Le retour du monstre

11/05/2022 mis à jour: 09:05
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Avec une incroyable légèreté et sans se soucier des réactions internationales, les talibans ont renié tous leurs engagements pris après leur retour au pouvoir en août dernier. 

Après le départ précipité des Américains, qui s’apparente à une débandade qui rappelle des scènes vécues en mai 1975 à Saigon, les islamistes afghans avaient essayé de faire bonne figure pour se faire accepter par la communauté internationale.
 

Ils voulaient faire oublier leur funeste passage à la tête du pays de 1996 à 2001, période durant laquelle ils ont imposé la terreur à tout le peuple afghan. Le monde n’oubliera jamais cette femme en burqa assise au milieu d’un terrain de football dans un stade plein à craquer où, dans un silence de mort, des hommes à la barbe hirsute s’approchent d’elle et lui tirent une rafale de kalachnikov dans la tête, ou la destruction de statues géantes de Bamiyan à coups de dynamite. 

Ces événements ont marqué les esprits. «Ce n’est que de la roche», ont répondu les monstres de Kaboul à une communauté internationale indignée par ce crime. Une preuve flagrante de leur inculture et un mépris total pour la civilisation humaine. Il faut rappeler qu’après l’invasion de l’Afghanistan par l’armée soviétique, les services secrets pakistanais ont recruté et formé, avec le concours de la CIA, des ruraux afghans totalement analphabètes issus des écoles coraniques pour recevoir une formation dans le maniement des armes. 

Ces derniers étaient fanatisés à l’extrême. Les talibans ont été renvoyés dans leur pays pour faire la guerre à l’Armée rouge. L’Afghanistan était devenu un camp international de regroupement de terroristes islamistes. C’est là-bas que des Algériens du Fis ont appris à commettre des massacres de masse. Ejectés du pouvoir par les Américains, qui ont fini par comprendre, mais trop tard, à qui ils avaient à faire, les talibans se sont repliés dans les montagnes et au Pakistan, dans les zones tribales pachtounes, attendant de pouvoir prendre leur revanche.
 

Ils reprendront le pouvoir en août dernier. Ils ont mis de côté leurs excès du passé pour pouvoir ainsi consolider leur emprise sur le pays. Ils ont même fait illusion. Les femmes, qui, entre-temps, se sont émancipées et ont appris à se battre, ont contesté l’hégémonie talibane. Les nouveaux maîtres de Kaboul ont fait le dos rond en attendant le maillage total de la société, sans toutefois réussir. Le Panshir, une région qui a combattu les Soviétiques et qui a échappé à leur contrôle, a repris les armes. De son côté, Daech, pourtant très proche idéologiquement des mollahs, a repris de son côté les massacres de civils, ciblant particulièrement les mosquées de la minorité chiite Hazara.
 

Chassez le naturel, il revient au galop. Dans ce climat délétère, les obscurantistes, partisans de la violence la plus barbare, s’attaquent à ce qu’ils considèrent comme le maillon faible de la société, la femme. Pour cela, ils commencent à fermer les écoles pour filles, quelques heures seulement après leur réouverture, promettant de les rouvrir plus tard. Leur chef suprême vient de franchir une étape supplémentaire en obligeant les femmes à porter les burqas et rester à la maison. Les contrevenantes seront fouettées en public.
 

Les Afghans ont très peu de chance de réussir à fuir le pays. Dans le cas où le miracle venait à se produire, ils s’installeront en Europe, car le monde musulman leur fermera les portes. Avec les nouveaux développements, il est à craindre que les talibans renouent avec leurs vieux démons. Quand ils étaient les maîtres du jeu à la fin du siècle dernier, ils avaient transformé leur pays en une base internationale du terrorisme islamiste qui a ensanglanté le monde musulman et une partie de l’Occident. Auront-ils aujourd’hui les moyens de reprendre leurs activités criminelles ? La vigilance s’impose, les Algériens en connaissent quelque chose. Les «fous de Dieu» n’ont pas de frontières.

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