Le Premier ministre Mario Draghi a démissionné jeudi : L’Italie convoquée aux urnes dès cet automne

24/07/2022 mis à jour: 02:54
AFP
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Photo : D. R.

L’archi-favori du scrutin à venir est la coalition dite «de centre-droit», qui réunit Forza Italia, le parti de droite de Silvio Berlusconi, et l’extrême droite représentée par la Ligue du tribun populiste antimigrant Matteo Salvini et Fratelli d’Italia.

A peine la page Draghi a-t-elle été tournée que l’Italie se retrouve en campagne électorale avec la décision jeudi du président Sergio Mattarella de dissoudre le Parlement, provoquant des élections anticipées qui devraient se tenir fin septembre ou début octobre. «La situation politique a conduit à cette décision», a déclaré le Président lors d’une brève allocution télévisée, en référence à la démission du Premier ministre, Mario Draghi, après la défection jeudi de trois partis importants de sa coalition lors d’un vote de confiance au Sénat.

«La discussion, le vote et les modalités dans lesquelles ce vote a été exprimé hier au Sénat ont rendu évidentes la fin du soutien parlementaire au gouvernement et l’absence de perspectives pour donner naissance à une nouvelle majorité», a-t-il expliqué, tout en rendant hommage aux «efforts déployés durant ces 18 mois» par M. Draghi. Les médias italiens avancent plusieurs dates possibles pour ces élections : le 18 et le 25 septembre, ou encore le 2 octobre.

L’archi-favori du scrutin à venir est la coalition dite «de centre-droit», qui réunit Forza Italia, le parti de droite de Silvio Berlusconi, et l’extrême droite représentée par la Ligue du tribun populiste antimigrant Matteo Salvini et Fratelli d’Italia.

Fratelli d’Italia, parti post-fasciste présidé par Giorgia Meloni, est donné en tête dans les intentions de vote, à près de 24%, devant le Parti démocrate (22%) et la Ligue (14%), selon un sondage de l’institut SWG réalisé le 18 juillet. Forza Italia recueillerait 7,4% des voix et le Mouvement 5 Etoiles (M5S) 11,2%. Jusqu’à nouvel ordre, le gouvernement démissionnaire dirigé par Mario Draghi reste en place pour expédier les affaires courantes.

L’extrême droite «prête»

La démission de l’ex-chef de la Banque centrale européenne était devenue inévitable après que Forza Italia, le parti de droite de Silvio Berlusconi, la Ligue, la formation d’extrême droite de Matteo Salvini, et la formation populiste M5S eurent refusé de participer à un vote de confiance demandé mercredi par le chef du gouvernement au Sénat. M. Draghi s’était dit prêt à rester à son poste seulement si les partis de sa coalition rentraient dans le rang autour d’un «pacte» de gouvernement, déjà mis en péril la semaine dernière par une première défection du M5S. Leur réponse a été cinglante.

Arrivé à la tête de l’Exécutif en février 2021 pour sortir l’Italie de la crise sanitaire et économique, M. Draghi, 74 ans, avait présenté sa démission le 14 juillet au président Mattarella, qui l’avait aussitôt refusée. M. Draghi estimait que son gouvernement d’unité nationale, allant de la gauche à l’extrême droite, était caduc après la crise provoquée par la défection le même jour lors d’un vote-clé, déjà au Sénat, du M5S, lui-même confronté à de fortes dissensions internes et à une hémorragie de parlementaires.

Mais son appel a été ignoré par les poids lourds de sa coalition, déjà les yeux rivés sur la campagne électorale à venir. Finalement, seuls le centre et la gauche incarnée par le Parti démocrate (PD) sont restés jusqu’au bout à ses côtés, entre autres parce qu’ils redoutent plus que tout des élections anticipées où ils sont donnés battus par la droite dans toutes les enquêtes d’opinion.

«Nous sommes prêts. Cette nation a un besoin désespéré de recouvrer sa conscience, sa fierté et sa liberté», a tweeté jeudi Giorgia Meloni, une journaliste de formation de 45 ans qui pourrait devenir la prochaine cheffe du gouvernement italien.

Une perspective qui préoccupe les partenaires européens de l’Italie car sans défendre une sortie de l’UE, Fratelli d’Italia prône une révision des traités et la substitution de l’Union par une «confédération d’Etats souverains». Il ne plaide pas pour une sortie de l’euro mais réclame une réforme radicale de la BCE.

L’UE et l’Otan perdent aussi avec Mario Draghi un «pilier», précieux allié dans leur soutien à l’Ukraine contre Moscou, et ils craignent l’arrivée au pouvoir du russophile Matteo Salvini. Les marchés scrutent de leur côté avec attention la situation dans la troisième économie de la zone euro.

Le «spread», l’écart, très surveillé, entre les taux d’intérêt allemand et italien à dix ans, est monté jeudi à 240 points de base, atteignant un plus haut depuis le printemps 2020, en pleine pandémie de Covid-19. 

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