Le point sur les négociations : «La balle est dans le camp de l’occupant»

08/05/2024 mis à jour: 02:00
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Lundi, le mouvement Hamas a répondu favorablement à la proposition de cessez-le-feu présentée par le Qatar et l’Egypte. Israël n’a pas tardé à exprimer son rejet de cette offre de paix, et le cabinet de guerre de Netanyahu a approuvé à l’unanimité la poursuite de l’offensive sur Rafah. Toutefois, une délégation israélienne s’est rendue hier au Caire pour poursuivre les discussions autour d’une trêve.

Alors que les événements s’accélèrent du côté de Rafah, où l’armée israélienne a déployé ses chars après avoir fait évacuer la partie est de la ville, le long feuilleton des négociations palestino-israéliennes a connu de nouveaux rebondissements. De fait, lundi soir, et après plusieurs rounds de discussions, le Hamas a annoncé qu’il acceptait les termes de la proposition de cessez-le-feu présentée par le Qatar et l’Egypte.

Ismaïl Haniyeh, le chef politique du Hamas, a informé par téléphone le Premier ministre qatari, cheikh Mohammed ben Abdelrahmane Al Thani, ainsi que le chef du Renseignement égyptien, Abbas Kamel, de la décision du mouvement, leur indiquant formellement que «le Hamas a approuvé leur proposition d’accord de cessez-le-feu», selon un bref communiqué rendu public par le mouvement. «La balle est désormais dans le camp de l’occupant, qui a le choix entre accepter l’accord de cessez-le-feu, ou bien y faire obstacle», a déclaré à l’AFP un responsable du Hamas sous le couvert de l’anonymat.

Les pourparlers devaient reprendre hier en Egypte. Le ministère qatari des Affaires étrangères a annoncé lundi soir avoir envoyé une délégation au Caire dans l’espoir d’obtenir un accord de trêve. «La délégation du Qatar se rendra mardi matin en Egypte pour relancer les négociations indirectes entre les deux parties (...), avec l’espoir de parvenir à un accord pour un cessez-le-feu immédiat et permanent dans la bande de Ghaza en échange de prisonniers et d’otages», a fait savoir en effet le porte-parole des Affaires étrangères qatari, Majed Al Ansari, via un communiqué.

Un dirigeant du Hamas a qualifié ce nouveau round de «négociations de la dernière chance». «Une délégation quittera sous peu Doha pour Le Caire (...) pour achever les négociations sur un cessez-le-feu. Cela pourrait être la dernière chance (pour Israël) de récupérer les captifs (...) vivants», a affirmé à l’AFP ce dirigeant sous le sceau de l’anonymat.

Le projet d’accord approuvé par le Hamas

La réponse israélienne n’a pas tardé : le cabinet de guerre de Benyamin Netanyahu a estimé que les termes de l’accord proposé ne répondaient pas à ses «exigences». Il a même «décidé à l’unanimité» de poursuivre l’offensive sur Rafah. Cette opération, selon les généraux sionistes, «vise à exercer une pression militaire sur le Hamas». Netanyahu est persuadé que plusieurs bataillons du Hamas sont embusqués dans des tunnels creusés sous la ville qui donne sur l’Egypte.

Il en veut pour preuve l’attaque de dimanche dernier menée par les Brigades Ezzeddine Al Qassam contre le poste-frontière de Karam Abu Salem, à proximité de Rafah, qui a fait 4 morts et 12 blessés parmi les soldats israéliens.

Il se sent donc proche du but et pense que l’annonce du Hamas n’est qu’une «manœuvre», une «ruse» pour se donner de l’air et éviter une débâcle qui donnerait le coup de grâce à la résistance palestinienne. Le Hamas a prévenu de son côté que «l’opération israélienne à Rafah ne sera pas une promenade de santé pour l’armée d’occupation».

Tout en maintenant son plan pour Rafah, l’entité sioniste a décidé quand même d’envoyer une délégation au Caire hier pour poursuivre les négociations auprès des pays médiateurs.

Le projet d’accord approuvé par le Hamas prévoit un processus en trois phases devant déboucher sur un cessez-le-feu permanent. Selon une copie du document publiée par le quotidien saoudien Acharq Al Awssat basé à Londres, ce plan de paix préconise une première phase d’une durée de 42 jours.

Durant cette étape, il y aura une cessation des combats et un retrait de l’armée israélienne des zones à forte densité démographique vers les frontières. Les déplacés seront autorisés à rentrer chez eux dans l’ensemble de la bande de Ghaza. Par ailleurs, les flux d’aide humanitaire auront librement accès sur tout le territoire à raison de 600 camions par jour.

Concernant les otages et les prisonniers, le Hamas s’engage à libérer 33 otages «vivants ou morts» au cours de la première phase en échange d’un certain nombre de prisonniers palestiniens. La deuxième étape durera elle aussi 42 jours et verra la poursuite de l’échange de détenus palestiniens contre ce qui reste des otages israéliens, et le retrait des troupes israéliennes.

Pendant la troisième phase, d’une durée également de 42 jours, il y aura un «échange des dépouilles des morts des deux côtés». Selon Associated Press, «le Hamas détiendrait encore une centaine d’otages ainsi que les corps d’une trentaine d’autres». Cette troisième phase sera en outre consacrée à la mise en œuvre d’un plan de reconstruction de la bande de Ghaza.

Mais tout cela reste évidemment hypothétique au vu de l’entêtement israélien à aller au bout de son entreprise criminelle. Pour l’heure, tous les regards sont rivés sur Rafah en priant pour qu’il n’y ait pas de nouvelles boucheries alors que la guerre contre Ghaza vient de boucler son septième mois. 
 

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