La réunion du Conseil des ministres de lundi dernier a été consacrée au suivi de la mise en œuvre de la feuille de route pour le développement de la flotte nationale de transport maritime de marchandises. Le président de la République a demandé au ministre chargé de ce segment de l’économie l’élaboration d’un rapport détaillé sur l’état du secteur «en définissant les responsabilités» pour le soumettre à la prochaine réunion du Conseil des ministres. La marine marchande a fait couler beaucoup d’encre les années passées à cause d’un laisser-aller flagrant et même, dit-on, des tentatives de malversation et de sabotage. Rappelons-nous ces bateaux longtemps bloqués à quai dans nos ports faute d’entretien et de maintenance ainsi que les sept navires de la CNAN saisis à l’étranger pour diverses raisons. Une situation qui a favorisé des entreprises extérieures activant dans notre pays (CMA, Maersk entre autres) et mettant à profit un partenariat douteux. Ces compagnies se sont sucrées gracieusement à cause de la précarité financière de nos entreprises de transport maritime. La chute du transport maritime national, secteur important de notre économie, a été provoquée par un «désinvestissement important subi à notre détriment», le laissant confronté «au diktat de trois compagnies étrangères», a martelé, il y a quelques années, le directeur de la marine marchande au ministère des Transports, M. Boushaki. Ces compagnies ainsi que d’autres pavillons étrangers, estiment des observateurs, ont engrangé des milliards de dollars dans le fret.
106 navires composent la flotte marchande nationale, dont 1 container ship, 11 général cargo, 10 oil tanker et 84 autres en tout genre (chiffres 2018). Ces éléments concernent 5 vraquiers (charbon, céréales, ciment, minerais, etc.), des porte-containers, pétroliers, GNl, cargos réfrigérés, remorqueurs, navires à passagers (croisières et ferries) et des navires de ravitaillement offshore. Récemment, il a été opéré la réception de deux porte-conteneurs (le Djanet et le Cirta) acquis pour le compte de CNAN-Med, filiale du groupe CNAN. Il y a quelques jours, un autre ferry est venu enrichir la petite marine de transport de voyageurs de la compagnie nationale Algérie Ferries. Il s’agit du Bordj Badji Mokhtar fraîchement sorti d’un chantier naval chinois d’une capacité de 1800 voyageurs et 600 véhicules et qui aura coûté la bagatelle de 175 millions de dollars. Il viendra s’ajouter à la flotte d’Algérie Ferries que sont le Tassili II, le Djazaïr II et le Tarik Ibn Ziad qui ont un peu moins d’une vingtaine d’années de moyenne d’âge.
Lors du Conseil des ministres donc, M. Tebboune a donné des instructions pour la réhabilitation du pavillon national, non seulement en y injectant de nouveaux investissements par l’acquisition de nouveaux navires modernes, mais également en luttant efficacement contre «le laisser-aller et le sabotage» qui ont de tout temps caractérisé le secteur de la marine marchande nationale. L’Algérie aspire à rivaliser avec les autres pavillons de la Méditerranée et générer à l’import-export en même temps une économie de devises, mais surtout en suscitant un apport de ressources financières extérieures grâce au fret et au transport en tout genre et pour tout pays qui en exprime la demande sur le marché international.