels» engagés dans la production. 

L’agence nationale pour le rayonnement culturel, côté algérien, s’est associée avec «Good Chance Theater» et le Festival International du livre  d’Edimbourg, tous deux chapeautés à l’occasion par le British Council, côté Royaume-Uni et, à cela, il faut ajouter la collaboration de  l’Institut français. Le spectacle est inspiré du roman éponyme de Faïza Guène, romancière française d’origine algérienne qui en a elle-même assuré l’adaptation (textuelle sans doute) et qui raconte un parcours familial originaire de «M’sirda Fouaga», localité de la wilaya de Tlemcen et étalé sur près de 70 ans englobant donc la période coloniale, un petit exil au Maroc durant la guerre d’Indépendance, une immigration en France (Aubervilliers) et les retours occasionnels pour les vacances, etc. Si l’œuvre romanesque est originale, ce n’est assurément pas le cas pour l’accompagnement musical en rabâchant des morceaux de la variété ou de la tradition algérienne ni même les projections se contentant souvent, les portraits mis à part, d’images d’archives vues et revues. Le déséquilibre sonore est flagrant entre le live musical et la  lecture des textes. 

Rien à dire évidemment sur le talent des musiciens engagés et à leur tête Hakim Hamadouche (chant et mandole électrifié adapté en luth ou vice et versa), anciennement compagnon de route de Rachid Taha, mais leur performance pêche également par la mauvaise qualité du rendu sonore, souvent étouffant et qui, parfois, ne permet même pas à l’autre chanteuse de la formation, Sylvie Paz, de performer dans la gamme. Rien à dire aussi sur les talents de diction de Meriem Medjkane assurant la déclamation en français ou celle de Amel Kateb pour la traduction en arabe algérien (pour ne pas dire Maghrébin), mais c’est l’ensemble du spectacle pris dans son intégralité qui reste non convainquant. Pas de rythme mis à part ceux mis en avant par les musiciens et qui  accrochent toujours le public, mais il ne s’agit pas ici d’un spectacle musical ni d’une comédie musicale. 

La lecture d’un roman ouvre habituellement la voie à l’imagination mais ici, la portée littéraire ou même philosophique, s’il y en a une, se retrouve effectivement noyée dans les flots de décibels et de lumières pour ne retenir que des bribes lesquelles ne sont sauvées que par les passages teintés d’humour. L’aspect théâtral (on est quand même au TRO) est presque absent mais, en revanche, on peut dire que le côté intimiste du récit trouve bien son prolongement dans le public via les filiations notamment amicales venues encourager les proches et justifiant par la même occasion l’excédent d’applaudissements. Elles justifient aussi et surtout l’aspect foncièrement festif qui a caractérisé cette soirée, notamment vers la fin, mais laissant loin derrière le contenu du roman qui reste à découvrir et donc à lire et c’est toujours ça de gagné. 

 

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