Le ministre de l’Industrie a assuré que c’est humainement difficile à gérer : Aoun condamne l’organisation du secteur public en grands groupes industriels

13/05/2024 mis à jour: 06:38
4940
Photo : D. R.

Le ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun, souligne que l’apport de son secteur au PIB a atteint, 4,1% et que l’objectif est d’atteindre 10% en 2027.

Une année après son installation à la tête du ministère de l’industrie et de la production pharmaceutique, Ali Aoun pointe du doigt l’organisation des entreprises publiques du secteur en grands groupes industriels comme une des principales difficultés enfreignant l’essor du secteur. «Si le secteur public est arrivé à cet état, je l’incombe au management avec la décision prise en 2018 de créer les fameux groupes industriels, c’est humainement ingérable…

A part les groupes GICA et Madar, – qui s’en sortent parce qu’il s’agit d’industrie mono-produit –, les autres font face à des difficultés à cause de cette organisation», expliquait le ministre hier au forum d’El Moudjahid. Parmi les mesures prises pour réduire de l’impact de cette structuration handicapante pour le management, figure la mise en place au dernier trimestre de l’année dernière, du dispositif du contrat de performances pour encourager les managers.

Ceci et de qualifier d’erreur les privatisations qui ont concerné les entreprises publiques en difficulté. «On ne privatise pas un tas de ferraille», assure-t-il en notant que si privatisation il y a, elle doit concerner les unités qui se portent bien. «Ce que nous essayons actuellement de faire, c’est sortir les complexes industriels publics de leur difficile situation. Nous avons sauvé l’Eniem et dans le cas d’ENIE un programme est tracé pour l’aider», explique le même responsable.

Ali Aoun invite les dirigeants des entreprises publiques à prendre des décisions et ne pas avoir peur de les assumer, puisque l’acte de gestion n’est plus pénalisé. «Nous avons constaté une certaine lourdeur, des gestionnaires qui n’osent pas, alors que gérer c’est prendre des risques.»

«L’automobile, une nécessité mais pas une priorité»

Ali Aoun, évoque par ailleurs les succès que connaissent les secteurs de l’agroalimentaire (transformation agricole), et de l’électroménager qui arrivent à répondre aux besoins du marché local. De même pour le ciment (20 millions de tonnes) et la céramique ou encore l’industrie pharmaceutique (3500 molécules sur 4600 sont fabriquées localement).

Concernant le foncier industriel, Ali Aoun, dit qu’il s’agit d’un lourd héritage où des parcelles importantes ont été octroyées à des projets fictifs ou spéculatifs. «6000 hectares ont été récupérés à ce jour et bientôt sera annoncée la naissance de l’agence nationale pour le foncier public et industriel qui est la fusion de deux sociétés et sera organisée en EPIC pour se charger de gérer et recenser les zones industrielles.» 

Le ministre de l’Industrie, Ali Aoun, souligne que l’apport de son secteur au PIB a atteint, 4,1% et que l’objectif est d’atteindre 10% en 2027. Pour atteindre ce niveau «tout est prioritaire dans le secteur de l’industrie, car le marché est demandeur dans toutes les filières», estime-t-il en notant toutefois que si le véhicule est nécessaire il n’est pas prioritaire.

Le secteur de l’automobile qui représente un segment de l’industrie mécanique ne devrait pas, dit-il, constituer une priorité, même si cela reste une nécessité et même s’il capte l’intérêt des investissements étrangers au même titre que l’industrie pharmaceutique.

Ali Aoun a rappelé que 27 agréments ont été octroyés en 2023 à des concessionnaires pour répondre à la demande locale. «Nous avons constaté beaucoup d’anomalies, avec certains concessionnaires qui se sont adonné à des pratiques antiréglementaires», indique le ministre en notant que la plateforme dédiée aux réclamations des clients a recensé pas moins de 20 000 cas  liés principalement au retard d’acheminement des véhicules. 

«Ces concessionnaires ont été rappelés à l’ordre et risquent de perdre leur agrément s’ils ne se conforment pas au cahier des charges», assure le ministre en soulignant que dans ce secteur contrairement à ce que l’on pourrait croire tout est à refaire.

Interrogé sur le devenir des usines de montage, Aoun a affirmé qu’il ne s’agit aucunement d’usine mais de hangars. «J’ai été déçu en constatant de visu qu’il n’y avait rien dans ces soit-disant usines…Tout est à refaire, même les quelques équipements qui existaient ont été cannibalisés», dit-il en avertissant  « certains cercles » qui veulent les reprendre qu’il s’agit de la propriété de l’Etat et c’est l’Etat qui décidera de leur sort. 

Ceci et d’affirmer ne pas être «un partisan de la reprise du flambeau de l’intégration. Dans une économie mondialisée, l’intégration ne veut rien dire », assure Aoun en notant qu’il faut d’abord asseoir un tissu industriel riche et diversifié.

A une question sur le devenir du projet du port d’El Hamdania, le ministre répondra en retour : «Pour quelle utilité ? » « Je n’y crois pas trop, c’est un projet qui est mal parti, lancé dans une conjoncture de non gestion. Il est actuellement à l’arrêt et j’estime qu’il faut se poser la question de savoir s’il faut le garder.»

Le ramassage des peaux de moutons sera rémunéré

Pour l’Aid el Kebir de cette année, le ministre de l’industrie annonce que les citoyens désireux de donner les peaux de moutons aux unités de ramassage, seront encouragés moyennant une somme d’argent symbolique. Il s’agit d’un encouragement pour inciter les citoyens à participer à l’opération de recyclage de ces peaux très utiles pour l’industrie du cuir. « L’année dernière, sur 4 millions de têtes de moutons sacrifiés, 1,2 million de peaux ont été récupérées » indique Ali Aoun en notant que seuls 20% de ces peaux étaient conformes à l’utilisation industrielle. N. B.

 

Copyright 2024 . All Rights Reserved.