Il est en première ligne de l’information sur le drame de Ghaza, c’est Wael El Dahdouh, journaliste à Al Jazeera, chaîne révélée par sa couverture de la guerre du Golfe. Trois jours après la mort, sous les bombes, de son épouse et de ses deux enfants, il était à l’antenne pour poursuivre son travail, un exemple d’abnégation avec le devoir de rendre compte, minute par minute, de l’opération génocidaire israélienne.
Wael El Dahdouh est conscient que le monde entier, notamment les populations arabes, est rivé sur Al Jazeera qui tente de battre en brèche l’intense propagande des pays occidentaux agissant au profit d’Israël. Sa spécialité, c’était le direct à partir des maisons éventrées et des hôpitaux en détresse saturés par le nombre de morts et de blessés. Trente-six autres journalistes palestiniens ont perdu la vie sous les bombes israéliennes. Ils portaient le brassard bleu «presse», comme celui de Cherine Abou Akla, reporter assassinée il y a quelques mois par un soldat israélien qui avait exécuté un ordre bien précis de sa hiérarchie militaire. Pour les Israéliens, cibler les journalistes n’est pas gratuit, ils visent à réduire au silence les voix opposées à la leur.
L’arme de la communication est un des éléments clés de la stratégie israélienne d’invasion, d’occupation et de répression de la Palestine. Un autre but recherché est de montrer à l’opinion publique internationale, par le matraquage et le mensonge, qu’Israël n’est qu’une «pauvre victime» se défendant contre les groupes «terroristes» palestiniens et contre les Etats de la région qui lui sont traditionnellement hostiles.
Israël tente aussi, avec le soutien inconditionnel de tous les médias occidentaux, d’imposer l’idée qu'il est le seul pays «démocratique» au Proche-Orient dont les Etats sont attardés politiquement. Israël est une sorte de coqueluche de l’Occident, défendue contre vents et marées, en dépit de toutes les tragédies qu'elle a provoquées depuis 1948, année de son installation au cœur de la Palestine, expulsant ses habitants par la violence, la dépossession des terres des habitants et par la violation des lieux saints.
Le point d’orgue, aujourd’hui, est l’opération de liquidation des Ghazaouis, avec déjà près de 8000 morts et la destruction de la moitié de leurs habitations et d'infrastructures de l’enclave par d’incessants intenses bombardements.
Le prétexte est l’élimination du mouvement Hamas, mais la réalité qui commence à éclater au grand jour au sein de l’opinion publique mondiale est la poursuite de projet historique du mouvement sioniste mondial qui est l’accaparement total de l’ensemble des tarotiers palestiniens par la généralisation de la colonisation de peuplement et l’élimination de toutes les personnes qui s’y opposent.
Sous les yeux effarés des populations de tous les continents, se déroule en direct un véritable génocide et se découvre la véritable nature de l’Etat d'Israël, raciste et assassin, qui fait fi non seulement du droit international mais également des règles de base fixées par le droit humanitaire.
A quelque chose malheur est bon, rien ne sera plus comme avant, après ce massacre des Ghazaouis. Israël commence à devenir un paria de l’humanité. S’il ne faut rien attendre des élites politiques et militaires des Etats-Unis et de l’Europe, bien qu'elles soient ébranlées, les opinions publiques commencent à réagir au nom de la justice et des valeurs humaines, n’admettant plus la barbarie à l’égard d’un peuple. Elles pèseront, un moment ou un autre, sur leurs gouvernants, y compris au sein d’Israël où commence à surgir l’idée que les dirigeants qui se sont succédé à la tête du pays ne faisaient qu’appliquer un projet d’essence idéologique de spoliation de la Palestine au profit du peuple juif soi-disant élu.
Pour les dirigeants arabes, le temps de la remise en cause a sonné. Ceux qui ont noué des relations diplomatiques avec Israël sont sommés, par le fil des événements, à procéder à leur rupture totale et ceux qui se sont lancés dans l’aventure insensée de «normalisation» avec Tel-Aviv de faire marche arrière.
Ce sera le minimum pour que soit honorée la mémoire des martyrs palestiniens tombés à Ghaza. Que les enfants et l’épouse de Wael El Dahdouh reposent en paix ainsi que tous les martyrs de Ghaza.