La journée du Rif organisée, le 23 novembre dernier à Alger, par le Parti national rifain (PNR), a permis de remettre au grand jour la vieille revendication légitime de la souveraineté de la République du Rif (en tamazight Tagduda n Rif).
le Parti national rifain (PNR), parti indépendantiste, souligne la légitimité historique et le droit international inaliénable de la revendication des Rifains à permettre au Rif de recouvrer sa souveraineté politique et territoriale.
Historiquement, le Rif n’a jamais été un territoire du Maroc.
La République du Rif était le premier etat d’Afrique du Nord à proclamer son indépendance en 1921, sous le commandement de l’homme politique et dirigeant militaire rifain Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi (dit Abdelkrim). Le peuple rifain n’a jamais reconnu la souveraineté du régime marocain sur le territoire du Rif. Le Sahara occidental n’est pas le seul etat qu’occupe illégalement depuis 1975 le régime marocain, qui a annexé illégitimement aussi la République confédérale du Rif.
La République du Rif était combattue à la fois par le régime marocain et par l’Espagne et la France. Après le traité conclu entre la France et le Maroc en 1912 à Fès, pour l’organisation du protectorat français dans le royaume marocain, les Rifains ont mené une résistance armée aux intrusions espagnoles et françaises.
Sous le commandement de Abdelkrim El Khattabi, le peuple du Rif central a lutté contre les colonisateurs espagnols et français. En 1915, les autorités françaises ont incarcéré Abdelkrim El Khattabi dans une forteresse pour ses idées anticolonialistes. a sa sortie des geôles coloniales, Abdelkrim El Khattabi a organisé la résistance armée contre les colonisateurs. Il est parvenu à réunir les principales tribus du Rif, et a constitué le noyau de son armée. Il est devenu le leader historique de la résistance anticoloniale. Après avoir créé un commandement et une administration souveraine, Abdelkrim El Khattabi a battu les Espagnols à de nombreuses reprises.
En 1921, l’Espagne a perdu près de 16 000 soldats lors de la bataille d’Anoual, signe une retentissante et historique victoire de la résistance rifaine. Le 18 septembre 1921, Abdelkrim et ses compatriotes ont proclamé la naissance de la République confédérale du Rif. C’est la première république indépendante de l’histoire du sud de la Méditerranée avec une structure moderne. De nombreuses régions du nord du Maroc se sont ralliées à Abdelkrim.
La naissance de la République du Rif
La jeune République du Rif est alors née en se dotant d’une Constitution, d’un gouvernement, d’un parlement et même d’une monnaie appelée «le rifain». La république du Rif regroupait 56 régions, dont les plus connues sont Tanger (Fahs), Berkane (Iznassen) et Saïdia (Triffa). L’hymne national rifain revendique l’inclusion des villes de Tanger, Tétouan, Chefchaouen, Hoceima, Nador et Berkane. Le Rif dispose de représentants diplomatiques à Londres, à Paris et à la Société des Nations (ancêtre de l’ONU). Abdelkrim se rapproche sur le plan diplomatique de l’etat laïc turc qui était alors dirigé par le leader éclairé Mustafa Kemal Atatürk. Alors que le Maroc était occupé par la France et l’Espagne, le Rif était un etat qui a un territoire défini, un gouvernement et la capacité d’établir des relations avec d’autres nations.
La reconnaissance par d’autres états est essentielle, car elle confère un statut de souveraineté juridique internationale. Mais les puissances coloniales européennes ne voyaient pas d’un bon œil la naissance d’etat souverain rifain. En 1925, Abdelkrim El Khattabi lance une offensive contre l’armée d’occupation française pour atteindre l’oued Ouergha, qu’il considère comme la frontière géographique naturelle de la République du Rif. La même année, la France a soutenu militairement l’Espagne contre les résistants rifains, formant une alliance. En mai 1926, une offensive espagnole est lancée sur la capitale de la République rifaine, Ajdir.
Le 27 mai 1926, Abdelkrim est vaincu et se rend pour obtenir la cessation des bombardements aux armes chimiques sur les populations rifaines. Le même jour de cette reddition, la république du Rif est dissoute par la France et l’Espagne. Les autorités coloniales forcent Abdelkrim El Khattabi à l’exil à la Réunion.
En 1947, ce leader rifain a réussi à s’enfuir et s’est réfugié en Egypte, où il a continué à militer pour la décolonisation de l’Afrique du Nord. Il meurt au Caire le 6 février 1963, à l’âge de 81 ans, avec la satisfaction d’avoir vécu l’indépendance de l’Algérie en 1962. Chérif Lahdiri
Références bibliographiques :
Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi et la République du Rif (ouvrage collectif, actes du colloque international d’études historiques et sociologiques, tenu à Paris du 18 au 20 janvier 1973), Paris, François Maspero, coll. «Textes à l’appui», 1976, 535 p. (ISBN 2-7071-0776-X).