Faillite de la Silicon Valley Bank, le rachat du Credit Suisse UBS, multiplication des plans de sauvetage de la Fed et du Trésor et remontée des taux d’intérêts de la BCE sont autant d’éléments qui font craindre des perturbations sur le marché mondial des matières premières alimentaires. Les prix de certains produits ont d’ailleurs déjà commencé à être impactés par la situation que traverse le système financier mondial. Un système plongé depuis une dizaine de jours dans l’instabilité.
Le risque s’annonce donc important sur le marché des matières premières qui a subi durant la même période de l’année dernière une forte pression avec la hausse des prix en raison du conflit russo-ukrainien. Mais, cette année la tendance est plutôt à la chute. Hier, c’était en effet le repli général des prix que ce soit sur le marché européen ou américain.
Ainsi, blé, maïs et colza ont poursuivi leur dégringolade sur Euronext alimenté principalement par le retrait des fonds sur ce secteur d’actifs.
Sur Euronext, la tonne de blé tendre s'échangeait sous la barre symbolique des 250 euros, un plus bas depuis l’automne 2021, «s’inscrivant maintenant sur des niveaux sous les coûts de production pour la prochaine campagne dans de nombreux cas», selon le cabinet d’analyse Agritel. Entraîné par le blé, le maïs se vendait sous les 244 euros la tonne en séance.
Le repli est également observé à Chicago. A ce niveau, les cours du blé ont cédé à nouveau du terrain, malgré un contexte incertain sur la récolte 2023 avec des pluies excessives en Inde, ou encore une récolte de blé en Ukraine entre 15 et 16 millions de tonnes seulement.
Le cours du maïs est pour sa part soutenu par la demande chinoise, qui a commandé plus de 2,2 millions de tonnes de grain jaune américain depuis le 14 mars. Globalement, le marché se focalise sur les turbulences bancaires.
«Les traders attendent de voir si les turbulences bancaires se résolvent, inquiets d’un ralentissement mondial de l’économie... qui auraient des répercussions sur tous les marchés, y compris agricoles», explique Arlan Suderman, chef économiste de la plateforme StoneX Financial repris par les agences
Cette semaine, le léger rebond des bourses et du pétrole a conduit «les fonds à repartir à la vente sur le marché des grains, ce qui accentue la baisse des cours», analysent les experts. Ils notent que la baisse s’auto-entretient, alors que le climat est actuellement globalement favorable aux cultures en Europe, malgré un manque d’eau dans le sud-est de la Roumanie et dans le sud de l’Espagne, et les récoltes de blé russe et australienne s’annoncent très importantes.
Le temps donc est à l’observation et l’attente puisque le marché ignore actuellement, selon les spécialistes, «les points d’inquiétude potentiels». Ils font toutefois remarquer «le retour de la Chine», qui achète de nouveau massivement des céréales et dont le poids pèse sur les marchés, «une situation confuse sur la récolte indienne, après une vague de chaleur suivie de grosses pluies qui ont pu abîmer les cultures», et enfin «le risque sur le corridor» alors qu'il reste d'importantes quantités de grains à sortir d'Ukraine.