L’État ne badinera pas avec les spéculateurs, notamment lors du prochain Ramadhan. C’est le message fort du ministre de la Justice et garde des Sceaux, Lotfi Boudjemaa, lors de la cérémonie d’installation du nouveau procureur général près la cour d’Alger, Mohamed El Kamel Benboudiaf.
A mesure qu'approche le mois du jeûne, période marquée par une forte demande sur les produits alimentaires et commerciaux, les autorités redoublent d'efforts pour garantir la stabilité économique et protéger les droits des citoyens.
Dans un contexte où certains acteurs malintentionnés cherchent à tirer profit de cette situation en manipulant les prix ou en créant des pénuries provoquées, le gouvernement a réitéré son engagement à appliquer strictement la loi contre la spéculation.
Promulguée le 29 décembre 2021 dans le cadre des réformes économiques initiées par le président Tebboune, elle constitue un outil juridique puissant pour combattre les pratiques illégales qui affectent directement le pouvoir d'achat des citoyens.
Selon cette législation, toute personne ou entreprise soupçonnée de manipuler les prix, de stocker intentionnellement des produits de première nécessité ou de provoquer des pénuries encourt des peines sévères allant jusqu'à plusieurs années de prison et des amendes colossales.
Cette réglementation vise également à sanctionner ceux qui utilisent leur position dominante pour augmenter abusivement les coûts des biens et services essentiels, notamment pendant les périodes sensibles comme le mois de Ramadhan.
En effet, cette période est traditionnellement propice aux dépassements de certains commerçants qui exploitent la forte consommation pour maximiser leurs profits au détriment des consommateurs.
Dans une déclaration solennelle, le ministre de la Justice a rappelé que son secteur «collabore étroitement avec toutes les autorités sécuritaires pour protéger les droits des citoyens, garantir leurs libertés et imposer l'autorité de la loi face aux tentatives visant à manipuler les prix ou à créer la pénurie, particulièrement à l'approche du mois sacré de Ramadhan».
Un message sans la moindre ambiguïté qui s'adresse directement aux spéculateurs qui pourraient envisager de profiter de la conjoncture actuelle pour augmenter leurs revenus.
Contre les manipulateurs du marché
Les forces de sécurité ont été mobilisées pour effectuer des contrôles réguliers dans les marchés, magasins et entrepôts afin de détecter «toute activité suspecte». Les inspections seront renforcées pour assurer un approvisionnement régulier des produits nécessaires aux familles.
En Algérie, si le mois de Ramadhan se veut être une période qui permet de faire son examen de conscience et pratiquer la solidarité, il est aussi, malheureusement, souvent marqué par une flambée des prix des produits de base, notamment des denrées alimentaires (huile, semoule, légumes, dattes...), en raison de pratiques spéculatives.
Ces pratiques créent un climat d’injustice sociale fragilisant les ménages les plus modestes. Pour l’Etat, le premier challenge à gagner est la stabilisation des prix en collaboration avec les producteurs et les distributeurs.
D’autre part, pour éviter les pénuries provoquées, les autorités veillent à ce que les stocks stratégiques de produits de base soient suffisants.
Des campagnes de sensibilisation sont menées pour rappeler aux commerçants leurs obligations légales et les inciter à adopter un comportement responsable. Malgré les efforts déployés, la lutte contre la spéculation reste un défi majeur.
Les intermédiaires sont nombreux, et certains profitent de cette opacité pour manipuler les prix. L’Etat a créé depuis des années des «marchés de proximité» lors du Ramadhan pour éliminer les intermédiaires et les barrières entre les producteurs et les consommateurs garantissant des prix compétitifs.
Certains commerçants continuent toutefois de contourner la loi en utilisant des méthodes frauduleuses, comme la dissimulation des stocks.
Les économistes ont demandé maintes fois la réalisation des hypermarchés et des grandes surfaces commerciales pour réguler et mettre de l’ordre dans un marché désarticulé. Cela est à la fois un atout pour le produit national et une clé de l’économie, puisque rassemblant l’ensemble des activités qui permettent d’accéder à la consommation. Il n’existe actuellement dans toute l’Algérie que 58 supermarchés de plus de 2500 mètres carrés de surface.