Le long métrage danois Miss Vibor de Marianne Blicher a été projeté, mardi 27 février, à la Cinémathèque d’Alger, à l’occasion des 8es Journées du film européen qui seront clôturées ce jeudi (Ndlr, aujourd’hui).
Solvej (Ragnhild Kaasgaard), 61 ans, vit à Viborg, une ville du Danemark qui avait connu le passage des Vikings, au 8e siècle.
Vivant seule avec un chien, elle se déplace avec un cyclomoteur pour revendre des psychotropes dans les rues. C’est son seul moyen de subsistance, n’étant soutenue par personne. Solvej reste branchée sur la radio des routiers et écoute leurs discussions sur les villes qu’ils visitent, comme Bruxelles et Malaga, et sur les restaurants et cafés qu’ils fréquentent.
Sa jeune voisine Kate (Isabella Møller Hansen) est en conflit presque permanent avec sa mère, serveuse dans un restaurant. Elle la menace d’expulsion de la maison si elle ne trouve pas de travail. Kate se lie d’amitié avec Solvej, après avoir tenté de la cambrioler. Les deux femmes, de générations différentes, se découvrent mutuellement au fil des discussions et des disputes. Solvej rêve d’un voyage en Espagne et fait des économies pour cela et Kate cherche son père qui serait établi à Hanovre, en Allemagne.
Comprenant la solitude de Solvej, Kate organise une rencontre de vieille dame avec Preben Elkjær (Kristian Halken), un camionneur, qui débarque à la maison, fleurs en main. La rencontre se passe mal mais au fil des événements, les choses s’arrangent. Aidé par Preben, Solvej sort enfin de Viborg à la recherche de Kate, partie avec ses économies. Solvej aura-t-elle toujours besoin de cet argent amassé au fil des ans ? Ira-t-elle au bout de ses rêves ? Kate aura-t-elle des remords ?
L’humain face à ses craintes
Miss Vibor, premier long métrage de Marianne Blicher, dépeint des drames contemporains qui passent presque comme des situations ordinaires dans un monde où la concentration sur «les progrès technologiques», «la voiture électrique» ou «l’intelligence artificielle» font oublier l’essentiel, l’humain face à ses tourments et ses craintes. Le film, qui plonge dans l’intimité des personnages, évoque la solitude et ses douleurs muettes. Kate, Solvej et Preben sont tous des solitaires, autant que la mère de Kate.
Une situation qui évidemment ne les rend pas heureux, d’où ces retrouvailles colorées entre Kate et Solvej, malgré la différence d’âge. Solvej, qui fut une beauté dans son jeune âge, est restée piégée dans son passé, conditionnée par un amour lointain et une perte cruelle. Et, Kate est perturbée par l’absence du père. Cela dit, le film n’évite pas un certain cliché par rapport aux jeunes, présentés comme des drogués, paresseux et roublards à travers le personnage de Kate.
Une fille qui n’hésite pas à mordre une main généreuse. Au plan large, Miss Vibor braque la lumière crue sur un mal être européen quelque peu silencieux. Ni les vieux ni les jeunes n’arrivent à trouver leurs repères. Chacun est dans sa case, écrasé par sa tristesse. Viborg paraît être une ville morne. D’où l’espoir de Solvej de se chauffer au soleil d’Espagne. «La misère serait moins pénible au soleil», chantait Charles Aznavour.
Aznavour aurait pu peut-être remplacer «misère» par «vie»... Sauf que le soleil ne peut pas tout compenser, comme l’absence de la chaleur familiale et, par extension, de la chaleur humaine.