Le lourd tribut payé par les Palestiniennes : 9000 femmes tuées à Ghaza

09/03/2024 mis à jour: 00:00
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Photo : D. R.

Chaque jour, les forces d’occupation israéliennes «tuent en moyenne 63 femmes à Ghaza, dont 37 mères laissant derrière elles des familles dévastées et des enfants sans protection», relève un rapport d’ONU-Femmes.

C’est un chiffre qui donne froid dans le dos et qui résonne tristement alors que nous marquons la Journée internationale des droits des femmes : selon l’Unrwa, 9000 Palestiniennes ont été tuées depuis le début de la guerre contre Ghaza. «A l’occasion de la Journée internationale des femmes, les citoyennes de Ghaza continuent de subir les conséquences de cette guerre brutale.

Au moins 9000 femmes ont été tuées et bien d’autres encore sont sous les décombres», postait hier l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens sur le réseau X.

Un chiffre confirmé par un rapport d’ONU-Femmes publié à l’occasion du 8 Mars. «Chaque jour où la guerre se poursuit au rythme actuel à Ghaza, les forces d’occupation tuent en moyenne 63 femmes, dont 37 mères laissant derrière elles des familles dévastées et des enfants sans protection», peut-on lire dans ce rapport.

Selon les autorités sanitaires à Ghaza citées par l’agence Wafa, il y a environ 60 000 femmes enceintes qui sont confrontées à des conditions apocalyptiques dans l’enclave assiégée, sans nourriture et sans soins. 15% de ces femmes sont exposées à des complications de leur grossesse et à  un accouchement difficile, d’après la même source.

La plupart d’entre elles souffrent de malnutrition et de déshydratation, ainsi que d’infections gynécologiques. Les naissances prématurées ont augmenté d’un tiers en raison des traumatismes et du syndrome du stress post-traumatique liés à la guerre. De nombreuses parturientes ont fait des fausses couches à cause de ce climat de terreur qui a marqué leur grossesse.

Les fausses couches ont même augmenté de 300%, soutiennent les autorités sanitaires de Ghaza. Et les femmes qui réussissent à accoucher n’ont pas de lait pour allaiter leur bébé. Les nouveau-nés sont souvent chétifs, pèsent en dessous de la moyenne et sont extrêmement fragiles.

Mort-nés

En parlant des bébés qui ne survivent pas à l’accouchement dans la bande de Ghaza, l’ONG ActionAid International a fait état, dans un communiqué daté du 6 mars, d’une hausse inquiétante de mort-nés et de la mortalité d’enfants en bas âge à Ghaza.

Le docteur Mohammed Salha, directeur de l’hôpital Al Awda, dans la ville de Jabaliya, au nord, cité par l’ONG, témoigne : «De nombreux cas d’enfants décédés à cause de la malnutrition ont été enregistrés dans les hôpitaux publics.

Nous sommes un hôpital spécialisé dans les services aux femmes et à l’accouchement. De nombreuses opérations ont été pratiquées, comme les césariennes pour retirer les fœtus, qui mouraient à cause de la malnutrition chez les femmes. Plus de 95% des femmes qui viennent à l’hôpital et subissent les examens médicaux nécessaires souffrent d’anémie.»

Concernant les derniers développements, le ministère palestinien de la Santé à Ghaza a déclaré hier que 78 personnes ont été tuées en 24 heures, soit entre jeudi soir et hier matin, suite à des raids dans différents secteurs du territoire martyrisé.

Le nombre total des victimes palestiniennes recensées au 154e jour des massacres sionistes s’élève à 30 878 morts et 72 402 blessés. 
Parmi les attaques contre les civils enregistrées hier, un raid aérien a fait 5 morts et 22 blessés dans la ville de Rafah.

D’après l’agence Wafa, les victimes ont péri suite à une frappe qui a ciblé deux habitations appartenant à la famille Abu Salmiya. Dans cette même ville frontalière avec l’Egypte, l’artillerie de l’occupant a pilonné un camp de déplacés à Al Mawassi, blessant 9 personnes.

Dans la ville de Ghaza, des bombardements ont touché deux maisons du quartier de Haï Al Zaytoun où les combats continuent de faire rage. Il y a aussi des raids contre une habitation du quartier de Tal Al Hawa et une autre à Al Sabra.

Ces attaques ont fait 4 morts et 15 blessés. Au centre de la bande de Ghaza, précisément à Deir Al Balah, des chars israéliens ont tiré des obus à proximité de l’hôpital Des Martyrs d’Al Aqsa, faisant 7 blessés.

Pont aérien et port temporaire

A Jabalia, des frappes aériennes contre deux maisons ont fait un mort et trois blessés. Jeudi soir, neuf civils ont été fauchés par des bombardements contre une zone résidentielle à Deir Al Balah, ciblant les domiciles des familles Al Khattab et Al Attar, dans le quartier d’Al Hakar.

Un autre habitant de l’enclave a été tué et plusieurs autres blessés, dont certains se trouvent dans un état grave, après avoir été visés par des frappes «alors qu’ils attendaient de l’aide aux ronds-points de Nabulsi et de Koweït, à l’ouest de la ville de Ghaza», informe l’agence Wafa.

Alors que les raids de l’oppresseur continuent de semer la mort à Ghaza, le président américain, Joe Biden, s’est montré, lors de son discours sur l’état de l’Union jeudi, plus favorable à un cessez-le-feu, prenant un peu plus ses distances avec Netanyahu. «Je travaille d’arrache-pied pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat d’au moins six semaines», a-t-il martelé, insistant sur le fait que l’aide au profit des civils palestiniens «ne peut être une considération secondaire ni une monnaie d’échange».

Dans le même discours, il a annoncé avoir ordonné à l’armée américaine la construction d’un port temporaire à Ghaza permettant «une augmentation massive» des denrées  entrant sur le territoire palestinien. Ce terminal sera le point de chute d’un corridor maritime depuis le port de Larnaca, à Chypre.

Il sera en mesure d’accueillir des navires transportant «de la nourriture, de l’eau, des médicaments et des abris temporaires», ont indiqué de hauts responsables américains à des journalistes, sous le sceau de l’anonymat, rapporte l’AFP. «L’élément principal sera une jetée temporaire», explique l’un d’eux, en assurant que ce nouveau quai recevra «l’équivalent de centaines de camions d’aide supplémentaire chaque jour».

«Nous n’attendons pas les Israéliens. C’est le moment pour l’Amérique de prendre les devants», a proclamé un des responsables, en prenant tout de même le soin de préciser qu’ils «ont été informés», arguant du fait que «les Etats-Unis doivent travailler avec eux sur les questions de sécurité».

Le porte-parole de l’ONU Stéphane Dujarric s’est félicité de cette annonce tout en mettant l’accent sur l’effort que doit encore fournir la communauté internationale pour acheminer plus d’aide «par voie terrestre». Un effort d’autant plus indispensable que l’aménagement de ce port temporaire prendra «un certain nombre de semaines à planifier et exécuter», selon les responsables US.

De son côté, la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, a fait savoir hier depuis Chypre : «Nous sommes très proches de l’ouverture de ce corridor (maritime), avec un peu de chance, ce dimanche».

Une première opération pilote devait même être lancée hier. «La situation humanitaire à Ghaza est désastreuse (...). C’est pourquoi la Commission européenne, l’Allemagne, la Grèce, l’Italie, les Pays-Bas, Chypre, les Emirats arabes unis, le Royaume-Uni et les Etats-Unis annoncent aujourd’hui (hier, ndlr) leur intention d’ouvrir un corridor maritime pour acheminer l’aide humanitaire supplémentaire qui fait cruellement défaut», ont affirmé dans une déclaration commune relayée par l’AFP les représentants des pays participant à cette opération.

En attendant la mise en marche de ce couloir maritime, les largages aériens de colis alimentaires s’intensifient, dessinant un véritable pont aérien alors que le blocus meurtrier sur Ghaza est toujours aussi asphyxiant. Jeudi, des avions-cargos américains ont de nouveau largué des colis alimentaires.

«Des avions C-130 américains ont largué plus de 38 000 repas au nord de la bande de Ghaza», a en effet annoncé avant-hier sur la plateforme X le U. S. Central Command, le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom). Ce nouveau largage a été effectué comme les précédents, conjointement avec la Jordanie.

C’est la troisième opération du genre en une semaine. Outre les Etats-Unis et la Jordanie, la France, les Pays-Bas, la Belgique et l’Egypte ont également largué des produits alimentaires sur la bande de Ghaza. Mais cela ne suffit pas, tant les besoins sont incommensurables. «Nous avons besoin de quantités énormes d’aides (...).

Les largages aériens ne sont pas une option pour éviter la famine», a prévenu le directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), Carl Skau. Outre le fait qu’ils sont insuffisants, ces largages humanitaires, bien qu’armés des meilleures intentions, font des dégâts et même tuent, se transformant ainsi en de drôle d’«obus humanitaires».

Pas de trêve avant le Ramadhan ?

C’est l’autre raison pour laquelle ces parachutes caritatifs sont d’une efficacité limitée et disent en creux l’urgence de desserrer l’étau sur Ghaza, de libérer les flux d’aide humanitaire et de renforcer la flotte terrestre qui doit irriguer l’enclave affamée.

Des images d’Al Jazeera diffusées hier montraient des colis en chute libre après une panne de parachute qui fonçaient tels des obus sur des zones résidentielles. Selon la chaîne qatarie, des morts et des blessés ont été enregistrés après que ces personnes aient été percutées par ces gros colis, qui s’abattaient sur des zones denses à Cheikh Radwan, au nord de la ville de Ghaza.

Al Jazeera rapporte en outre que 5 Palestiniens ont trouvé la mort près de Abradj Fayrouz, à l’ouest de Ghaza, après avoir été heurtés par ces énormes ballots. Sur le plan diplomatique, les espoirs d’une trêve arrachée avant le Ramadhan ont été une nouvelle fois douchés à l’issue du dernier round des pourparlers qui se tiennent au Caire.

Les discussions avec les émissaires du Hamas ont été suspendues jusqu’à la semaine prochaine, rapporte l’AFP qui cite la chaîne Al Qahera News. Cependant, l’ambassadeur des Etats-Unis en Israël, Jack Lew, a affirmé que malgré leur âpreté, les négociations «ne sont pas rompues», ajoutant avec un brin d’optimisme que «les divergences s’estompent».

Le Hamas continue de réclamer un cessez-le-feu définitif et un retrait des troupes israéliennes de la bande de Ghaza. La délégation palestinienne s’est retirée afin de consulter la direction du mouvement à Doha. «Nous attendons toujours la réponse officielle finale de l’ennemi», a déclaré un haut cadre du Hamas, précisant que «les réponses initiales ne répondent pas aux exigences minimales» formulées par la résistance palestinienne.

Un autre haut responsable du parti d’Ismaïl Hanniyeh a assuré que le Hamas ne se retirait pas pour autant des négociations. «Les médiateurs ont informé le Hamas que les efforts allaient se poursuivre en vue de parvenir à un accord», a-t-il dit.

Mahmoud Mardaoui, un autre membre dirigeant du mouvement, a laissé entendre pour sa part que «la décision est entre les mains de Washington» et que l’administration américaine doit décider si elle «veut vraiment mettre la pression sur Netanyahu et son gouvernement pour parvenir à un accord». «Si Israël est sérieux et ne tergiverse pas, a-t-il affirmé, il est possible de parvenir à un accord de cessez-le-feu avant le début du Ramadan.»
 

 

 

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