Le ministre français de l’Intérieur multiplie les interventions médiatiques : Retailleau s’acharne contre l’Algérie

21/01/2025 mis à jour: 14:03
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Photo : D. R.

Dans sa diatribe clairement anti-algérienne, le ministre de l’Intérieur français, Bruno Retailleau, s’est appuyé sur deux  faits essentiels : le refus d’Alger d’accueillir l’influenceur «Doualemn» et les poursuites engagées par la justice algérienne contre Sansal.

Qu’est-ce qui pourrait expliquer l’agressivité de Retailleau vis-à-vis de l’Algérie ? Le ministre de l’Intérieur français, nommé à ce poste le 21 septembre 2024, ne rate, en effet, aucune occasion pour déverser son fiel contre l’Algérie au point de susciter des réactions de réprobation de la part même de personnalités politiques françaises de divers bords.

Retailleau est revenu, avant-hier, à la charge dans un contexte marqué par de fortes tensions entre Alger et Paris, attisées notamment par l’affaire de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, mis en examen par la justice algérienne pour «atteinte à l’intégrité territoriale» du pays. Invité sur le plateau de BFM TV, il a ainsi souhaité la fin de l’accord franco-algérien de 1968 relatif aux conditions d’entrée en France des ressortissants algériens.

Ce n’est pas la première fois que Retailleau dénonce les termes de cet accord, au demeurant défavorable en partie aux Algériens qui se rendent en France.  En premier lieu, les étudiants algériens. Un accord qui, rappelons-le, écarte les Algériens du droit commun en matière d’immigration. «Il faut le remettre sur la table», a-t-il dit, tout en dénonçant, selon lui, «l’agressivité» d’Alger vis-à-vis de Paris. Répétant à satiété que la France avait été «humiliée», lorsque l’Algérie a refusé l’entrée sur son territoire d’un influenceur algérien expulsé de France, Retailleau ne voit aucun inconvénient à faire dans le mélange des genres.

Depuis peu, il n’hésite pas à marcher sur les platebandes de son collègue du Quai d’Orsay, Jean-Noël Barrot, butinant ici et là son fameux : «Je ne laisserai rien passer.» Ségolène Royal, ancienne ministre et conseillère de François Mitterrand, s’en est d’ailleurs dernièrement offusquée, s’interrogeant sur le rôle que s’est attribué Retailleau dans la gestion du dossier des relations algéro-françaises. «Il est ministre des Affaires étrangères ? Quand on a soutenu la loi inqualifiable sur ‘‘les bienfaits de la colonisation’’, est-on légitime pour menacer l’Algérie, afin de faire oublier le fiasco d’une expulsion claironnée avant d’être réalisée ?» s’est-elle interrogée dimanche sur son compte X (anciennement Twitter).

Et d’ajouter : «On comprend la démission du conseiller diplomatique de l’Elysée (Emmanuel   Bonne, ndlr), un diplomate professionnel respecté et expérimenté, conscient de l’effondrement de l’estime pour la France en Afrique en raison de postures arrogantes d’un autre âge.» Emmanuel Bonne a, faut-il le préciser, annoncé son départ sur fond, entre autres, de tensions avec la cellule militaire de l’Elysée, selon Le Monde.

Le quotidien  français affirme que  plusieurs «incidents» ont conduit à la démission de Bonne, parmi lesquels l’approche de la France officielle par rapport à ses relations diplomatiques avec certains pays du Sud. Dans sa diatribe clairement anti-algérienne, le ministre de l’Intérieur français s’est appuyé sur deux  faits essentiels suscitées plus haut : le refus d’Alger d’accueillir l’influenceur «Doualemn» et les poursuites engagées par la justice algérienne contre Sansal.

Fixation maladive

«L’accord  de 1968 est daté et a déformé l’immigration algérienne. Il n’a pas lieu d’être. Il faut le remettre sur la table», a-t-il poursuivi. Et d’enchaîner : «La France doit choisir des moyens de répondre à l’Algérie. On est allé au bout du bout […] je suis favorable à des mesures fortes, car sans rapport de forces, on n’y arrivera pas.»  Bruno Retailleau, proche de Philippe de Villiers, tente ainsi de se positionner encore plus à droite après avoir changé de chapelles politiques au gré des circonstances du moment.  Il fait son entrée en politique en intégrant le Mouvement pour la France (MPF), dont il devient vice-président.

En 2004, il gagne ses premières élections, devenant sénateur de la Vendée. Membre de divers groupes d’études, il travaille, entre autres, sur une mesure visant à augmenter le nombre d’entreprises de taille intermédiaire, soulignent des médias français. En 2010, il annonce qu’il quitte le MPF suite à un désaccord avec Philippe de Villiers.

Devenu président du conseil général de la Vendée, il intègre l’UMP en février 2012 et rejoint le comité de campagne de Nicolas Sarkozy. Deux ans plus tard, il remporte la primaire de l’UMP à la présidence du groupe au Sénat. L’année suivante, il participe aux élections régionales du Pays de la Loire, qu’il remporte haut la main. Lors de la présidentielle de 2017, il soutient François Fillon dès les primaires de la droite. Il reste aux côtés du candidat même pendant le scandale du Penelope Gate.

Après la défaite du candidat à l’élection présidentielle, Bruno Retailleau devient président du club politique Force républicaine, d’après ces mêmes médias. Le 2 septembre 2022, Bruno Retailleau officialise sa candidature à l’élection pour la présidence du parti Les Républicains. Il échoue au second tour du scrutin, battu avec 46,3% des voix. Suite à la nomination de Michel Barnier à Matignon, Bruno Retailleau devient ministre de l’Intérieur. Depuis, son sujet de prédilection est l’Algérie. Et il semble en faire une fixation maladive. 

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