Les citoyens découvrent ce matin du 22 février, date d’anniversaire de l’enclenchement du hirak, une ville quadrillée par les services de sécurité.
En plus des barrages filtrants installés à la périphérie du périmètre urbain, des fourgons cellulaires ont été stationnés au niveau des boulevards principaux de la ville, de l’université et devant quelques lycées, avons-nous constaté sur le terrain.
Le dispositif de police est renforcé, notamment près de la place Saïd Mekbel et à l’esplanade de la maison de la Culture (Amriw), le point de départ habituel des marches du mouvement citoyen, et où se tiennent, depuis dimanche, des journées portes ouvertes sur le corps de la Garde républicaine de l’ANP. Des agents de police sur les dents contrôlent systématiquement les bus de transport public et ceux des étudiants.
Vers 13h, à Amriw, un groupe de jeunes, près d’une centaine selon les témoignages, dévalant de la mosquée El Kawtar, scande les slogans habituels du hirak : «Dawla madaniya, machi askkariya (Pour un Etat civil, non militaire).» Ces derniers ont été rapidement chargés par les éléments des forces antiémeute qui ont opéré plusieurs arrestations dans la foule.
Du côté de l’université, des étudiants se préparent pour tenir un rassemblement devant l’auditorium du campus Targua Ouzemmour. Pendant ce temps, au niveau des quatre chemins, à l’entrée de la ville, deux bus universitaires transportant du matériel de sonorisation ont été «interceptés» et redirigés vers le commissariat central. Parmi les étudiants arrêtés, Oussama Terki, Youva Naït Haddad, Mazigh Azouaou et Ishak Aissani. Se dirigeant vers le siège de la CDDH, où doit se tenir la réunion prévue hier par la LADDH, trois activistes du hirak ont été débarqués d’un bus avant d’être embarqués dans un fourgon cellulaire. Il s’agit de Samir Cherrat, Omar Aït Larbi et Hamza Hammour.
La rencontre de la LADDH a réuni plusieurs militants et syndicalistes pour débattre de la situation des libertés publiques et des droits humains, en particulier en Algérie. Commentant les conditions dans lesquelles se tient cette activité et le climat tendu, caractérisant ce troisième anniversaire du hirak, Saïd Salhi dira : «C’est un climat exceptionnel, de répression, d’intimidation et de contrainte. Le dispositif, déployé autour de la CDDH depuis ce matin, et à travers la ville, l’université et des places connues pour être les repères du hirak, prouve que le pouvoir veut assassiner l’espoir du changement et refermer la parenthèse du hirak, confirmant ainsi sa nature répressive à travers cette nouvelle vague d’arrestation.»
Le responsable de la LADDH a estimé qu’«en termes de bilan, trois ans après la sortie du peuple dans la rue, on a enregistré un flagrant recul des acquis, notamment, le droit d’organisation, de marcher et de se rassembler», regrettant le fait que «3 ans après, le peuple célèbre cette journée dans la peur et la répression».
Notre interlocuteur a tenu à appeler une nouvelle fois à «la libération des détenus qui ont été incarcérés pour leurs opinions».