Le rôle des incubateurs en débat à l’université de Tizi Ouzou : Plaidoyer pour un financement adapté aux spécificités des start-up

05/10/2023 mis à jour: 19:05
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Le séminaire national sur le rôle des incubateurs dans la valorisation des résultats de la recherche et promotion des start-up a eu lieu au campus de Hasnaoua II ( Bastos) - Photo : D. R.

Rapprocher l’université de son  milieu socioéconomique  à travers la valorisation des résultats de la recherche et création de nouveaux mécanismes de financement des entreprises innovantes sont, entre autres, les recommandations d’un séminaire national sur les incubateurs organisé à la FSEGSC de Tizi Ouzou.

Les incubateurs, les start-up et la valorisation des résultats de la recherche scientifique suscitent de plus en plus l’intérêt des universitaires. Plusieurs rencontres ayant trait aux domaines en question sont régulièrement organisées, ces derniers mois, à l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. C’est dans ce sillage, d’ailleurs, que la faculté des sciences économiques, de gestion et des sciences commerciales de l’UMMTO a initié deux jours de débat sur ce thème.

Ainsi, à l’initiative de l’équipe Perfu relevant du laboratoire Développement, économie, finance et institutions que préside le professeur Belaïd Abrika, un séminaire national sur le rôle des incubateurs d’entreprise dans la valorisation des résultats de la recherche scientifiques et la promotion des start-up en Algérie a eu lieu, lundi et mardi, au campus de Hasnaoua II ( Bastos).  Le recteur de l’UMMTO, le Pr Ahmed Bouda et le doyen de la FSEGSC, le Dr Mohamed Laiche, ont, lors de leurs interventions, à l’ouverture de cette rencontre, mis l’accent sur l’importance de ce genre d’activités aussi bien pour l’université que pour son environnement socioéconomique.

D’ailleurs, c’est ce qu’a même développé, dans l’argumentaire de cette manifestation, le coordinateur scientifique du séminaire, le Dr Mouloud Berbar, qui a estimé, en outre, que «rapprocher l’université de son milieu socioéconomique consiste en un objectif pluridisciplinaire (économique, politique, scientifique, etc.) qui nécessite des instruments juridiques, organisationnels et institutionnels. La démarche ne peut s’effectuer de façon anodine, il ne s’agit pas pour l’université de rompre avec ses principales missions, mais d'œuvrer en harmonie avec les exigences de son territoire et de ses acteurs», a-t-il souligné tout en mettant l’accent sur l’université algérienne qui, a-t-il précisé, connu des mutations profondes, des réformes sur le plan pédagogique et académique.

«A partir de 1962, l’Algérie s’est consacrée à la mise en place d’un maillage infrastructurel visant à créer des centres universitaires et des universités ayant pour objectif de couvrir le besoin des populations en termes de formation. Cette logique s’est renforcée durant les années 2000 en mettant en place des pôles universitaires, laboratoires, centres de recherche, etc. Nonobstant des efforts consentis, la relation entre l’université et son milieu socioéconomique manque de fluidité. Le partenariat université-territoire passe par plusieurs actions, parmi lesquelles on peut citer celle de la valorisation des résultats de la recherche.

Écosystème entrepreneurial

La finalité de la recherche universitaire consiste à traiter des problématiques concrètes dont les résultats permettront de déboucher sur une production de connaissances mais également des innovations porteuses de valeur ajoutée économique et sociale. Pour cela, des partenariats sont établis entre l’université et les principaux acteurs économiques, notamment les entreprises et d’autres institutions publiques, en accueillant des étudiants et chercheurs universitaires dans le cadre de leurs travaux respectifs», a-t-il ajouté.

Outre les travaux d’ateliers, plusieurs communications ont été animées par des enseignants,  doctorants, professionnels, porteurs de projets innovants, étudiants, directeurs d’incubateurs, directeurs de laboratoires et acteurs locaux qui se sont attelés à expliquer les pratiques d’accompagnement et de financement des start-up. Les recommandations de la rencontre portent particulièrement sur la mise en place  d’un écosystème entrepreneurial favorable à l’évolution des start-up, la création de nouveaux mécanismes de financement adaptés aux spécificités de ces entreprises. Et ce, tout en développant la relation université-entreprises à travers la valorisation des résultats de la recherche.

Les intervenants ont abordé différents aspects en relation avec le thème de la rencontre. Docteur Sonia Kherbachi de l’université de Béjaïa et le Dr Amina Kaci de l’Ecole supérieure en sciences et technologie de l’informatique et du numérique (Estin) ont présenté une analyse bibliométrique sur les incubateurs virtuels et l’entrepreneuriat numérique. Le Pr Samir Akkache de l’université Akli Mohand Oulhadj de Bouira a évoqué l’esprit entrepreneurial en Algérie tout en mettant l’accent sur le décret ministériel 1275 portant sur le mécanisme «un diplôme-une start-up».

Le capital risque a été également souligné dans l’intervention du Dr Salah Hamimdet de l’université de Jijel  qui a présenté une étude de cas sur le financement des start-up aux Etats-Unis durant la période de 2014 à 2020. Le financement des entreprises innovantes en Algérie a été également abordé par plusieurs autres participants, à l’image de Dr Djamila Ferhat d’Oran, Rabi Khedaoudj, doctorant de Médéa, et le Pr Lila Amiar de l’UMMTO.

Le Pr Kamel Moulai est revenu, lui aussi, sur la coopération université-entreprise tout en mettant en relief les logiques d’acteurs et incitation. Le Dr Ahmed Kabene a parlé du parcours et des logiques d’incubation au niveau du campus de start-up Station F. Des porteurs de projets innovants ont également assisté au séminaire afin de présenter leurs expériences. Le fondateur de Cowork. Art, Aghiles Boudarene, a expliqué le programme d’accompagnement à l’entrepreneuriat en phase de croissance (l'accélérateur de start-up).

Processus d’incubation

Par ailleurs, pour ce qui est de la valorisation et de l’accompagnement,  Rabah Feraga, chef du département management à  l’Anvredet (Agence nationale de valorisation des résultats de la recherche et du développement technologique), a axé son intervention sur  la valorisation des produits de la recherche par les processus d’incubation et de transfert de technologie. Il a souligné, également, les missions de l’Anvredet et les modalités d’accompagnement des porteurs de projets innovants tout en rappelant l’importance de s’adapter aux changements opérés au sein de l’écosystème d’innovation.

Ce dernier, a-t-il estimé, a connu une dynamique positive ces dernières années, notamment à travers le  rôle vecteur que joue le secteur de l’enseignement supérieur via ses structures de recherche et les services d’appui à l’innovation comme les  incubateurs académiques. Le Pr Amina Leghima-Aissat et le Dr Wassila Iguergaziz ainsi que Yamina Boulifa de l’UMMTO, ont présenté une communication sous le thème «Modalités de financement des start-up et les risques associés : quelles leçons pour l’Algérie ?» tandis que le Pr Sabrina Chikh-Amenache, membre de la Commission nationale de coordination et de suivi de l’innovation,  s’est intéressée à l’apport des incubateurs universitaires à la promotion de l’esprit d’entreprise. Par ailleurs, notons que  la même faculté prépare un autre séminaire national hybride (en présentiel et à distance).

Cette rencontre scientifique, qui aura lieu les 17 et 18 octobre courant, portera sur les villes algériennes face aux enjeux du développement durable. Il sera question ainsi de s’interroger  également sur les «transformations dans la fabrique urbaine». Plusieurs axes seront décortiqués par les participants lors de ces deux journées scientifiques. Les processus de mobilité urbaine durable, la coopération décentralisée, la gouvernance urbaine et la gouvernance environnementale ainsi que l’attractivité et le développement local sont, entre autres, les axes de ce séminaire national.       

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