Le président syrien Bachar el-Assad assistera au sommet de la Ligue arabe ce vendredi, treize ans après

17/05/2023 mis à jour: 06:50
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Pour la première fois depuis treize ans, le président syrien Bachar el-Assad participera vendredi 19 mai en Arabie saoudite à son premier sommet de la Ligue arabe. Il signe ainsi son retour sur la scène arabe après un long isolement dû à la guerre dans son pays. 

L'organisation panarabe a réintégré le 7 mai le régime syrien qui en avait été exclu fin 2011 après la répression d'un soulèvement populaire qui avait dégénéré en guerre dévastatrice.

Le ministre syrien des Affaires étrangères a confirmé mercredi que Bachar el-Assad participerait au sommet de Djeddah, sur la mer Rouge, auquel le royaume l'a convié la semaine dernière. «Il viendra pour assister à ce sommet», a déclaré Fayçal Mekdad, qui a rencontré son homologue saoudien Fayçal ben Farhane en marge d'une réunion préparatoire des ministres arabes des Affaires étrangères à Djeddah.

Réhabilitation de Damas

Des analystes voient dans l'invitation adressée à Bachar el-Assad une manifestation du poids diplomatique de l'Arabie saoudite, qui a plaidé pour la réhabilitation de Damas et cherche à peser sur les conflits de la région. Outre le rétablissement des liens avec le régime syrien, les chefs d'État arabes devraient se pencher sur la situation au Soudan, en proie à des combats meurtriers depuis un mois, et au Yémen, théâtre d'une guerre depuis plus de huit ans.

C'est d'ailleurs à Djeddah que se déroulent des pourparlers entre les représentants des belligérants soudanais, facilités par les États-Unis et l'Arabie saoudite. Le royaume cherche aussi à mettre fin à la guerre au Yémen, en négociant avec les rebelles Houthis, soutenus par l'Iran, qu'il a longtemps combattus aux côtés du gouvernement yéménite.

Contexte de détente

Ces initiatives n'ont pas abouti à des avancées majeures jusque-là, mais des éditorialistes saoudiens croient aux chances de succès de Ryad. «Le sommet de Djeddah est l'un des plus importants depuis longtemps, car il permettra de reconstruire la région», a déclaré l'observateur saoudien Suleiman al-Aqili. S'il «parvient à réintégrer la Syrie dans le giron arabe et à adopter une position ferme sur les conflits au Soudan et au Yémen, ce sera un succès», a-t-il ajouté.

Les efforts diplomatiques de la puissante monarchie du Golfe s'inscrivent dans un contexte de détente, marqué par une reprise de ses relations diplomatiques, annoncée en mars, avec l'Iran, son grand rival dans la région. Moins de deux semaines après, le royaume a annoncé reprendre ses services consulaires avec Damas, allié de Téhéran. Reste à savoir si la réintégration de Damas au sein de la Ligue arabe contribuera à faire avancer une résolution du conflit en Syrie, et permettra aux dirigeants arabes d'obtenir des concessions de Bachar el-Assad sur des questions comme le retour des réfugiés syriens.

Fin d'un «isolement régional»

«Le retour d'Assad au sein de la Ligue arabe est une mesure symbolique marquant le début du processus devant mettre fin à son isolement régional», a souligné l'analyste Anna Jacobs du cercle de réflexion International Crisis Group. Il sera important d'observer «s'il sera accompagné d'une normalisation économique, en particulier de la part des États arabes du Golfe», a-t-elle ajouté. À Damas, le sommet de Djeddah suscite en tout cas l'intérêt des habitants.

«C'est la première fois depuis de nombreuses années qu'avec ma famille nous nous intéressons à l'actualité politique, car nous avions perdu espoir», a affirmé Haidar Hamdan, un professeur de géographie de 44 ans, qui dit espérer que des ambassades rouvriront et que les entreprises étrangères reviendront dans son pays.

Un chemin «long et difficile»

En revanche, Sawsan, 29 ans, employée chez un concessionnaire automobile, est plus prudente. «Nous savons que le sommet arabe n'est pas une baguette magique qui résoudra tous les problèmes de la Syrie», a-t-elle affirmé. «C'est peut-être un début, mais le chemin vers une solution sera long et difficile». Le chemin à parcourir paraît tout aussi difficile au Soudan et au Yémen. Les belligérants soudanais se sont engagés la semaine dernière à respecter des principes humanitaires, mais les pourparlers à Djeddah n'ont pas encore abouti à une trêve.

Au Yémen, si les efforts de paix sont «sérieux», les prochaines étapes sont encore incertaines, a affirmé récemment l'ambassadeur saoudien. Pour Torbjorn Soltvedt, de la société d'intelligence économique Verisk Maplecroft, le royaume saoudien cherche à «se réinventer en tant que principale puissance diplomatique dans la région», mais le succès de cette mission reste encore à démontrer.

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