Concernant ce dossier sensible de l’adhésion de nouveaux pays aux Brics, je constate malheureusement des déclarations sans analyses objectives, versant parfois dans l’euphorie, alors que lors du Conseil des ministres en date du 20 mars 2023, le président de la République a mis en garde contre toutes promesses infondées faites aux citoyens dans des délais déraisonnables et selon des mécanismes irréfléchis.
Cette présente contribution rentre dans le cadre du seul souci d’un langage de vérité afin d’ éclairer l’opinion publique.
Comme l’a souligné le président de la République, pour consolider sa position stratégique et être un acteur actif au sein des Brics, l’Algérie doit doubler son PIB de 350/400 milliards de dollars entre 2023/2025, étant en 2022, selon le FMI, à 193 milliards de dollars.
Les données de cette présente contribution reprennent les données internationales officielles, dont celles du FMI et de la Banque mondiale, devant préciser que pour avoir une appréciation plus fine, il faut diviser le PIB par la population totale, structurer le PIB en différentes activités et quantifier la répartition du revenu national par couches socles, en tenant compte de l’indicateur du développement humain du PNUD.
1.-Le PIB des Brics en 2021 est le suivant par ordre décroissant :
- la Chine a un PIB de 18 460 milliards de dollars pour une population de 1,4 milliard, et des réserves de plus de 3300 milliards de dollars ;
- l’Inde a un PIB de 3250 milliards de dollars pour une population de 1,4 milliard ;
- la Russie a un PIB de 1750 milliards de dollars pour une population de 143 millions ;
- le Brésil a un PIB de 1608 milliards de dollars pour une population de 214 millions ;
- l’ Afrique du Sud a un PIB de 420 milliards de dollars pour une population de 59 millions.
Nous avons au total pour 2021 un PIB des Brics de 25 498 milliards de dollars, la Chine représentant 72,54%, étant largement leader au sein de cette organisation. Au total, les Brics représentent 45% de la population de la planète et près du quart de sa richesse. Paradoxe, ayant été à l’origine de plus de 50% de la croissance économique mondiale au cours des dix dernières années, les Brics sont faiblement représentés dans les organisations internationales.
2.- Les nouvelles candidatures 2023 selon la formule proposée par la Chine, le Brics+
Il est prévu de nouvelles adhésions lors de la prochaine réunion des Brics en Afrique du Sud, cette dernière assumant la présidence depuis le 1er janvier 2023, succédant à la Chine qui accueillera le sommet des Brics dans la province de Gauteng du 22 au 24 août, selon la Présidence du pays d’accueil (source AFP). Nous avons par ordre décroissant :
- le Mexique a un PIB de 1273 milliards de dollars et une population de 127 millions ;
-l’Arabie Saoudite a un PIB de 844 milliards de dollars et une population de 36 millions ;
- l’Argentine a un PIB de 487 milliards de dollars et une population de 46 millions ;
- le Nigeria a un PIB de 441 milliards de dollars et une population de 213 millions;
- les Emirats arabes unis a un PIB de 415 milliards de dollars pour une population de 10 millions ;
- l’Egypte a un PIB de 404 milliards de dollars et une population de 110 millions ;
- l’Iran a un PIB de 360 milliards de dollars et une population de 88 millions ;
- l’Algérie a un PIB de 163 milliards de dollars et une population de 44 millions d’habitants.
Avec les nouvelles adhésions, nous aurons un accroissement de population de 674 millions d’habitants qui s’ajoutent à ceux des Brics et un rajout au PIB de 6551 milliards de dollars passant de 25% en 2022 à environ 30% du PIB mondial.
Mais pour l’instant, entre 2022/2023, les USA et l’Europe, y compris la Grande Bretagne, pour moins d’un milliard d’habitants accaparent sur un PIB mondial de 100 000 milliards de dollars en 2022, environ 40% du total (voir contributions Pr A. Mebtoul- American Herald Tribune US aout 2019, en anglais, l’Algérie face aux les nouveaux enjeux géostratégiques mondiaux et mars 2023 Finantial Afrik Paris/ Dakar, l’impact sur les relations internationales des Brics). Quelle conclusion tirer ?
Il faut être réaliste, dans la pratique des relations internationales et surtout économiques, n’existent pas de sentiments, mais que des intérêts, l’impact au sein d’une organisation d’un pays étant fonction de sa puissance économique.
Avec les impacts du conflit en Ukraine, le rétablissement des relations diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie Saoudite et les nouvelles adhésions aux Brics, nous devrions assister à une nouvelle configuration des relations internationales, loin du modèle européen centriste, s’orientant vers un monde multipolaire.
La stratégie des Brics est de favoriser le codéveloppement, se fondant sur le respect du choix souverain du système politique et économique de chaque nation, tenant compte de son histoire et de son anthropologie culturelle.
L’action des Brics a permis de soulever des problèmes jusque-là ignorés par les pays développés dans un esprit dépassé de domination, comme le déséquilibre de l’économie mondiale, qu’il ne peut y avoir de développement global sans le développent et de prospérité de la majorité des pays en voie de développement, proposant de créer un partenariat global fondé sur le dialogue productif par une compréhension mutuelle et une coordination des efforts entre le Nord le Sud afin de résoudre les nombreux défis de notre monde.
C’est pour échapper à la dépendance de l’hégémonie du dollar que les Brics ont décidé de créer une nouvelle banque de développement à travers la contribution des banques centrales des Brics, une partie des réserves de devises étrangères pourrait être concentrée, de même, par l’émission d’emprunts sur le marché financier international, pour servir au développement des Brics.
[email protected]