Le long conflit met la Syrie à genoux : Une économie exsangue et des perspectives incertaines

10/12/2024 mis à jour: 09:36
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La monnaie locale, la livre syrienne, a perdu, en juin dernier, 69% de sa valeur sur le marché parallèle - Photo : D. R.

Le coût de la vie a fortement augmenté depuis la guerre civile, plaçant 67% de la population sous le seuil de pauvreté. Les intensifications des attaques militaires dans le nord-est de la Syrie durant l’année en cours ont gravement ciblé de nombreuses infrastructures critiques.

L’économie syrienne n’a pas cessé de se détériorer depuis le début de la guerre civile en 2011, et les perspectives n’augurent pas d’une reprise proche. Le conflit armé prolongé a mis à terre la Syrie qui a eu du mal à sortir de la zone de turbulences.

Avec une population estimée à un peu plus de 23 millions d’individus, un  PIB réel de 1,5% en 2024 et de 1% en 2025, l’extrême pauvreté devrait s’aggraver et passer de 28,8% en 2023, à 33,1% en 2024 et 37,4% en 2025, indique un rapport de la Banque mondiale.

Classé comme l’un des conflits les plus longs de l’histoire récente, l’impact économique du conflit syrien a contracté le produit intérieur brut de 53% entre 2010 et 2022. «Les données de l’éclairage nocturne  suggèrent un impact beaucoup plus important sur la situation économique avec une contraction de 84% de l’activité économique entre 2010 et 2023, provoquant l’une des plus grande, vague, de déplacement de population depuis la Seconde Guerre mondiale (7,2 millions de personnes déplacées à la fin 2023 dont 6,5 millions réfugiés à l’étranger)», indique le même rapport en notant que le conflit a affaibli la capacité de la Syrie à absorber les chocs économiques externes, de la pandémie, à la flambée des prix mondiaux des matières premières,  les tremblement de terre en Turquie et en Syrie, etc. 

Le coût de la vie a fortement augmenté depuis la guerre civile, plaçant 67% de la population sous le seuil de pauvreté. Les intensifications des attaques militaires dans le nord-est de la Syrie durant l’année en cours ont gravement ciblé de nombreuses infrastructures critiques.

La production de blé et d’olives, deux des produits agricoles les plus importants en Syrie, a diminué qu’un quart en 2024 sous l’effet de la sécheresse et des vagues de chaleur. La monnaie locale, la livre syrienne, a perdu, en juin dernier, 69% de sa valeur sur le marché parallèle, alors que les prix des denrées alimentaires, selon l’indice du Programme alimentaire mondial (PAM), était de 82% supérieur à son niveau de l’année précédente, tandis que l’accès à l’aide humanitaire devenait de plus en plus difficile.

Seuls 767 millions de dollars de fonds d’aide ont été reçus par la Syrie au cours des huit premiers mois de l’année 2024, soit en baisse de 66% par rapport à l’année 2023.  Le plan d’intervention humanitaire n’a été financé qu’à hauteur de 26% des 4 milliards de dollars requis.

La Banque mondiale s’attend à un prolongement de la contraction de l’économie syrienne en 2025, alors que l’aggravation des tensions régionales fait peser des risques considérables sur l’économie du pays.  Selon le même rapport, la résurgence de l’Etat islamique pourrait gravement nuire à l’économie.

Agriculture, une source de revenu

Un conflit régional plus large pourrait également faire grimper  les prix des produits de base pour une Syrie importatrice nette des denrées alimentaires et de carburant. Avant la guerre, l’agriculture était une source de revenu importante pour le pays en représentant 30% du PNB et 19% du PIB en 2009.

Plus de 50% des surfaces agricoles étaient occupées par la culture des céréales, des arbres fruitiers et le coton. L’industrie, quant à elle, en grande partie propriété de l’Etat,  détenait 10% du PNB et 34% du PIB, avec une part importante pour l’agroalimentaire, la construction et le BTP, le raffinage du pétrole, la métallurgie, l’industrie automobile et l’industrie des produits électroménagers.

Le textile et le cuir occupaient également une grande part de l’économie syrienne. De pays exportateur de pétrole, la Syrie est passé à importateur net de carburant après avoir subi l’embargo européen en 2011.

La Syrie comptait des réserves de pétrole de l’ordre de 2,5 milliards de barils en 2011, alors que sa production de gaz naturel était de 7,8 millions de mètres cubes pour un volume de réserves de l’ordre de  300 millions de mètres cubes. La Syrie était également un pays de transit pour les produits pétroliers en provenance d’Irak et d’Arabie Saoudite.   
 

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