Le Pr Belhadj appelle à élaborer une stratégie de lutte contre les morts par overdose : Montée alarmante des décès liés à la drogue

02/10/2023 mis à jour: 01:49
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La hausse du nombre de décès liés à la consommation de drogues préoccupe les professionnels de la santé - Photo : D. R.

Les décès dus à une consommation excessive de drogues, en particulier de substances dures et de psychotropes, comme la cocaïne, l’héroïne, la «tchoutchna» (un mélange de plusieurs produits) et la Prégabaline (connue sous le nom de «el saroukh»), sont en constante augmentation.

Les professionnels de la santé tirent aujourd’hui la sonnette d’alarme face à une préoccupation sérieuse : la recrudescence alarmante des décès de jeunes, souvent liés à la consommation de drogues.

Rachid Belhadj, président de l’Académie algérienne de développement des sciences médico-légales et chef de service de médecine légale au CHU Mustapha, a exprimé ses inquiétudes lors de son passage à l’émission «L’invité de la rédaction» sur la radio Chaine III.

«Nous voyons de plus en plus de morts subites causées par les drogues consommées à fortes doses», a affirmé Rachid Belhadj, ajoutant qu’«en tant que médecins légistes, cela fait presque une année et demi que nous alertons la tutelle et les pouvoirs publics sur ce phénomène inquiétant des décès des suites de consommation de drogues».

Le Pr Belhadj souligne que les décès dus à une consommation excessive de drogues, en particulier de substances dures et de psychotropes, comme la cocaïne, l’héroïne, la «tchoutchna» (un mélange de plusieurs produits) et la Prégabaline (connue sous le nom de «el saroukh»), sont en constante augmentation. Ces substances ont des effets nocifs sur le cerveau, le foie et les reins, pouvant entraîner la mort.

Le médecin légiste déplore le manque de données précises sur les overdoses, car de nombreux décès surviennent sans qu’un diagnostic ne soit établi. Il souligne que ce phénomène complexe et inquiétant affecte la sécurité sanitaire des Algériens. Par exemple, selon les statistiques du ministère de la Justice, le nombre d’affaires liées au cannabis est passé de 3197 en 2015 à 38 280 en 2022, tandis que les affaires liées aux psychotropes sont passées de 16 100 en 2015 à 376 000 en 2022.

Le Pr Belhadj témoigne également de la fréquence des cas de victimes de la drogue dans les services d’urgence, en état comateux ou végétatif, ainsi que des agressions causées par des consommateurs de drogue, que ce soit dans un contexte professionnel, scolaire ou dans la rue.

«En tant que témoin privilégié, nous recevons quotidiennement des victimes des méfaits de la drogue au niveau des urgences, souvent dans un état comateux, ou bien dans un état de végétation dans les services de psychiatrie ou encore dans un service de chirurgie pour cause de violence. Ce qui nous inquiète, c’est que ces consommateurs de drogue sont souvent à l’origine des accidents de la circulation. Nous recevons également des victimes agressées par les consommateurs de drogue, que ce soit en milieu professionnel, en milieu scolaire ou dans la rue», constate-t-il.

Le médecin légiste insiste sur la nécessité d’améliorer les moyens de diagnostic au niveau national et appelle l’Etat à soutenir les services de médecine légale en fournissant des moyens scientifiques pour détecter les overdoses. Il souligne également l’importance de la numérisation pour le recensement des données de santé publique.

En somme, la hausse du nombre de décès liés à la consommation de drogues et de substances stupéfiantes préoccupe grandement les professionnels de la santé en Algérie. Le Pr Rachid Belhadj tire la sonnette d’alarme, soulignant que ce fléau touche principalement les jeunes de 16 à 22 ans, provenant de toutes les couches de la société. Il exhorte les autorités à élaborer une stratégie de lutte contre ce phénomène qui a évolué, passant de la consommation de cannabis à celle de drogues plus dangereuses, mettant ainsi en péril la santé et la sécurité des jeunes Algériens. 


 

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